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La justice aristocratique dans la généalogie de la morale de Nietzsche

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par Pierre Morien MOYO KABEYA
Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius - Bachelier en philosophie 0000
  

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III. 2 L'usage et la fluidité

Pour ce qui est du châtiment, il faut distinguer deux aspects : d'un coté l'usage, c'est-à-dire la suite des procédures strictement déterminées. Et de l'autre la fluidité, le sens ou ce qui participe à la mise en oeuvre de ces procédures. La procédure est plus ancienne que son usage dans le châtiment qui n'a été introduit que par interprétation. Le contraire est le propre des naïfs (les généalogistes de la morale et du droit).

Pour ce qui est du sens, l'élément mobile, dans un état de civilisation avancé, le sens fait place à une synthèse de « sens.» Tout son passé se cristallise en un point et le rend difficile à analyser, à définir.

Il faut admettre qu'il n'est pas facile de dire pourquoi on punit en somme. Dans un état rudimentaire, la question de la synthèse et plus soluble. Un élément peut l'emporter à un certain moment sur les autres. Le sens du châtiment est incertain, surajouté, accidentel. On peut le définir avec un de ses multiples sens qu'en donne Nietzsche au treizième paragraphe de la deuxième dissertation de la Généalogie de la morale: «  moyen de créer une mémoire, soit chez celui qui subit le châtiment,- c'est ce qu'on appelle la `correction', soit chez les témoins de l'exécution. »75(*)

L'auteur a répertorié plus d'une dizaine de définitions pour montrer le caractère incertain du sens du terme « châtiment.» La définition moderne, du moins celle du grand dictionnaire de philosophie, dit du châtiment qu'il  « est la punition d'un crime selon la justice humaine ou divine. » Il faut préciser le fait que l'explication revient sur deux aspects : le blâme (dans le cas de l'éducation) et la sanction méritée par « le pécheur » considéré comme conséquence du péché du fait de l'exigence de la justice. Cependant on constate qu'enfin de compte, cette définition ne nous dit pas pourquoi on punit en définitive.

III. 3. Le sentiment de la faute

La dernière liste, c'est vrai, n'est pas exhaustive car le châtiment peut trouver son utilité dans toutes les circonstances. Très souvent on croit que l'utilité essentielle du châtiment est d'éveiller le sentiment de la faute. Ainsi on voit dans le châtiment un instrument de la « mauvaise conscience » ; du « remord. » « Le véritable remord, est excessivement rare, en particulier chez les malfaiteurs et les criminels : les prisons, les bagnes ne sont pas les endroits propices à l'éclosion de ce ver rongeur. »76(*)

Le châtiment ne peut être source du sentiment de la faute. Cela est presque impossible puisque le ressentiment refroidit et endurcit, il aiguise le sentiment d'aversion et augmente la force de résistance. L'histoire montre que c'est précisément le châtiment qui a retardé le sentiment de culpabilité. Une autre chose qu'il ne faut pas négliger est le fait que l'aspect des procédures judiciaires et exécutives empêche le coupable de condamner en soi son méfait et la nature de son action. (On peut penser ici à ce qui s'est passé avec les procès après la chute du nazi [en Allemagne] ou la chute du régime de Saddam Hussein [en Irak])

Ce sont les mêmes actes que l'on commet au service de la justice et en bonne conscience : « savoir l'espionnage, la duperie, la corruption, les pièges tendus, tout l'art plein de ruses et d'artifices du policier et de l'accusateur [...] »77(*) Il y a aussi des actes purement criminel : rapt, violence, torture, meurtre, etc., et tout cela n'est pas condamné par le juge. Cela dire que ces actes n'ont pas de signification en soi. Car ils ne sont condamnés que dans certaines circonstances et sous certaines conditions.

Il faut chercher la faute, la culpabilité sur un autre sol. Pendant très longtemps, celui qui juge n'avait pas à faire à un coupable lorsqu'il punit.

« Le malfaiteur était pour lui un auteur d'un dommage, une parcelle irresponsable de la destinée. Et ce malfaiteur sur qui tombait alors le châtiment, comme une autre parcelle de destinée n'en éprouvait d'autre ` peine intérieure' que s'il était victime d'une catastrophe imprévue, d'un phénomène terrifiant de la nature [...] »78(*)

Les malfaiteurs considéraient leur méfait comme un accident, un imprévu. Il ne leur venait pas à l'esprit de se dire « je n'aurais pas dû faire cela. »79(*)Quant au châtiment, ils s'y soumettaient comme à une maladie, à une calamité ou bien à la mort, sans révolte, avec un fatalisme courageux.

En somme, ce que l'on peut mettre du coté du châtiment comme critique c'est la perspicacité. Elle a joué un rôle de premier ordre dans le développement de la mémoire. Dorénavant l'homme développe la volonté d'agir avec plus de prudence, de précaution. Ce qui est atteint, c'est l'augmentation de la crainte. Maintenant il faut dominer les appétits. « En ce sens le châtiment dompte l'homme mais ne le rend pas `meilleur', - on pourrait avec plus de raison, prétendre le contraire (`dommage rend sage', dit le peuple : mais dans la mesure qu'il rend sage il rend mauvais. Par bonheur, il arrive assez souvent qu'il rende stupide.) »80(*)

* 75 Ibid., p. 130.

* 76 Ibid., p. 131.

* 77 Ibid., p. 132.

* 78 Ibid., p. 133.

* 79 Ibid., p. 134.

* 80 Ibid., p. 135.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon