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Effets des interactions entre pairs dans l'expression de la théorie de l'esprit chez des enfants de cinq ans

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par Alexandre HIRSCH
IED Paris 8 - Master 1 psychologie du developpement et de l'éducation 2006
  

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DISCUSSION

Nous présenterons dans un premier temps une brève analyse du choix de notre matériel d'étude. Nous discuterons nos données selon trois axes de réflexion principaux. Nous nous interrogerons sur le rôle des interactions dans l'acquisition de la théorie de l'esprit puis nous aborderons la phase de transition qui mène à la théorie de l'esprit. Dans une dernière partie, nous discuterons du lien entre le contenu des interactions et l'acquisition de la théorie de l'esprit.

1. Le choix du matériel d'étude

Les cinq épreuves de pré-test ont permis de séparer les enfants en trois groupes distincts en fonction de leurs performances aux épreuves de théorie de l'esprit et de justification. Le barème sélectionné semble assez adapté à la classe d'âge des enfants de moyenne section de maternelle puisque les scores sont répartis sur l'ensemble des deux échelles. Nous n'observons pas d'effet plafond puisque quatre enfants sur un effectif de vingt-trois parviennent au score maximum.

Les résultats du pré-test valident également le choix de la classe de moyenne section de maternelle comme période d'étude de l'effet des interactions entre pairs sur l'acquisition de la théorie de l'esprit. Nous observons, en accord avec de nombreux autres résultats expérimentaux, une grande variabilité des scores des enfants aux épreuves de théorie de l'esprit qui indiquent qu'au cours de cette année les enfants passent d'un stade d'échec aux épreuves de théorie de l'esprit à un stade de réussite de ces épreuves.

Par contre il est impossible d'affirmer que la réussite des épreuves atteste d'un accès total à la théorie de l'esprit puisque nous n'avons testé que les capacités des enfants à commenter cinq histoires. Les épreuves et les questions proposées aux enfants se basent sur différentes formes d'expression de la théorie de l'esprit mais nous considérons à l'instar de Nadel ou de Bradmetz (1999) que l'acquisition de la théorie de l'esprit ne se résume pas à la réussite de ces épreuves. Les épreuves de fausse croyance présentent cependant des résultats suffisamment solides pour être utilisés comme marqueur du passage d'une étape primordiale sur la voie de la maîtrise de la théorie de l'esprit.

2. Le statut de l'interaction pour l'acquisition de la théorie de l'esprit

Nous avons observé une augmentation significative du score aux épreuves de théorie de l'esprit et de justification pour tous les enfants du groupe 3 lorsqu'ils sont placés en interaction avec d'autres enfants. Les interactions semblent donc permettre une amélioration des résultats aux épreuves liées à l'acquisition de la théorie de l'esprit. Ces résultats sont en accord avec notre approche théorique qui considère que c'est en partie au cours des interactions avec autrui que les enfants réalisent des progrès cognitifs. Ces données expérimentales diffèrent de celles observées par Bouchand qui remarquait que les interactions entre enfants de 4-5 ans de même niveau n'ont généralement pas d'effet notable . Il observe que chez les enfants de 3-4 ans, l'attention est encore moins soutenue que lors des passations individuelles. Ce n'est que chez les enfants de 6 ans qu'une ébauche de débat se met en place

Dans la recherche de Bouchand, le film présenté aux enfants ne leur permet pas de déterminer qui est à l'origine d'une bêtise commise. Les enfants n'ont pas accès aux informations nécessaires. L'expérimentateur leur demande ensuite qui a commis la bêtise. Ce type d'histoire est plus compliqué que celles que nous leur avons proposées. Cette différence de difficulté peut expliquer les différences entre les résultats des deux études.

. Bouchand (1998) suppose qu'un débat ne peut s'instaurer que quand les interlocuteurs deviennent capables de prendre en compte le point de vue de l'autre. Le contenu des interactions au cours de notre recherche est similaire à celui de Bouchand : les interactions ne laissent que peu de place au débat source de conflit sociocognitif ou à la co-élaboration. L'écoute et l'observation des réponses des pairs étaient les comportements les plus fréquents. Par contre les enfants restaient attentifs aux histoires que nous leur contions.

Nous avons observé dans quelques rares cas la mise en place d'une reprise de la réponse de l'autre pour la modifier en justifiant la modification. Ces comportements n'ont été observés que chez les enfants ayant acquis la théorie de l'esprit et qui reprenaient la réponse de l'enfant en interaction. La mise en place d'un conflit sociocognitif ne semble donc pas responsable des progrès observés chez les enfants à la fin de l'expérimentation.

Nous pouvons proposer plusieurs explications à l'augmentation du score aux épreuves mais qui resteront au niveau de simples hypothèses.

La première explication est que l'interaction même faible permet des progrès cognitifs. Malgré l'absence de conflit socio cognitif, les enfants ont été placés dans une situation au cours de laquelle la prédiction formulée par l'autre enfant diffère de la sienne .Cette situation peut être à l'origine d'une comparaison de la réponse de l'autre enfant avec ses propres prédictions qui peut mener à amorcer une réélaboration cognitive. Les enfants se trouvent ainsi placer dans une dynamique interactive du type « confrontation avec désaccord non argumenté » (Gilly, Fraisse et Roux, 1988 in Carbones i Fleta, 2003). Dans ce type d'interaction, la réponse formulée par un enfant n'est pas acceptée par l'autre mais celui-ci ne fournit aucune autre réponse pour manifester son rejet.

L'imitation peut également intervenir dans le processus de développement en permettant une interaction ou un conflit implicite tel que nous l'avons défini dans la partie théorique. Les histoires utilisées pour évaluer l'acquisition de la théorie de l'esprit possèdent la même trame narrative mais avec des variations (cadre, personnages, problème...) qui excluent ou limitent la possibilité d'imitation simple des réponses formulées par les enfants ou l'expérimentateur au cours de l'interaction. L'enfant qui observe doit nécessairement adapter sa réponse à des situations différentes ce qui rejoint l'idée de paraphrase formulée par Bruner qui repose sur des réélaborations cognitives.

Les outils langagiers détaillés dans la partie théorique peuvent aussi intervenir puisqu'ils sont utilisés pour justifier les réponses. Cet aspect sera développé dans le paragraphe 4, page 64.

Il est également possible que la simple répétition des activités soit suffisante pour permettre des progrès. Dans ce cas la présence de l'autre enfant peut être considérée comme facultative, le facteur réellement important est la présentation répétée d'activité de même nature ce qui correspond à un effet d'entraînement.

Nous avons observé qu'un enfant sur les quatre du groupe 3a (qui ne réussit pas les épreuves de théorie de l'esprit) réussissait mieux les épreuves de fausse croyance dès le début des interactions qu'au cours des épreuves de pré-test. En se basant sur l'approche de Leslie qui justifie les faibles résultats des enfants aux épreuves de fausse croyance par une limite d'autres fonctions cognitives comme la mémoire, nous ne pouvons pas exclure le fait qu'au cours des trois semaines d'évaluation les enfants ont poursuivi leur développement cognitif et que ces progrès entre les épreuves de pré-tests et de post-test font également intervenir des acquisitions liées à d'autres domaines cognitifs.

Il nous est impossible de déterminer quel facteur est majoritairement à l'origine des progrès mais nous pouvons imaginer une intervention de chacun d'entre eux.

Lorsque dans l'hypothèse 3 nous analysons l'effet du facteur « niveau des enfants en interaction » avec les enfants du groupe 3 (qui n'ont pas acquis la théorie de l'esprit) nous avons observé que les interactions avec des enfants de niveaux plus élevés permettent une augmentation plus importante du score mais cette différence n'est pas significative. Ces résultats doivent être modulés par le faible effectif de chaque groupe (quatre enfants). Il serait donc nécessaire de compléter cette étude par l'étude d'un groupe plus important. Ces résultats rejettent notre hypothèse numéro trois. L'interaction avec des enfants de niveau supérieur ne semble pas plus efficace qu'une interaction avec des enfants de même niveau. De telles données tendent donc à réduire l'importance de la zone de développement prochain. Le fait de créer des groupes hétérogènes quant au niveau d'acquisition de la théorie de l'esprit ne semble donc pas plus bénéfique pour les enfants de niveau le plus bas.

Les enfants du groupe 2 correspondent au stade le plus intéressant dans le cadre de notre étude sur le rôle des outils linguistiques puisque les enfants qui composent ce groupe sont capables de répondre presque parfaitement à l'ensemble des questions de prédiction de comportement mais sont incapables de justifier correctement leurs réponses. Les interactions avec les enfants qui justifient leur réponse permettent effectivement une amélioration des scores aux questions de justification. Ce résultat valide notre hypothèse expérimentale 4 concernant l'effet positif des interactions sur la justification des réponses. Dans ce cas encore des facteurs autres que l'interaction pure peuvent intervenir mais le contenu des interactions est sur certains points plus riche que pour les dyades impliquant un enfant du groupe 3 ce qui peut renforcer le rôle de l'interaction.

3. Une acquisition progressive de la théorie de l'esprit

La répartition des enfants en trois groupes distincts permet de souligner l'élaboration et la maîtrise progressive de la théorie de l'esprit autour de l'âge de cinq ans. Tous les enfants se trouvent dans la période d'acquisition mais à trois stades différents. Les enfants du groupe 3 (qui échouent aux épreuves de théorie de l'esprit) se situent dans une phase dans laquelle ils sont très probablement capables de prendre en compte le point de vue d'autrui dans certaines situations mais échouent globalement aux épreuves que nous leur proposons. Comme nous l'avons vu précédemment, une interaction sur des épreuves de ce type permet d'améliorer le score.

Cependant, même si l'augmentation du score aux questions de justification est présente seulement trois enfants sur les six qui composent le groupe 2 (réussite des épreuves de théorie de l'esprit du pré test mais échec aux questions de justification) réussissent les épreuves de justification après les interactions. De même sur les huit enfants qui échouent aux épreuves de théorie de l'esprit durant la phase de pré test, un seul (du groupe 3b) obtient un score correspondant à ceux du groupe des enfants qui réussissent les deux épreuves. Ces mises en situation expérimentales permettent donc une amélioration des scores aux épreuves de fausse croyance par exemple mais ne semblent pas suffisantes (quantitativement et qualitativement) pour permettre un passage total vers l'expression de la théorie de l'esprit.

Ces résultats ne sont pas surprenants si nous les reprenons dans une approche socioconstructiviste qui considère que l'acquisition de la théorie de l'esprit repose sur une réélaboration conceptuelle qui nécessite la confrontation à une grande diversité de situation. Fréquemment, l'enfant est placé dans des situations pour lesquelles les connaissances diffèrent selon les personnes impliquées. Dans ce cas l'enfant peut être surpris par les actions ou remarques de ceux qui ont des connaissances qui diffèrent des siennes. Dans ce cadre, les histoires sont menées à terme. Par contre, dans notre recherche, les enfants doivent prédire le comportement des poupées mais n'observent pas leur action réelle à la fin de l'histoire puisque nous nous arrêtons à la question de prédiction du comportement. Cette limite peut expliquer l'effet limité de l'entraînement en interaction.

Les recherches de Chanoni sur la comparaison de l'expression de la théorie de l'esprit entre une situation expérimentale et une situation écologique ont montré que les situations écologiques présentent une grande diversité d'indices qui facilitent la compréhension de la situation par les enfants. Les difficultés rencontrées par les enfants pour répondre correctement aux histoires de fausse croyance peuvent s'expliquer en partie par l'histoire qui restreint l'accès des enfants aux autres indices mentaux qu'ils utilisent naturellement. Cette donnée peut également expliquer les résultats des études écologiques qui montrent une capacité des enfants à attribuer des états mentaux en situation naturelle alors qu'ils échouent aux épreuves de fausse croyance (Bartsh et Wellman , 1994 in Chanoni, 2004).

L'acquisition d'une théorie de l'esprit est souvent présentée comme une rupture qui survient à l'âge de quatre ou cinq ans. Chanoni a proposé des résolutions de tâche de fausse croyance à des enfants réunis en fonction de leur âge selon des critères stricts. Les enfants d'un même groupe avaient au plus deux mois d'écart afin de limiter la constitution de groupes pour lesquels les enfants de deux groupes successifs peuvent avoir plus d'un an d'écart. Les résultats ont montré des performances croissantes aux épreuves de fausse croyance lorsque l'âge augmente (Chanoni, 2004). La répartition des enfants de notre étude dans trois groupes de niveaux différents s'accorde avec cette nouvelle approche des étapes développementales menant à la théorie de l'esprit.

Ces résultats rappellent que les modifications conceptuelles qui sous-tendent la réussite aux épreuves de théorie de l'esprit se mettent en place progressivement pendant une période de plusieurs mois voire de plusieurs années. L'entraînement simple sur une tâche peut aider à améliorer le score global mais ne permet pas une réélaboration conceptuelle totale. Nous considérons que l'acquisition se poursuit pendant plusieurs années pour s'achever vers l'âge de six ou sept ans. En effet entre cinq et sept ans les enfants deviennent capables de comprendre les fausses croyances ou les intentions de second ordre (Gauthier, 2004).

Une donnée observée une seule fois nous semble intéressante. Un enfant classé dans le groupe 1 (considéré comme regroupant les enfants ayant acquis la théorie de l'esprit) a modifié sa réponse au cours d'une interaction avec un enfant du groupe 3. Dans un premier temps, l'enfant a formulé une réponse exacte sans avoir justifié sa réponse mais après avoir entendu la réponse erronée du second enfant, le premier a modifié sa réponse en répétant la réponse erronée. Cet exemple peut illustre également l'acquisition progressive de la théorie de l'esprit qui présente une phase de transition au cours de laquelle les enfants doutent de leur réponse et restent très influencés par les réponses qu'ils formulaient peu de temps auparavant. Le statut social dominant ou dominé de l'enfant peut également expliquer cette modification de la réponse. Cet évènement est cependant rare puisqu'il ne s'est produit qu'une seule fois sur un ensemble de 48 histoires racontées en interaction.

Même si nous n'avons pas évalué le score des enfants du groupe 1 après les interactions, les observations des réponses des dyades indiquent que les enfants de niveau supérieur sont peu influencés par les réponses des enfants de niveau inférieur et tendent généralement à expliquer spontanément leur choix notamment au cours de la seconde séance d'interaction pendant laquelle les réponses sont plus assurées.

4. Aspect qualitatif des échanges au cours des interactions.

Le manque d'échange direct entre les enfants des dyades a fait que l'expérimentateur relançait fréquemment les interactions en posant des questions. La plupart des phrases produites par les enfants correspondent donc à des réponses directes aux questions posées par l'expérimentateur.

Le calcul des coefficients de corrélation entre les progrès aux questions de justification et l'occurrence des différents outils langagiers présentés dans le cadre théorique n'ont pas mis en évidence de lien entre l'occurrence des outils et les progrès. Notre hypothèse 5 a donc été rejetée. L'absence de corrélation ne signifie bien évidemment pas qu'il n'y a aucun lien entre l'utilisation des verbes mentaux ou des propositions enchâssées et l'amélioration des scores aux épreuves de justification mais que l'occurrence de ces termes ne permet pas de prédire l'amélioration du score.

Il faut en effet rappeler que des études basées sur un entraînement portant sur l'utilisation de différents outils linguistiques ont mis en évidence des progrès significatifs aux épreuves de fausse croyance.

Cette absence de corrélation possède différentes causes. La première est que notre protocole expérimental est basé sur une mise en interaction des enfants. Notre recueil du contenu des interactions ne cherche pas à différencier les réponses des deux enfants placés en interaction. Or, les dyades contiennent un enfant du groupe 1 qui fournit des justifications riches basées sur l'utilisation des outils langagiers. L'occurrence de ces termes au cours des différentes interactions marquent donc uniquement leur présence et en aucun cas leur compréhension ou leur utilisation par les enfants de niveau inférieur.

Il n'est pas suffisant de donner la bonne justification aux enfants pour qu'ils soient capables de l'utiliser par la suite dans d'autres contextes. Ce qui renforce le lien entre ces épreuves et la théorie de l'esprit puisque l'entraînement n'est pas suffisant pour permettre l'accès complet à la théorie de l'esprit. Des modifications conceptuelles sont indispensables selon nous.

La seconde cause de l'absence de corrélation est que les enfants du groupe deux se trouvent dans un stade intermédiaire d'accès à la théorie de l'esprit. Nous avons mis en évidence des scores significativement supérieurs aux questions de justification dès la phase de prétest. Il nous semble donc normal que leurs interactions présentent davantage de marqueurs sans entraîner d'augmentation plus importante du score.

Au-delà de cette absence de corrélation le contenu des interactions apporte plusieurs informations intéressantes pour notre recherche. Tout d'abord, nous avons mis en évidence l'utilisation de ces différents marqueurs pour l'ensemble des groupes même lorsque les enfants du groupe 3 (qui échouent aux deux types d'épreuves) sont placés en interaction entre eux. Ces résultats valident l'utilisation précoce de ces marqueurs sans qu'il y ait expression de la théorie de l'esprit ou du moins réussite des épreuves de fausse croyance. Une analyse fine des phrases produites par les enfants au cours des interactions indique que chez les enfants qui ne réussissent pas les épreuves de théorie de l'esprit ces termes apparaissent dans des justifications qui sont le plus souvent justes même si elles sont rares. Les quatre enfants du groupe 3 ne peuvent donc pas être considérés comme n'ayant pas accès à la théorie de l'esprit mais plutôt comme étant en cours d'acquisition mais à un niveau pour lequel ils échouent ou réussissent rarement aux épreuves de fausse croyance.

L'effet positif de ces interactions doit donc être rapporté à l'âge des enfants. Il serait intéressant de mesurer si des interactions adaptées à des enfants de 3 ans (qui se trouvent plus éloignés de l'âge moyen d'acquisition de la théorie de l'esprit) présente des effets similaires.

L'approche statistique du contenu des interactions des dyades composées uniquement d'enfants n'ayant pas accès à la théorie de l'esprit est difficile compte tenu du faible effectif du groupe. Il nous semble tout de même intéressant de noter la pauvreté relative des interactions. Lorsque des enfants qui ne maîtrisent pas la théorie de l'esprit sont placés en interaction les marqueurs se trouvent sous représentés. L'absence de connecteurs est particulièrement flagrante ainsi qu'un nombre réduit de recours aux propositions enchâssées et aux habiletés pragmatiques. Les enfants formulent des réponses aux questions posées par l'expérimentateur mais se trouvent soit incapables de justifier leur choix ou le justifient en utilisant peu les outils linguistiques (verbes mentaux, connecteurs, marques modales épistémiques...)

Quel que soit le niveau d'acquisition de la théorie de l'esprit les enfants de notre étude âgés de plus de quatre ans et six mois utilisent les verbes mentaux suivants dans leurs réponses aux questions de justification : voir, entendre, dire, vouloir, savoir et croire. Par contre, l'occurrence des verbes mentaux et des propositions enchâssées augmente lorsque les enfants progressent sur la voie de l'acquisition de la théorie de l'esprit comme dans les interactions entre les enfants du groupe 2 et du groupe 1.

Les verbes mentaux ne sont que rarement utilisés afin de décrire des comportements mais plutôt sous une forme que Bouchand qualifie d' « intentionnelle » qui permet de développer des espaces mentaux détachés de la réalité . Ces espaces mentaux fournissent ainsi la capacité de prendre en compte le point de vue d'autrui.

La présence de ces termes peut donc, malgré l'absence de corrélation, en partie expliquer l'augmentation des scores aux épreuves de théorie de l'esprit après l'interaction. En effet, l'utilisation de ces marqueurs dans le cadre des épreuves de fausse croyance peut permettre un renforcement du lien entre l'utilisation pragmatique de ces termes et les métareprésentations liées à l'acquisition de la théorie de l'esprit.

Le contenu des interactions permet de soutenir une approche socioconstructiviste de l'acquisition de la théorie de l'esprit basée sur la notion de zone de développement prochain développée par Vygotsky. Lorsqu'ils sont placés avec des enfants capables de justifier leurs réponses, les enfants de niveau inférieur améliorent parfois leur réponse et utilisent certains outils linguistiques. Ces outils pouvant être utilisés par la suite dans d'autres contextes comme nous avons pu l'observer dans la phase de post-test.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore