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Le chehabisme ou les limites d'une expérience de modernisation politique au Liban

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par Harb MARWAN
Université Saint-Joseph de Beyrouth - DEA en sciences politiques 2007
  

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2,2-La concentration des activités économiques au centre de la fracture centre-périphérie.

Il est évident que l'évolution de l'économie libanaise s'est toujours distinguée par un développement inégal ayant fait de Beyrouth et du Mont-Liban deux pôles considérables. Certains économistes libanais ont tenté d'expliquer ce phénomène d'après le rôle historique de Beyrouth comme une zone-relais des échanges entre l'Europe et le marché proche-oriental,431(*) et à travers le développement économique avancé du Mont-Liban432(*). Par conséquent, le rôle joué par Beyrouth et le Mont-Liban dans le marché régional et les échanges avec l'Europe impliquerait la concentration des infrastructures primordiales et des établissements publics dans ces deux pôles, conditionnant ainsi l'organisation de l'économie libanaise et jouant sur le développement et la croissance de la plupart des activités économiques433(*).

En effet, l'agglomération de Beyrouth et du Mont-Liban a regroupé 80% des établissements publics, 72% des entreprises gérant le commerce et 80% des entreprises industrielles, alors que 60% des hôtels étaient concentrés au Mont-Liban434(*). Si le rôle joué par Beyrouth et le développement prématuré du Mont-Liban ont été à l'origine de leur évolution considérable, le sous-développement des différentes régions Libanaises a été considéré comme le produit d'un système qui ne cesse de nourrir la fracture centre-périphérie. Dés lors, un lien est établi entre le conflit au Liban et les structures économiques caractérisées d'un côté par une forte concentration au centre et, de l'autre, par des marques confessionnelles.

On constate qu'après la mise en application de l'accord de Taëf, aucune répartition des activités économiques n'a vu le jour. Tous les indices nous montrent que les structures économiques considérables demeurent localisées au centre et bénéficient toujours d'une part notable de l'ensemble des dépenses publiques effectuées dans le cadre de la politique de la reconstruction du pays.

La répartition des salariés libanais dans les secteurs économiques reflète la concentration des activités économiques et le déséquilibre entre les secteurs de l'économie nationale. Il s'agit d'un déséquilibre structural qui accentue l'évolution d'une économie marchande où les secteurs du commerce et des services abritent environ 64% de la population active estimée en 1997 à 1 362 000 personnes435(*).

Il semble que la montée de l'hégémonie de la bourgeoisie commerciale et intermédiaire qui croît avec la concentration des activités économiques dans le centre pousse à reprendre la thèse de la dépendance : « le sous-développement de la périphérie est le produit du développement du centre»436(*). L'expérience du capitalisme montre que l'inégalité est nécessaire à son développement, mais il ne faut pas admettre que les niveaux supérieurs des inégalités soient indispensables à la prospérité de l'économie. Et si l'extension du capitalisme dans les périphériques tend à accroître les disparités, du fait que le niveau du travail ne s'élève pas par rapport au degré de la productivité437(*), son évolution implique également la prise en considération des conditions de vie des citoyens. Ainsi, l'Etat libanais est appelé à intervenir par de multiples moyens afin de réduire les inégalités socio-économiques et d'aider la recomposition de la classe moyenne.

Dans ce cadre, la classe politique de la deuxième République n'a pas su construire des institutions capables de maîtriser le marché ni d'établir des nouvelles méthodes de gestion du social. L'Etat doit jouer un rôle primordial dans la question de la justice sociale, dans la mesure où les inégalités sociales pourraient menacer la cohésion sociale notamment dans les sociétés multicommunautaires dans lesquelles le phénomène de l'exclusion porte une dimension politico-confessionnelle

* 431 - Claude DUBAR, Salim NASR, Les classes sociales au Liban, FNSP, Paris, 1976. pp 298-298

* 432 - Kamal HAMDAN, « La décentralisation économique » In L'administration civile au Jabal, Beyrouth, Dar Atakadoumia, 1990. p. 22

* 433- Kamal HAMDAN, « La décentralisation économique » op.cit. p. 24

* 434- Najib ISSA, « Les stuctures et le conflit social » In Liban d'aujourd'hui, CNRS, Paris, 1994, p. 182

* 435 - Cf. les conditions de vie des ménages en 1997, étude réalisée par l'Administration centrale de la statistique

* 436 - Samir AMINE, Après le capitalisme, Centre des études de l'union arabe, Beyrouth, 1988, p.61

* 437 - B. FONFILS, B, ETIENNE, La science politique est-elle une science ?, Flammarion, Paris, 1998, p.56

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