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Education pour tous et qualité: Accès des femmes nigériennes à l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida

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par Laouali TANKO
Université Cheikh Anta Diop de Dakar/ Chaire Unesco en Sciences de l'éducation (CUSE) de la Faculté des Sciences et Technologies - DEA en Sciences de l'éducation 2009
  

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CHAPITRE 5

Analyse et traitement des résultats

Le but de notre recherche est de mieux comprendre les raisons pour lesquelles certaines filles et femmes n'ont pas accès à l'éducation en général et particulièrement l'éducation en matière de VIH/SIDA. Nous cherchons à savoir si ce phénomène de la participation ou de la non participation des filles et des femmes à l'éducation en matière de VIH/SIDA en particulier est lié à l'appartenance socio-économique et culturelle des microcosmes familiaux.

Nous avons postulé des hypothèses et procédé à des observations pour vérifier si les informations collectées confirment ou infirment les hypothèses avancées.

Pour ce faire, nous allons d'abord décrire les données qui seront présentées sous forme de distribution de fréquence ou de graphique ; ensuite analyser les relations entre les variables supposées liées ; comparer les résultats observés avec les résultats attendus et enfin tenter d'interpréter les différences.

Ce chapitre rapporte les résultats d'interviews individuelles réalisées auprès de quatre (4) leaders d'opinion dans la ville de Dakar. Il s'agit d'un médecin, d'un responsable de projet de lutte contre le sida, d'une formatrice et d'un leader religieux musulman.

Le protocole d'interview dresse une liste de 18 questions regroupées sous six (6) thèmes principaux :Importance du rôle de l'éducation/Perception de l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida/Avantage de l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida/Accessibilité à la formation en matière de santé et de lutte contre le sida/Participation à l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida et enfin les causes de la non participation à l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida.

Les quatre leaders d'opinion (médecin, responsable de projet/programme de lutte contre le sida, formateur en VIH et développement et leader religieux musulman) ont répondu aux interviews qui ont été enregistrées sur bandes magnétiques. Une fois les interviews terminées, les enregistrements ont été retranscrits et soumis à une analyse qualitative visant à identifier, différencier, et comparer les éléments fournis par les répondants. Un schéma du dépouillement du corpus obtenu a été préparé. Après avoir fait une «lecture d'imprégnation» de ces interviews afin de nous familiariser avec leur contenu, nous avons divisé leur contenu en six grandes parties correspondant aux grands thèmes de réflexion annoncés précédemment. Tout d'abord la description des caractéristiques individuelles les plus marquantes des répondants, qui font apparaître les variables susceptibles d'expliquer la participation des filles et des femmes à l'éducation en matière de VIH/SIDA, et l'analyse qualitative des items révélateurs.

5.1. Présentation des caractéristiques des interviewés

5.1.1.Distribution de la variable âge

Tableau n°9 Variable V1 âge

Age

Hommes
Femmes
Effectifs
Pourcentage

37 ans

38 ans

42 ans

45 ans

0

1

1

1

1

0

0

0

1

1

1

1

25%

25%

25%

25%

 
 
 

N=4

 

La distribution de la variable âge va de 37 ans à 45 ans. Elle nous permet d'avoir confiance en leurs propos puisqu'ils ont atteint tous l'âge de la raison. Ces leaders sont des responsables. Ils ont effectué un cursus universitaire jusqu'en maîtrise au moins. Ils travaillent et ont atteint un certain nombre d'années d'expérience.

Tableau n°10 Variable V3 statut matrimonial

Statut matrimonial

Hommes

Femmes

Effectifs

Pourcentage

Mariés

Célibataires

2

1

0

1

2

2

50%

50%

 
 
 

N=4

 

En ce qui concerne le statut matrimonial, comme le montre le tableau n°10 ci-dessus, il y a autant de mariés que de célibataires parmi les interviewés. En tant qu'adultes, leurs propos pourraient nous édifier sur une signification particulière de la perception des adultes mariés ou célibataires de l'éducation des filles et des femmes en matière de VIH/SIDA.

Tableau n°11 Variable V4 niveau d'instruction

Niveau d'instruction

Hommes

Femmes

Effectifs

Pourcentage

Supérieur

3

1

4

100%

 
 
 

N=4

 

Tous les répondants sont des diplômés de l'enseignement supérieur. Ils ont au minimum le baccalauréat plus cinq ans d'études. De ce fait, en leur qualité de diplômés supérieurs, leurs propos seraient pertinents et objectifs concernant l'éducation des femmes en matière de santé et de lutte contre le sida. Ils pourraient dire des choses intéressantes à propos de l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida des filles et des femmes. Cette variable nous permet de vérifier si plus le niveau d'éducation est élevé chez les leaders d'opinion, plus, ils comprennent, dépassent certaines considérations et adhèrent à la participation des filles et des femmes à l'éducation en matière de VIH/SIDA. Ils auront peut-être une perception positive de l'éducation en général et de l'éducation en matière de VIH/SIDA en particulier.

Tableau n°12 Variable V5 Profession

Profession

Hommes

Femmes

Effectifs

Pourcentage

Médecin

1

0

1

25%

Formateur en IEC/VIH/SIDA

0

1

1

25%

Responsable de projet de lutte contre le VIH/SIDA

1

0

1

25%

Leader religieux

1

0

1

25%

 
 
 

N=4

 

Pour la variable profession, tous les répondants sont des professionnels dans leur domaine respectif. Cela pourrait influer sur la nature des réponses aux questions sur l'importance de l'éducation en matière de VIH/SIDA chez une fille ou femme. Ils ont tous des responsabilités au niveau de leurs structures.

Tableau n°13 Variable V8 Religion

Religion

Hommes

Femmes

Effectifs

Pourcentage

Musulmane

Chrétienne

3

0

0

1

3

1

75%

25%

 
 
 

N=4

 

La majorité des interviewés sont des musulmans 75% sauf la femme qui est de confession chrétienne. La variable religion sert de contrôle parce qu'elle peut influer sur la perception de l'éducation des filles et des femmes en général et en particulier en matière de VIH/SIDA. Dans nos sociétés traditionnelles, on ne peut séparer la religion de la tradition. Certains fanatiques religieux voient en l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida, comme une dépravation des moeurs alors qu'elle contribue à la protection du VIH/SIDA.

5.2. Analyse des données concernant l'importance du rôle et des buts de l'éducation des filles et des femmes

Sous cette thématique, trois (3) questions ont été regroupées. Il s'agit de :

· Quel rôle joue l'éducation des filles et des femmes ?

· Est-il nécessaire d'éduquer une fille ou femme ? Pourquoi ?

· L'éducation peut-elle changer la vie d'une femme ? Comment ?

Les leaders d'opinion interrogés valorisent tous l'éducation d'une fille ou femme. Leurs propos ont été regroupés sous les thèmes éducation et analphabétisme, éducation et rôle de la femme et avantages de l'éducation.

-Education et analphabétisme

Les leaders interviewés accordent une importance capitale à l'éducation. Ils admettent que l'éducation permet l'épanouissement de la famille à travers la femme. Selon eux, toute femme éduquée est différente d'une analphabète parce qu'elle prend en main son destin. L'éducation change radicalement la vie d'une femme parce que la femme éduquée contribue au développement de la famille et au delà, toute la société. D'ailleurs, le leader religieux musulman affirme :

«quand une femme est éduquée, c'est une chance donnée aux enfants, le Prophète (psl) a dit que la femme est la première école qu'il faut protéger» ; «une femme sans éducation est comme un chauffeur qui n'a pas étudié le code de la route» ; «une femme éduquée est très utile dans la société ; elle peut aider les autres membres de la famille à respecter certaines règles d'hygiène et de santé ; bien soigner les enfants malades en se référant à l'ordonnance du médecin ; et toute femme non éduquée ne peut connaître ses droits et devoirs envers les autres».

-Education et rôle de la femme

Dans la société, une femme éduquée est considérée comme un exemple à suivre. D'une part, l'éducation rend la femme responsable vis-à-vis de la communauté, et d'autre part, l'éducation a un impact sur la femme en tant que personne. La femme éduquée force l'admiration et le respect parce qu'elle a une mentalité et un comportement dignes d'une société civilisée. Les leaders ont parlé de la femme éduquée qui est synonyme d'une bonne mère, épouse et éducatrice qui partage et participe à l'épanouissement des enfants. Ils font référence à la femme éduquée comme une personne phare, pilier de la famille, elle est donc appelée à exercer des tâches nobles et à représenter la société. La seule femme parmi ces leaders interviewés a exprimé son amertume de ne pas voir plus de femmes éduquées que d'hommes dans la société : «les femmes sont «un tout» pour la société et plus responsables que certains hommes, surtout si elles sont éduquées, c'est aussi un véritable décollage économique».

-Avantages de l'éducation

Les leaders interviewés voient beaucoup d'acquis positifs dans l'éducation des femmes. La femme éduquée jouit d'un prestige et d'un statut dans la communauté qui lui permettent d'être bien vue. Elle est respectée de tous et considérée comme responsable. En somme, il faut remarquer que l'éducation est perçue par les leaders comme essentielle à l'épanouissement personnel et au développement de la société. Les leaders estiment que l'éducation est un bien personnel et aussi un investissement collectif préalable au développement social de la communauté. En effet, les interviewés voient l'éducation des filles et des femmes comme incontournable dans toute société. Si la femme n'est pas éduquée, c'est toute la société qui en pâtit. Le manque d'éducation entraîne la recherche d'une alternative éducative qui a un impact sur la vie des apprenants. D'où la section qui suit.

5.3. Analyse des données à propos de la perception de l'éducation des femmes en matière de VIH/SIDA

Comme dans la précédente partie, les réponses complémentaires aux questions nous ont permis de rédiger cette partie qui suit. Les questions posées étaient :.

· L'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida peut-elle avoir un impact sur le rôle que la femme joue dans la société ? Comment ?

· Que pense votre entourage de l'éducation des femmes en matière de santé et de lutte contre le sida ? Pourquoi ?

· La religion est-elle pour ou contre l'éducation des femmes en matière de santé et de lutte contre le sida ? Pourquoi ?

Pour les leaders interrogés, l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida prodiguée aux femmes joue différents rôles. Ces rôles sont : la protection, l'hygiène de la vie, la fidélité, le savoir-être, etc. Les leaders interviewés perçoivent tous le rôle opportun que joue l'éducation en matière de sida chez la femme parce que cette dernière est plus exposée et plus vulnérable que son conjoint pour des raisons socioculturelles (poids de la tradition) et économiques (pauvreté). La vie dans nos sociétés d'aujourd'hui est devenue plus sûre depuis l'avènement de l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida qui permet aux femmes de se protéger et protéger les autres. Le responsable de projet/programme de lutte contre le sida souligne : «le sida ne connaît ni le riche, ni le pauvre, ni l'intellectuel, ni l'ignorant, il frappe tout le monde sans distinction de race, ni de religion si vous ne prenez aucune précaution, et seule l'éducation des femmes dans ce sens vous préserve du mal». Cette vision ne fait pas l'unanimité des autres leaders interrogés. La femme formatrice fait remarquer que «dans nos sociétés africaines, les femmes subissent le sexe au lieu de le vivre, elles n'ont aucun pouvoir de décision sur la gestion de leur sexualité». Cependant, les leaders reconnaissent tous que la religion ne fait pas d'obstacles à l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida. Mais le leader religieux musulman déclare qu' «elle exerce un contrôle sur les femmes pour une question de bonnes moeurs. C'est pourquoi d'ailleurs certains religieux dans leurs prêches encouragent les mariages précoces dans le but de préserver la fille de rapports sexuels hors mariage tout en lui enseignant la fidélité dès le bas âge en lui interdisant l'adultère». La femme formatrice qui est de confession chrétienne souligne de son côté que la religion accorde à la femme la même importance qu'à l'homme : «la femme est l'associée de l'homme dans la construction de la vie. Les femmes constituent les parents les plus stables dans la vie de beaucoup d'enfants».

D'une manière générale, les leaders reconnaissent que l'environnement social change avec l'existence des programmes d'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida. Aussi, les conditions de vie des femmes qui ont bénéficié de ces programmes d'éducation sont différentes de celles qui n'en ont pas bénéficié. Tous reconnaissent que dans les circonstances actuelles, l'entourage des filles et femmes est favorable à l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida. Le responsable du projet d'éducation de lutte contre le sida souligne que «les filles et les femmes suivent la formation par mimétisme ou sur conseils des pairs. C'est ainsi que nous recevons beaucoup de clientes qui ont connaissance du but de la formation par le biais des parents, amis et connaissances». Quant à la femme formatrice, elle dit que les femmes qui ont bénéficié de l'éducation en matière de VIH/SIDA sont «des phares de la société et sont enviées des autres qui n'en ont pas bénéficié. Ces femmes éduquées en matière de VIH/SIDA ont la charge d'enseigner et de fournir un modèle de responsabilité sur le plan sécuritaire en vue de la prévention du sida parmi les adolescents, population plus vulnérable de toutes».

Nous avons demandé aux interviewés de nous décrire les avantages de l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida. Nous présentons leurs opinions dans la partie suivante.

