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Le chehabisme ou les limites d'une expérience de modernisation politique au Liban

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par Harb MARWAN
Université Saint-Joseph de Beyrouth - DEA en sciences politiques 2007
  

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1- L'élargissement de la représentation comme facteur de stabilisation.

L'élection de Fouad Chéhab supprimait, théoriquement, la raison d'être de l'insurrection puisque toutes les parties avaient fini par se persuader que le commandant en chef de l'armée, en l'état de la situation, était le seul homme à même de réunifier le pays, ramener le calme et rétablir le fonctionnement des institutions. Dès le lendemain de l'avènement de Chéhab, 1e 24 septembre, un gouvernement de huit membres est formé198(*), présidé par Rachid Karamé, le chef de l'insurrection à Tripoli. On disputera longtemps du point de savoir si ce cabinet était « équilibré », s'il faisait la part égale aux meneurs de la « saoura » et à leurs adversaires. En fait, il ne comptait qu'un seul représentant des premiers et aucun des partisans de Chamoun ou de ses alliés, comme les Kataêb, à l'heure même où ces derniers paralysaient le pays par leur soulèvement et démontraient qu'ils constituaient une force politique et populaire dont il était impossible de ne pas tenir compte. A l'exception de Karamé, aucun des membres du gouvernement n'avait fait partie des chefs de guerre. En revanche, ils étaient tous, du côté musulman, soit membres, soit proches du Front de l'unité nationale et, du côté chrétien, soit neutres, soit partisans du Destour ou de la Troisième Force qui avaient combattu Chamoun.

Au lendemain même de la formation de ce gouvernement, le chef des Kataêb, Pierre Gemayel, considérant que sa composition équivaut à « une victoire injustifiée des rebelles», annonce que son parti s'y opposera et appelle à la poursuite de la grève. Plusieurs facteurs contribuent à exacerber les sentiments de déséquilibre, de déception, d'injustice, de frustration, de révolte, éprouvés par le courant chrétien engagé dans la contre-révolution. D'abord, Rachid Karamé déclare que le cabinet est venu « cueillir les fruits de la révolution», ce qui indigne d'autant plus Gemayel qu'il estime celle-ci en grande partie l'oeuvre de l'étranger, ayant pu se développer, d'une part, parce que Chéhab n'a tout simplement pas voulu la mater et, d'autre part, parce que la rue chrétienne n'a cessé de se retenir pendant les mois au cours desquels la rue musulmane se déchaînait.

La position du général face à la contre-révolution sera similaire à sa position durant l'insurrection contre le président Chamoun, il a « donné les mêmes ordres d'interdire les manifestants de couper les routes principales, et d'empêcher toutes agressions contre les citoyens ou les institutions islamiques dans les régions à majorité chrétienne199(*). »

La solution était évidente : seul un cabinet que les différentes parties considéreraient comme les représentant effectivement serait en mesure d'arrêter l'engrenage de la violence, de rétablir la paix, le règne de la loi et un consensus politique susceptible d'éviter au Liban de nouveaux troubles. Malgré (ou à cause de) la situation explosive, il fallut trois semaines de tractations pour qu'un accord fut trouvé sur une nouvelle formule de gouvernement. Il vit le jour le 14 octobre, et, en vingt-quatre heures, comme par enchantement, le calme fut rétabli. Le gouvernement des quatre a mis fin aux manifestations, durant lesquelles les Libanais ont compris que la paix réside dans « la coexistence et le dialogue islamo-chrétien en appliquant les bases du Pacte national200(*). » 

« Le gouvernement des Quatre » (Rachid Karamé, Hussein Aoueini : sunnite ; Pierre Gemayel, Raymond Eddé : maronite.) issu à moitié des barricades et à moitié des milieux politiques traditionnels fut le seul gouvernement de réconciliation nationale dans l'histoire du Liban jusqu'à maintenant. Ce gouvernement a porté au pouvoir des figures symboliques de deux tendances extrêmes de la population et de deux tendances modérées, tandis que Chéhab se posait en arbitre suprême.  

* 198 - Il comprend Karamé (Intérieur et Défense nationale, en sus de la présidence du Conseil), Philippe Takla (Affaires étrangères), Charles Hélou (Economie nationale et Information), Mohamed Safieddine (Education nationale et Santé), Youssef Saouda (Justice et Affaires sociales), Rafic Najjar (Finances), Farid Trad (Travaux publics et Plan), Fouad Najjar (Agriculture et P.T.T.).

* 199 - Bassem EL JISR, Fouad Chéhab, cet inconnu op.cit. pp. 48-49

* 200 - Edmond RABBATH, La formation historique et constitutionnelle du Liban, op.cit. p. 569.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams