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Le chehabisme ou les limites d'une expérience de modernisation politique au Liban

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par Harb MARWAN
Université Saint-Joseph de Beyrouth - DEA en sciences politiques 2007
  

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Section ÉÉ

La stabilisation intérieure et le non-alignement

« Un soldat est projeté sur la scène politique. Dans la débâcle des institutions, au milieu de la désolation et des ruines, il est hissé au sommet du pouvoir194(*). » Ainsi commence l'expérience du chéhabisme au Liban. La situation du pays le 23 septembre 1958 est très délicate : guerre civile, colère populaire, administration inefficace et incompétente, autorité bridée du gouvernement.

« Libanais,

Dans les circonstances difficiles que traverse notre Patrie, endolorie par les souffrances, accablée par les épreuves, nul ne peut plus hésiter à assumer une mission à laquelle le pays appelle. Dans le souci de remplir un devoir et de faire face à une responsabilité publique impérieuse, j'ai accepté de me soumettre au voeu de mes compatriotes et d'assumer la charge de Président de la République, comptant sur le Tout-Puissant auquel je demande d'éclairer notre voie et de nous guider pour le bien du Liban.

(...) Avec notre Armée Nationale, j'ai vécu tout le drame (...) le Liban sortira ainsi de l'épreuve plus confiant en lui-même, plus solidement établi, et sa position renforcée.

Ce que je demande en premier lieu à moi-même, comme à chacun de mes compatriotes, c'est de travailler de toutes nos forces pour restaurer l'Unité nationale grâce à laquelle le Liban a, en 1943, réalisé son indépendance, consolidé sa souveraineté et son intégrité. Cette unité a inspiré le Pacte National dont les principes de politique intérieure, arabe et étrangère sincère, constituent pour nous tous la charge que garantit la gloire du Liban et la prospérité du peuple Libanais.

(...) Egalité entre les Libanais, sincérité et franchise dans nos rapports avec les pays arabes frères, dignité et amitié dans nos rapports avec l'étranger : ce sont là des bases propres à assurer à notre patrie Libanaise une vie paisible faite de prospérité, de tranquillité et de dignité.

(...) En veillant sur notre unité, nous devons également, dans l'intérêt de l'Etat que nous voulons reconstruire, veiller sur les vertus de probité, de justice et de désintéressement comme sur les principes de science, d'ordre et d'égalité, afin qu'ils règnent dans tous les domaines de notre société. De même, le sens des responsabilités et le souci du devoir et du bien général devront-ils guider le Pouvoir dans toutes ses activités.

En prenant la ferme résolution de faire face sérieusement à notre devoir, nous aurons emprunté la voie propre à nous conduire à nos buts nationaux195(*). »

Ce discours en dit long sur la volonté du président Chéhab de changer la réalité. Il pourrait être considéré comme la ligne de conduite du chéhabisme.

Le Liban ne peut pas fuir tout, et tout le temps. La politique des pères de l'indépendance a été, justement d'esquiver les problèmes. Esquiver un problème ce n'est pas le résoudre. On peut agir ainsi un certain temps, mais pas indéfiniment. Donc, il fallait définir une stratégie pour le Liban, basée sur l'idée de nation forte. Une nation forte, un gouvernement fort, des hommes forts, voilà, à priori, l'urgence.

Pierre Lyautey affirme qu'« après l'entracte de 1958, la prospérité n'a donc pas amolli les âmes. Aussitôt ce pays a compris quels étaient les impératifs de sa liberté, celle-ci étant, selon le mot de La Bruyère, le « choix du travail. »196(*)

Ainsi, les deux premières années du mandat Chéhab furent consacrées à refaire l'unité nationale profondément meurtrie et fêlée par l'insurrection de 1958. En effet, « il semble qu'après six mois d'épreuves, les Libanais aient reçu un mystérieux stimulant197(*). »

Sur le plan interne, il entreprendra une répartition égale des postes administratifs entre les communautés et des élections sur la base d'une nouvelle loi électorale permettant une meilleure représentation du peuple ; sur le plan extérieur et arabe, une normalisation des relations perturbées avec la R.A.U. Ce fut la fameuse rencontre avec Nasser, qui fut la première et la dernière entre les deux leaders.

En 1960, Fouad Chéhab surprit le pays en présentant sa démission de la présidence. Il considérait avoir accompli la tâche pour laquelle il a été élu : ramener la paix et la concorde au pays. Unanimement la classe politique et le peuple refusèrent cette démission et finirent par le convaincre de revenir sur sa décision.

Ainsi, la première étape de la stratégie du redressement national du Liban fut la restauration et la préservation de l'unité nationale à travers l'élargissement de la représentation et la division égale des postes administratifs.

La stabilisation interne a été favorisée et renforcée par la politique de neutralité sur le plan extérieur que pratiqua le régime de Chéhab. La politique de neutralité positive du Liban dans un Moyen-Orient traversé par des crises multiples est une condition nécessaire à la stabilisation interne, et par le fait à la réduction du clivage confessionnel.

L'élargissement de la représentation politique et la neutralité positive adoptés par le chéhabisme ont eu des répercussions positives sur la stabilité sociale et sur la croissance économique

* 194 - Georges NACCACHE, , «un nouveau style: le chéhabisme»,op.cit. p. 390

* 195 - Les discours de Fouad Chéhab 1958-1964, pp. 9-10-11.

* 196 - Pierre LYAUTEY, Histoire du Liban, op.cit. p. 45

* 197 - Ibid, p. 50

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