5.4. Analyse des données concernant les avantages de l'éducation en matière de VIH/SIDA chez les bénéficiaires

Les leaders pensent que l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida présente de nombreux avantages. Elle permet aux bénéficiaires de se préserver du risque de contamination, de connaître les différents modes de transmission de la maladie tout en évaluant les risques personnels. Elle permet aux femmes d'adopter des comportements responsables et d'appliquer les acquisitions de la formation dans la vie courante. Selon le médecin, «la femme est le vecteur potentiel sur lequel il faut agir. Il faut l'encadrer pour l'amener à adopter des comportements responsables face au libertinage sexuel auquel se livrent certains hommes». En somme, l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida change la vie des femmes dans leurs pratiques quotidiennes. Elles se libèrent et prennent leurs responsabilités en évitant des pratiques nuisibles qui hypothèquent leur santé et leur vie et celle des autres (partenaires, enfants). Cependant, il existe des liens étroits entre la précarité du statut des femmes dans la santé, leur prédisposition au risque d'infection, la pauvreté, l'analphabétisme et leur absence de pouvoir dans la société. Si on ne règle pas toutes ces questions, les solutions médicales à elles seules ne peuvent avoir que peu d'effet.

Quelles sont celles qui accèdent à cette éducation ? c'est de cette question que nous traiterons dans la partie qui suit.

5.5. Analyse des données relatives à l'accessibilité de la formation en matière de VIH/SIDA

Dans cette partie, les quatre questions ont été groupées ainsi qu'il suit :

· La formation en matière de VIH/SIDA est-elle accessible à tous ? Pourquoi ?

· Selon vous, qui bénéficie le plus de cette formation ? Pourquoi ?

· Selon vous, qu'est-ce qui pousse les femmes à suivre la formation en VIH/SIDA ?

· Dites-nous comment amener les femmes à s'intéresser à la formation en VIH/SIDA ?

Les leaders rencontrés n'hésitent pas à affirmer que la formation en matière de santé et de lutte contre le sida n'est pas accessible à toutes les femmes, encore moins à tout le monde. Cela, compte tenu non seulement de l'emplacement des lieux de formation qui sont généralement situés en ville, mais aussi du manque de temps des femmes à cause de leurs activités ménagères.

Quand nous avons posé la question qui bénéficie le plus de cette formation ? et pourquoi ? Les leaders ont répondu que seules les citadines parmi lesquelles certaines catégories socioprofessionnelles y ont accès. Ce sont les prostituées, les coiffeuses, les serveuses des bars, les marchandes ambulantes etc. Les militaires, les policiers et les douaniers sont également mentionnés. Tous ces leaders reconnaissent le danger auquel ces catégories socioprofessionnelles sont exposées à cause de leur métier ou de leur précarité socio-économique. Parmi les leaders, le médecin déplore la difficulté de communication avec certains religieux musulmans extrémistes qui pensent que l'éducation en matière de VIH/SIDA est une passerelle vers une dépravation des moeurs. Cependant, tous sont d'accord également qu'un travail de sensibilisation et d'information reste à faire et suggèrent qu'il faut associer l'éducation en matière de VIH/SIDA à des activités socio-économiques comme l'apprentissage d'un métier et à des activités culturelles telle l'alphabétisation pour mieux attirer les femmes et les maintenir dans le programme jusqu'au bout de la formation.

En résumé, l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida, n'est accessible qu'à une partie de la population parce que le savoir-faire acquis connaît des entraves liées aux facteurs socioculturels. L'opinion du leader religieux laisserait-elle supposer que les populations fortement islamisées rejettent ce genre d'éducation qui enfreint les tabous traditionnels et pousse les gens à parler du sexe, du préservatif etc. Cependant, des contraintes, voire des facteurs d'ordre économique freinent toutes les politiques de développement d'éducation pour les femmes et pour les filles.

La suivante section traite de la question de la participation à l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida et l'appartenance socio-économique et culturelle des participantes.

5.6. Analyse des données concernant la relation entre la participation à l'éducation en matière de VIH/SIDA et l'appartenance socio-économique et culturelle

Trois questions ont été groupées dans la présente section.

· Existe t-il un lien entre la participation à l'éducation en matière de VIH/SIDA et l'appartenance socio-économique de la femme ?

· Existe t-il de différence de participation à l'éducation en matière de VIH/SIDA entre les femmes instruites et les femmes analphabètes ? Justifiez votre réponse.

· L'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida donne t-elle de pouvoir aux bénéficiaires ?

Les interviewés sur ces questions pensent que l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida est une éducation pour tout le monde sans distinction de statut. Les leaders soulignent que tous ceux qui pensent n'être pas concernés à cause de leur pouvoir économique, se trompent. C'est ainsi que le responsable du projet de lutte contre le sida souligne «En tant que responsable de structure de lutte contre le sida, je vous dis que personne n'est épargné et tous avons besoin d'être éduqués en matière de santé et de lutte contre le sida pour notre propre sécurité en tant que personne vivant parmi les autres». Quant à la différence de participation à cette éducation, il est plus facile pour une femme instruite de participer à l'éducation qu'une femme analphabète selon le responsable du projet de lutte contre le sida. «Si une femme n'a jamais fréquenté l'école, elle a peu de chance d'accéder à l'information et à cette forme d'éducation qu'est l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida» ; «une femme éduquée se sent plus libre et plus courageuse qu'une analphabète» déclare le médecin. Dans cette perspective, l'éducation en matière de santé est perçue chez les leaders comme une source de pouvoir pour les bénéficiaires. Pour appuyer ces arguments, la femme éduquée en matière de santé et de lutte contre le sida serait plus apte à :

-éduquer la famille en matière de santé

-convaincre ses pairs

-connaître ses droits et devoirs

-apprendre un métier

Mais souvent, on est plutôt surpris du comportement jugé impudent des femmes éduquées en matière de santé et de lutte contre le sida. «Elles n'ont pas honte de parler du sexe et de négocier le port du préservatif. Cela choque l'homme qui pense que la femme est allée trop loin. Et puis ces femmes éduquées sont trop libres, orgueilleuses et ne se plieront pas aux ordres et aux bons vouloir de leurs partenaires» a dit le leader religieux musulman. Malgré les bons résultats des programmes d'éducation en matière de santé constatés auprès des bénéficiaires, le médecin perçoit cette éducation comme peu compatible avec les valeurs traditionnelles africaines. La femme doit s'occuper de la maison, éduquer ses enfants, et se soumettre entièrement à son époux. Elle doit être patiente quand son époux manque à ses devoirs envers elle. Il existe aussi des obstacles réels de communication en matière d'éducation de lutte contre le sida. L'ensemble des mots clés liés au concept du VIH/SIDA ne sont pas traduisibles en langue vernaculaire alors que la plupart des femmes n'ont pas le niveau d'instruction requis pour la compréhension des messages en français.

Les difficultés de communication ont également été évoquées en réponse à la question des causes de la non participation des femmes à l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida.

5.7. Analyse des données relatives à la cause de la non participation des filles et des femmes à l'éducation en matière de VIH/SIDA

Les réponses aux questions regroupées dans cette thématique nous permettent de rédiger la présente partie.

Les questions sont les suivantes :

· Existe t-il des raisons qui empêchent les filles et les femmes de participer à l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida ?

· L'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida répond t-elle aux besoins de la communauté ? Pourquoi ?

· Que faut-il pour avoir l'adhésion de toute la communauté concernant l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida ?

Tous les répondants, sont d'accord sur deux points :

-Le manque de temps pour les femmes pour suivre la formation compte tenu de leurs multiples occupations ménagères,

-L'analphabétisme de celles-ci limite leur accès à l'information et à la formation.

Mais aussi, ils se rendent compte en même temps d'un obstacle majeur :les tabous traditionnels. Il est délicat de parler de sexe, de préservatifs aux filles et aux femmes, c'est un problème de moeurs qui constitue ce blocage.

Mais les leaders pensent qu'il est nécessaire d'encourager l'éducation en matière de VIH/SIDA surtout auprès des jeunes générations. Le médecin s'est montré plus réaliste en disant :

«je préfère parler du préservatif et du sexe aux jeunes, plutôt que de les voir mourir gratuitement».

Tous les leaders interviewés proposent une éducation par les pairs fondée sur les jeunes, par leurs conseils réciproques et l'accès à des sources d'informations appropriées tels les centres de santé, les médecins, les parents et les adultes bien informés.

Dans les quatre interviews réalisées, les leaders d'opinion ont affirmé leur foi et leur confiance en l'éducation des femmes et des filles. A plusieurs reprises des propos comme «éduquer une femme c'est éduquer toute une nation, ou c'est assurer une chance aux enfants, c'est toute la société qui gagne» sont revenus. Le ton et le contexte de ces affirmations sont suffisamment convaincants pour que nous puissions mettre en doute leurs convictions. L'éducation des filles et des femmes est perçue d'une part comme le moyen de rendre les femmes autonomes et d'autre part comme un investissement social et économique pour la communauté. La femme éduquée est «un tout» pour la société. Aussi, les leaders apprécient positivement les programmes d'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida qui proposent : les savoir-être, savoir-faire, et savoir-devenir qu'ils considèrent comme une amélioration au modèle scolaire connu jusqu'ici. Les contenus de la formation constituent un programme réaliste et pertinent pour les bénéficiaires. D'ailleurs, la femme formatrice parmi les leaders souligne qu'aujourd'hui les établissements secondaires constituent aussi des lieux où on tente d'intégrer l'éducation en matière de santé et de lutte contre le sida dans les programmes scolaires officiels.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984