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Le chehabisme ou les limites d'une expérience de modernisation politique au Liban

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par Harb MARWAN
Université Saint-Joseph de Beyrouth - DEA en sciences politiques 2007
  

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1,1 - L'élargissement du gouvernement et l'augmentation du nombre des députés.

Chéhab s'était pénétré de l'idée que les musulmans, après 1958, devaient être en mesure de traduire leurs aspirations dans les options politiques du gouvernement, apanage jusqu'alors de la classe, dirigeante maronite, sans que, pour cela, les chrétiens n'aient à souffrir d'une quelconque aliénation de leurs droits. C'était là un périlleux travail de dosage de chaque instant, d'appréciation concrète, où toute déviation risquait de faire resurgir les vieux démons, de réveiller les tentations latentes de la violence et du séparatisme.

Le président Chéhab a vite compris que la stabilité intérieure implique un large consensus entre les leaders des principaux segments tant au Parlement qu'au cabinet ministériel. Aussi a-t-il porté le nombre des députés de 66 à 99 et a formé un cabinet de 18 membres.

Georges Naccache analyse ainsi ce comportement : « Notre première chance d'une prise de conscience nationale commence dans la mise en place des assemblées représentatives. Et plus l'assiette de cette représentation est élargie, plus elle englobe les particularismes confessionnels et les diversités régionales, plus large enfin est la confrontation, plus il y a de chances de voir s'y résoudre les antagonismes religieux et les oppositions politiques (...)  Les deux Chambres les plus ingouvernables que le Liban ait connues ont été justement les deux Chambres les moins nombreuses en 1953 et en 1934 - la Chambre des 44 et la Chambre des 25 - qui mettaient tous les ministères à la merci du déplacement d'une ou de deux voix201(*). »

Sept gouvernements202(*) ont été formés sous le mandat du président Fouad Chéhab (contre 12 sous celui de Chamoun) dont trois par Rachid Karamé, deux par Saêb Salam, un par chacun de Ahmad Daouk et Hussein Ouyeni, ces deux derniers étant des cabinets d'élections.

Ce comportement, bien qu'il traduise, selon Pierre Rondot, « une complaisance à l'égard du système » n'en est pas moins nécessaire. « C'est le maximum, écrit Pierre Rondot, largement en compte, de ce que permet le système traditionnel porté jusqu'à ses extrêmes (...). Mais les participants ne pourront se plaindre, s'ils échouent, que les dés aient été pipés; ils ne devront s'en prendre qu'à eux-mêmes ou au système. Quant au président, il aura, de la sorte, pris la mesure totale des procédés politiques classiques de la démocratie intercommunautaire du Liban, a qui toute sa chance aura été donnée203(*). »

De même, le président Chéhab par un souci de justice a oeuvré pour rétablir l'équilibre confessionnel dans les postes administratifs publics. Le but était de réduire les sentiments d'éloignement (tahmich) des musulmans et par le fait de les faire sentir comme partie intégrante de la construction nationale. Le chéhabisme considérait que la meilleure façon d'empêcher que les défis arabes socialistes, révolutionnaires, palestiniens fassent éclater le Liban, c'est de consolider le Liban de l'intérieur par la justice sociale, une armée forte et la libanisation des musulmans.  En effet, Pour inciter les musulmans à renoncer à l'attachement avec la Syrie, le président Chéhab intégra les musulmans dans les institutions étatiques. Ainsi, il s'agit d'apporter une réponse réaliste à un problème crucial depuis la création du Grand-Liban en 1920. La revendication des musulmans pour l'intégration du Liban à la Syrie a pour cause profonde le sentiment des musulmans d'être des citoyens de seconde zone.

Kamal Salibi a noté que « contrairement aux chiites, les sunnites ont eu la part du lion dans ce réaménagement vu leur rôle dans la crise et leur caractère citadin. De même les druzes ont largement bénéficié de cette politique vue leur cadrage politique bien articulé. Les chiites furent les plus écartées et restèrent les plus démunis. La surreprésentation des druzes et des sunnites assurera un fort appui pour le régime et augmenta les droits acquis de ces communautés204(*). » 

* 201 - Georges NACCACHE, un nouveau style: le chéhabisme, op.cit. p.393

* 202 - 1-RACHID KARAME 24 septembre 1958 -14 octobre 1958 Ne s'est pas présenté devant la Chambre 2- 14 octobre 1958 - 14 mai 1960 3-AHMAD DAOUK 14 mai 1960 -1er août 1960 Cabinet d'élections. Ne s'est pas présenté devant la Chambre, dissoute. 4- SAEB SALAM 1er août 1960 - 20 mai 1961 5- 20 mai 1961 - 31 octobre 1961 6- RACHID KARAME 31 octobre 1961 - 20 février 1964 7- HUSSEIN OUEYNI 20 février 1964 - 25 septembre 1964 Cabinets d'élections.

* 203 - Pierre RONDOT, «Quelques réflexions sur l'expérience politique du « chéhabisme » au Liban», In L'Orient, N0 16, 1960, p. 49

* 204 - Kamal SALIBI, «Lebanon under Fouad Chehab», op.cit.

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