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La presse écrite algérienne en Île de France: lectures et identité

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par Ahmed HANIFI
UNiversité Paris VIII - DEA de Sociologie 1996
  

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3 2.2 LES TRAVAUX SUR L'IMMIGRATION ET LA PRESSE.

L'immigration a fait l'objet de nombreuses études ainsi que nous l'indiquions en introduction.

Notre recherche ne peut se mener sans au préalable porter un regard sur des travaux ayant porté sur le rapport qu'entretient une communauté vivant hors de son pays (de sa région) avec la presse de son pays (de sa région) et/ou plus généralement sur des travaux traitant du rapport qu'entretient le lecteur de la presse écrite avec celle-ci. Du rôle et de la place de la circulation de l'information écrite sur une communauté constituée ailleurs qu'en son pays (ou région) d'origine.

L'essentiel des écrits consultés porte sur les fonctions de la presse. La presse est traitée d'un point de vue historique. Ainsi dès les premières pages de son ouvrage M. VARIN-D'AINVILLE1 précise l'objet de sa recherche en ces termes : " Il ne faut donc pas chercher dans notre travail un historique de la presse, mais uniquement une analyse des fonctions psychosociales qu'elle a successivement remplies (...) ".

De même C.A TUFFAL écrit2 dans le même sens "on devrait voir se préciser les fonctions de la presse (...) cette étude des fonctions menée avec précaution selon des normes fonctionnalistes est nécessaire "

D'autres travaux traitent du rapport qu'entretient la presse avec ses lecteurs en termes de régularités dans la lecture.3

Il nous paraît intéressant de noter trois ouvrages qui ont développé de manière tout à fait différente cet objet. Ces travaux traitent de la place que tient la presse au sein de l'immigration. Il s'agit pour le premier de N. ANDERSEN4 qui réserve plusieurs pages au hobo, cet ouvrier migrant non sédentaire et à sa place dans la presse, " dans la presse réfractaire " :

1-M.VARIN-D'AINVELLE. La presse en France : génèse et évolution de ses fonctions psycho-sociales. Paris : PUF, 1965, p7

2-TUFFAL (C.A). Etude de la presse quotidienne parisienne : le rapport entre informateurs et informés. Th. Sciences Politiques : Toulouse : 1966, p159.

3-AKKA (A).Etude de la lecture de la presse quotidienne dans une ville moyenne d'Algérie.Th.Sciences de l'Information : Paris 2.

4-N.ANDERSEN. Le Hobo : Sociologie des sans-abri. Paris : Nathan, 1993, chapitre XIII, « la vie intellectuelle du hobo », p197.

 "Sans eux des feuilles radicales telles que les publications I.W.W et le Hobo-News n'attireraient pas les sans-abri (...). Le `Industrial-Solidarity' est un journal typique de l'organisation I.W.W. Mieux que toutes ses autres publications, il parvient à refléter les opinions et l'esprit du hobo moyen (...)."

Le second livre est de A SAYAD qui traite de la circulation de l'information au sein de la communauté algérienne en France5. Il écrit :

" Tout groupe dispose à chaque moment, pour pouvoir communiquer avec ses membres absents (ou ses émigrés), d'un ensemble d'instruments qui forment système : messages oraux (et parfois écrits) ".

A.SAYAD développe son argumentaire autour des lettres adressées (ou reçues) par les immigrés mais aussi du message oral. " La forme la plus simple, la plus directe, la plus spontanée parce que la plus facilement accessible ".

Il n'intègre pas la presse dans ses observations. Celle-ci ne véhiculant que très partiellement des messages directs. (annonces diverses nominatives). Il écrit par contre dans un autre ouvrage2 :

" La communauté algérienne n'a pas de presse propre à diffusion nationale en dehors de la semaine de l'immigration diffusée par l'Amicale des Algériens en Europe (A.A.E). Mais elle est largement présente par diverses " agences de presses " et publications, dont le mensuel Sans Frontières, Nous autres (plus Jeunes français-musulmans), Cosmopolis. Ces publications ont aujourd'hui disparu.

La troisième publication est celle de M. TRIBALAT3 dont un chapitre est consacré aux "pratiques linguistiques et (à la) consommation médiatique". Comment dans leur manière de vivre en France les immigrés trouvent des substituts à leurs rapports directs avec le pays d'origine. L'auteur écrit : "Les journaux du pays d'origine occupent une fonction importante pour les immigrés en maintenant le lien avec la société qu'on a quittée".

1-A.SAYAD. L'immigration ou les paradoxes de l'altérité. Chapitre 6 " du message oral au message sur cassette. La communication avec l'absent ". Bruxelles : De Boeck Université / Editions Universitaires, 1991, p147

2-A.GILLETTE, A.SAYAD. L'immigration algérienne en France. Paris : Entente, 1984, p22.

3-M. TRIBALAT (avec la participation de P. SIMON et B. RIANDEY). De l'immigration à l'assimilation : enquête sur les populations d'origines étrangères en France. Paris : La Découverte / INED, 1996, p188 - 213.

Pourquoi les algériens en France lisent la presse algérienne ? Quelles raisons les y poussent ? Quels besoins éprouvent-ils à sa lecture ?

Questions centrales autours desquelles se greffent d'autres :

-Quelle place tient la presse écrite algérienne dans le maintien des liens entre les algériens en France et l'Algérie et/ou les algériens demeurés au pays ?

-Comment est exprimé, comment apparaît par l'acte même de lire et à travers la lecture de la presse le sentiment d'appartenance au pays d'origine ?

Ou comment il n'apparaît pas ? C'est à dire comment un type particulier de lecture, une lecture artificielle tout à fait aléatoire, dévoile une "certaine distance" prise par rapport au pays d'origine.

La problématique élaborée initialement n'a pas été retenue (secteurs et lieux de pénétration...). Elle a été recentrée particulièrement lorsque nous avons pris connaissance des chiffres concernant la diffusion même de cette presse en France ; en réalité bien en deçà de ce que nous prévoyions.

La population visée par mon étude s'entend comme :

-Les algériens installés en France qui y vivent et possèdent un titre de séjour. Y compris leurs enfants. Cette précision est nécessaire car la notion -non retenue- de "immigré" est liée à un déplacement géographique : " venir se fixer dans un pays étranger au sien" ou

"arrivée dans un pays, d'étrangers venus s'y installer et travailler" même si écrit A.SAYAD : " on ne sait plus s'il s'agit d'un état provisoire mais qu'on se plaît à prolonger indéfiniment ou au contraire, s'il s'agit d'un état plus durable mais qu'on se plaît à vivre avec un intense sentiment du provisoire."1. Or les enfants d'immigrés n'ont pas forcément « fait ce voyage ». Ces enfants font partie de la population-cible de cette étude2.

- De même, ceux qui possèdent la double nationalité : française et algérienne.

1- A.SAYAD.Ibid.p51

2- Lire la note 2 en page 11

- Une partie de cette population d'algériens vivant en France, peu nombreuse et qui réfute le qualificatif " immigré". Les algériens entrant dans cette catégorie ne se considèrent pas comme immigrés, notion qui sous-tend l'idée de "s'installer" comme précisé plus haut. Ce sont des algériens qui, pour des raisons objectives (crise politique et climat de guerre civile depuis les premiers mois de l'année 1992) sont venus "pour quelques temps" se replier en France. Ils ne sont pas binationaux (franco-algériens) Ils n'entrent pas non plus dans la catégorie "touriste". Tous ne sont pas comptabilisés dans les chiffres de l'INSEE que nous avons donné plus haut.

La presse algérienne s'entend comme la presse écrite, traitant prioritairement d'informations relatives à l'Algérie et diffusée en Ile-de-France, qu'elle soit éditée en Algérie ou non ; d'expression française ou non, quel que soit sont statut : presse du secteur public ou privé (partisane ou non).

Les uns et les autres utilisent la presse écrite comme un référent identitaire. Un référent traduisant leurs liens au pays. Ou, pour les "nouvelles générations" un référent traduisant leur volonté de ne pas rompre avec le pays de leurs parents. Nous entendons par référent identitaire un élément parmi d'autres par lequel l'individu s'identifie.

Notre postulat est que les motifs qui incitent les algériens en France à lire la presse algérienne réfèrent pur certains essentiellement à une réaction. Réaction par rapport à un environnement qui de leur point de vue les perçoit négativement. Cet environnement s'entend comme l'administration locale, l'information, le voisinage, les lieux de vie. C'est une lecture-réaction, lecture-refuge.

Pour d'autres la lecture de la presse s'inscrit plus dans une perspective de maintient sinon d'affirmation de leur appartenance.

L'identification est une nécessité pour tout individu.

Dans la section suivante nous développons ce concept d'identité.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand