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Coopération au développement et renforcement des capacités locales : Intervention des ONG et marges d'autonomie des acteurs à la base (cas des ONG GADEC et DIAPANTE )

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par Mamadou DIOUF
Université GASTON BERGER de Saint Louis - Maîtrise de Sociologie du Développement 2007
  

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Section trois (3) : Objectifs de recherche

Définir l'objectif d'une recherche c'est surtout se demander « quelle est la question que je pose et à laquelle je cherche une réponse  »42(*), il est en ce sens utile de rappeler que nous nous proposons à travers cette étude de faire un état des lieux de la participation des populations (communautés de base) aux projets et programmes de développement réalisés par les ONG GADEC et DIAPANTE. C'est ainsi que le principal objectif théorique que nous nous sommes fixés a été de voir si les acteurs à la base sont effectivement et suffisamment impliqués et responsabilisés dans les projets mis en oeuvre par le ONG GADEC et DIAPANTE, l'objectif secondaire étant le cas échéant de mettre en lumière les mécanismes par lesquels ces acteurs sont impliqués et responsabilisés. Formulée en une question générale de recherche notre objectif théorique a été de savoir si : dans leurs interventions respectives les ONG GADEC et DIAPANTE, laissent effectivement et suffisamment de place à l'expression des marges d'autonomie des acteurs à la base ?

Au-delà de cet objectif théorique général, nous nous sommes fixé un certain nombre d'objectifs spécifiques de recherche que nous déclinons ci-dessous sous la forme de questions spécifiques de recherche :

1) Quelles sont les modalités de participation des acteurs à a base aux projets du GADEC et de DIAPANTE ?

2) Les acteurs à la base sont-t-ils effectivement (selon les exigences de l'auto développement) les « décideurs » dans les processus de planification, d'exécution et d'évaluation des projets du GADEC et de DIAPANTE ? L'initiative populaire est-elle souveraine dans les projets du GADEC et de DIAPANTE?

3) Quelles sont les contraintes et contradictions que soulèvent cette participation tant du point de vue de ces deux (2) ONG que de celui de leurs OCB partenaires ?

4) Quels sont les impacts des cadres juridico -institutionnels et politiques sur la participation des acteurs à la base aux projets du GADEC et de DIAPANTE?

5) L'origine des sources de financement a-t-elle effectivement une incidence sur l'autonomie du GADEC et de DIAPANTE et donc sur leurs capacités à promouvoir effectivement et efficacement le renforcement des capacités locales ?

Section quatre (4) : Hypothèses et construction des concepts de la recherche

Les éléments de connaissance tirés de la revue littéraire ainsi que les données de nos pré enquêtes nous ont permis de formuler, dès le départ de notre recherche, une hypothèse générale en réponse à notre question de départ C' elle-ci est que :

Du fait de la composition d'un certain nombre de facteurs, les marges d'autonomie des acteurs à la base même si elles sont effectivement prises en compte dans les interventions du GADEC et de DIAPANTE se retrouvent tout de même limitées.

Partant de cette hypothèse principale, une seconde hypothèse a été formulée à savoir que :

Ces dits facteurs en composition ont essentiellement trait  au fait que d'une part, ces ONG sont perpétuellement à la quête de la performance, de la crédibilité et de la visibilité et au fait que, d'autre part, les cadres juridico institutionnels et financiers dans lesquels elles évolues sont devenus de plus en plus contraignants.

Emile DURKHEIM dans Les règles de la méthode Sociologique (1895) insistait sur la nécessité pour le chercheur de définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question « une théorie ne peut être contrôlée que si l'on sait reconnaître les faits dont elle doit rendre compte »43(*). L'étape de la construction des concepts correspond à cet exercice de définition provisoire qui permet dans ses grandes lignes de délimiter le champ de la recherche et de désigner les phénomènes dont il sera question.

Dans la présente recherche les concepts qui nous ont paru centraux au point de mériter un travail de construction sont ceux : d'intervention des ONG, de marges d'autonomie (des acteurs à la base), d'effectivement et suffisamment de place (à l'expression des marges d'autonomie) et/ou d'effectivement mais limitées et de composition (de divers facteurs).

- Intervention des ONG : sans vouloir nous étendre sur le concept d'intervention et sur toute la littérature qu'il a pu susciter, nous remarquerons que de manière générale l'intervention qu'elle soit politique, économique, sociologique ou autre suppose une action où prennent part (volontairement ou non) des acteurs précis dans le but de produire, d'encourager et/ou de susciter une dynamique de changement sous quelque forme que ce soit dans un milieu donné. Ainsi en sociologie, le concept d'intervention est toujours à lier à celui de changement. L'intervention des ONG ne semble pas échapper à cette logique dans la mesure où elle devra essentiellement être comprise comme l'ensemble des actions (construction d'ouvrages, formation/alphabétisation/sensibilisation, introduction de nouvelles variétés culturales ou de nouvelles techniques.....) menées par ces dernières sur le terrain du développement en vue d'atteindre des objectifs c'est-à-dire de produire et/ou de susciter un processus de changement social, économique, politique...tel la réduction de la pauvreté. Ces actions ou interventions se déclinent généralement sous la forme de projets et programmes. Selon R.DECLERCK « les projets ne sont que des ensembles d'activités limités dans le temps et dans l'espace, insérés et en interaction avec un environnement politico socio-économique et tendus historiquement vers un but redéfini progressivement par la dialectique entre la pensée (plan du projet) et la réalité ». Ainsi si le projet est la dimension essentielle de l'intervention des ONG, DECLERCK semble vouloir lui assigner les indicateurs suivants : le temps, l'espace, l'environnement politique et socio-économique, le but.

Ces « indicateurs de DECLERCK » sont dans le cadre de cette étude regroupés autour de deux indicateurs principaux :

1. Les déterminants structurels et/ou conjoncturels

2. Les modalités de mise en oeuvre

S'agissant des déterminants structurels et/ou conjoncturels (ou plus simplement des contraintes et contradictions de l'intervention) nous pourrons retenir les indices suivants :

1. Les sources de financement ou les partenaires financiers,

2. Les cadres juridiques, institutionnels et politiques,

3. Les aspects idéologiques ou les options sous jacentes

Quant aux modalités de mise en oeuvre (modes opératoires) elles concernent surtout :

- L'identification / analyse des besoins

- La planification des activités

- La réalisation du projet

- Le suivi - évaluation

Remarquons pour terminer que les processus de décision occupent une place centrale dans l'intervention des ONG ; elles sont comme qui dirait à la « croisée des chemins ».

- Marges d'autonomie des acteurs à la base : La marge se définit dans un sens générique comme l'espace ou la latitude dont on dispose entre certaines limites « possibilité d'action entre une limite théorique et un limite pratique »44(*). L'autonomie quant à elle se dit d'une personne, d'un groupe ou d'une chose qui a la capacité (liberté) de se gouverner par ses propres lois45(*).

L'étude retiendra cependant deux dimensions principales pour ce qui est du concept de marges d'autonomie des acteurs à la base :

1. Les marges d'initiative

2. Les marges de manoeuvre

Il faut rappeler tout simplement que notre cadre conceptuel général s'articule autour de la problématique de l'auto développement qui suppose une liberté des acteurs alors que celle-ci (la liberté) chez l'homme ne saurait très concrètement se manifester qu'à travers l'initiative et la manoeuvre.

L'initiative (marges d'initiative) est définie comme l'action de celui qui est le premier à proposer, à entreprendre, à organiser quelque chose. Ici donc il s'agit pour les acteurs à la base de « décider par soi » ; c'est ce que nous pourrions nommer le principe de l'auto détermination. La marge d'initiative suppose dès lors que l'action soit dès le départ la plus indépendante possible d'une animation extérieure,

« Le premier principe de l'endogénéité est que l'accompagnement technique (l'intervention) ne se fixe aucun objectif préalable à sa démarche d'appui si ce n'est tout au plus d'être disponible pour l'émergence d'une dynamique endogène de décision et de planification »46(*) .

La manoeuvre (marges de manoeuvre) est selon le Larousse  « la manière de régler le jeu »47(*) ; ce qu'il est important de retenir à ce niveau de l'étude c'est que cette dimension renvoie surtout à la liberté d'action et de contrôle qu'ont les acteurs à la base dans le cadre des projets et programmes initiés par les ONG. Il s'agit donc pour eux d'agir « pour et par soi » c'est le principe de l'auto gestion.

L'initiative (auto détermination) et la manoeuvre (auto gestion) sont donc les deux dimensions des marges d'autonomie auxquelles nous pourrions associer quatre indicateurs selon la formule de G. BELLONCLE « les quatre mots de l'auto développement sont : auto analyse ; auto programmation ; auto organisation ; auto évaluation »48(*) . Ainsi nous aurons :

Pour les marges d'initiative :

1. L'auto analyse

2. L'auto programmation

Et pour les marges de manoeuvre :

1. L'auto organisation

2. L'auto évaluation

- Effectivement et suffisamment de place et/ou Effectivement mais Relativement limitées : Contrairement à « l'intervention des ONG » et aux « marges d'autonomie » qui sont les deux variables fondamentales de cette étude et pour lesquelles nous nous sommes attachés au-delà d'une définition à identifier des dimensions, des indicateurs et des indices ; ici et pour le concept de « composition » il s'agira plus pour nous de préciser par rapport à nos objectifs et options théoriques le contenu qu'il faudra donner à ces concepts. S'il est exact comme le remarquent R. BOUDON et F. BOURRICAUD que les questions que le sociologue se pose n'impliquent pas toutes des problèmes de mesure, il est également tout aussi vrai que certaines de ces questions comportent d'inévitables problèmes de mesure. Si nous avons pu jusque là éviter de parler de mesure, le fait reste que cette étude ne saurait atteindre ses objectifs en occultant l'inévitable question du niveau de participation des acteurs de la base aux projets et programmes du GADEC et de DIAPANTE « la nécessité de définir des mesures, fussent-elles ordinales découle donc de la nature même de certains concepts »49(*). Ainsi l'usage des concepts de « effectivement et suffisamment » ou de « effectivement mais relativement limitée » doit être comprise comme une volonté de définir une échelle ordinale50(*) de mesure de la participation des acteurs à la base. Cette échelle s'établit selon les degrés suivants :

- Effectivement et suffisamment

- Effectivement mais moyennement

- Effectivement mais passablement (ou relativement limitée)

- Effectivement mais nulle

- Non effectivement

- Composition : Tout comme pour le dictionnaire Larousse le dictionnaire robert définit la composition dans son sens familier comme l'action ou la manière de former un tout en assemblant plusieurs éléments c'est à dire donc comme la disposition des éléments. Sous cet angle « composition de divers facteurs » doit être compris de l'action ou de la manière de former un tout par l'assemblage de divers facteurs. Ici nous concevons d'une part que ce tout c'est le « partenariat ONG / acteurs à la base (OCB) » et que d'autre part ces divers facteurs assemblés sont à la fois les déterminants structurels et/ou conjoncturels de l'intervention, ses modalités de mise en oeuvre, les marges d'initiative et les marges de manoeuvre. En outre, le concept de composition doit être compris en référence à ce que Jean Michel BERTHELOT51(*) nomme les schèmes de composition par différenciation aux schèmes de dépendance et aux schèmes de signification. Ici le principe est que l'explication (explicandum) du phénomène étudié est la résultante de la composition d'éléments divers s'opérant soit par agrégation (schème actanciel) soit par insertion dans un système de forces antagonistes (schème dialectique).

Cadre opératoire de la recherche

Marges d'autonomie

Marges d'autonomie

Suiv./Eva

Gest.Inter

F. Inter

M. Inter

Souveraineté des AB

Aspirations

Besoins

Suivi/Eval..

RP

PA

IABA

AI

CJIP

SF.

Auto-Ev.

Auto-Org.

Auto-Prog.

Auto-Ana

M.M.OE

D.S et/ou Conj.

Marges d'initiatives

Projets

Intervention des ONG

Variable dépendante

Variable indépendante

++

LÉGENDE DU CADRE OPÉRATOIRE

Abréviations

Significations

DS et/ou Conj.

Déterminants structurels et/ou Conjoncturels

M. M. OE

Modalités de Mise en OEuvre

S.F

Sources de financement

CJIP

Cadres Juridico- Institutionnels et Politiques

A.I

Aspects idéologiques

IABA

Identification Analyse des Besoins et Aspirations

PA

Planification des activités

R.P

Réalisation du Projet

Suiv. Eva.

Suivi / Evaluation du Projet

Auto Ana

Auto Analyse

Auto Prog.

Auto Programmation

Auto Org.

Auto Organisation

Auto Ev.

Auto Evaluation

A.B (Souveraineté des AB)

Acteurs à la base

M. inter.

Mode de l'intervention

F. inter.

Forme de l'intervention

Gest. Inter.

Gestion de l'intervention

* 42 GRAWITZ (M). Méthodes des Sciences Sociales. Paris, Col. Dalloz, 1993, p. 478.

* 43DURKHEIM (E). Les règles de la méthode Sociologique. Paris, PUF, 1968, p.34.

* 44 Sous la direction de AUGUE (P). Dictionnaire de la langue Française. LAROUSSE, Paris, librairie Larousse, 1973, p.386.

* 45 Op. Cit. p.13.

* 46 SARR (A), op.cit, p.74.

* 47 LAROUSSE, op.cit, p.412.

* 48 « L'auto développement suppose de mettre en oeuvre une démarche qui part de l'analyse avec les populations concernées de leurs problèmes pour réfléchir avec elles aux solutions possibles, les aider à s'organiser et à se former pour passer à l'action et procéder enfin aux évaluations périodiques qui permettent de corriger le tir et de progresser. D'où les quatre (4) mots clefs : auto analyse ; auto programmation ; auto organisation; auto évaluation » BELLONCLE (G). Le chemin des villages : Formation des Hommes et Développement en Afrique. Paris/ACCT, 1979, p. 27.

* 49 BOUDON et BOURRICAUD. Dictionnaire critique de la sociologie. Quadrige/PUF, Paris, 1982, 714 p., p.316.

* 50 Contrairement à l'échelle métrique ou quantitative et à l'échelle nominale, l'échelle ordinale se borne à distinguer des niveaux ordonnés de mesure du phénomène

* 51 BERTHELOT (J.M). L'intelligence du Social. Collection Sociologie d'aujourd'hui, Paris, PUF, 1990.

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