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L'énergie et le processus de mise en valeur du Cameroun français (1946-1959)

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par Moà¯se Williams Pokam Kamdem
Université de Dschang - Maitrise 2007
  

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Annexe 3 : Extrait du plan général d'équipement du Cameroun

INTRODUCTION

La loi du 30 Avril 1946 disposait dans son article 1er, que le Ministre de la France d'Outre-mer devait établir pour chacun des Territoires relevant de son autorité des plans de développement économique et social portant sur une période de 10 années

L'intervention des réformes politiques et les pouvoirs attribués aux Assemblées locales ont conduit à demander aux Territoires eux-mêmes, dans le cadre de directives communes, de penser leur propre avenir et de bâtir leur plan de développement.

Deux plans d'équipement furent soumis à l'Assemblées Représentative du Cameroun et au développement en 1946 puis en 1948, mais ne furent pas présenté à l'approbation des Assemblées parlementaires selon les formes prescrites par la loi.

L'expérience des premières années d'exécution du plan permet, semble-t-il, au moment où est fait le point des premiers travaux et à la veille d'entreprendre une deuxième tranche de réalisation, d'exposer les caractéristiques essentielles du plan général d'équipement du Territoire.

Avant de faire, dans cette introduction, quelques remarques générales sur la présentation de l'ouvrage et de brosser un tableau du Cameroun économique et humain, on essayera de définir les principes et les méthodes de ses plans où l'esprit géométrique et l'esprit de finesse, la souplesse et la rigueur, doivent, tour à tour s'opposer et se combiner.

Si un plan doit être en quelques sortes une projection dans l'avenir, une création de la pensée, de l'imagination généreuse et de la foi, ce ne peut être que sur le contrôle de ses pratiques et de ses méthodes.

C'est d'abord un inventaire des besoins et des ressources et la désignation exacte des objectifs à atteindre. C'est un rappel constant et de tous les moments du devoir de tous, car le plan comporte une échéance, il convient de présenter à l'échéance des traites honorées.

C'est également un ensemble hiérarchisé où les différentes urgences nées de l'inventaire doivent se situer chacune à leur place. C'est commande un choix d'homme, un jugement de valeur que l'on porte sur les choses et sur les besoins des hommes.

C'est aussi une discipline, car il n'y a pas de Plan s'il n'y a pas d'obéissance au Plan.

C'est enfin la définition et la création des moyens à mettre en oeuvre, et notamment de l'instrument financier.

Le plan, tel qu'il a été conçu en 1946, associe dans un développement concomitant l'économique et le social; c'est dans une large mesure l'économique qui gage le politique et qui rente le social.

Un développement économique, sans un développement social correspondant constituerait, une oeuvre imparfaite.

Un développement social qui ne prendrait pas appui sur un développement économique solide créerait une oeuvre vaine et fragile et préparerait des déconvenues.

Ces principes une fois rappelés, les méthodes simples et de bon sens qui président à la réalisation du Plan s'appuient sur la notion d'un grand ensemble économique constituant un tout exploitable.

Cette notion suppose certaines conditions qui sont l'emploi rationnel de la main-d'oeuvre, la rentabilité et le rendement optimum. Ces conditions seront satisfaisantes si, au premier rang des préoccupations est inscrite une espèce de règle d'or qui sera la recherche à tous les moments de la concentration des efforts et des moyens, la discipline de travail et l'intégration dans un tout cohérent des projets du secteur public, du secteur mixte et du secteur privé.

Il ne faudrait pas conclure, cependant, qu'en vertu de ces principes et de ces méthodes, l'action est enfermée dans des règles trop rigides. Le Plan doit conserver une certaine adaptabilité et une certaine souplesse.

Le Cameroun n'est pas, en effet, un pays où l'inventaire économique est définitivement établi. Aucune comparaison n'est possible avec les vieux pays d'Europe dont toutes les richesses existantes ou potentielles sont cataloguées et classées, où chaque besogne a son titulaire bien spécialisé.

On doit, par conséquent, faire face parfois à des situations imprévues, à des à-coups dus au milieu physique ou au milieu humain. Il faut donc conserver cette possibilité d'adapter à tous moments le Plan sans pour autant renoncer de façon décisive aux éléments de doctrine décrits plus haut.

Ces éléments caractérisant le Plan comme moyen. Mais une mûri et adopté, il devient une fin en soi, dès lors qu'il s'est donné pour objectif majeur et constant d'apporter des solutions aux trois grands problèmes qui dominent toute action humaine dans ce Territoire, à ces trois constantes qui sont l'homme, le sol et la distance, et qui combinent à chaque instant leurs effets : l'homme inscrit son action sur le sol, la distance le sépare des autres hommes.

Il faut vaincre la distance, maîtriser le sol pour que l'homme vive mieux, et sur un sol rénové, sur une distance comblée et presque vaincue, il sera possible d'assurer à l'homme, but et moyen des conditions nouvelles de vie, toutes les chances de sa destinée.

Si le Cameroun offre bien des richesses naturelles encore inexploitées, il présente certains obstacles et caractéristiques qu'il faut avoir présents à l'esprit, de façon à y adapter les ensembles à mettre en oeuvre.

Situé entre l'Afrique Equatoriale Française et le Nigéria, le Cameroun dessine un triangle de 452.000 km2, dont la base s'appuie sur le deuxième degré de latitude Nord et le sommet rejoint le lac Tchad un peu en dessous du treizième parallèle. Il baigne dans l'Océan Atlantique par 200 kms de côte et sa population est de 3 millions d'habitants dont 12.000 Européens en 1950.

Au point de vue géologique, la presque totalité du Cameroun appartient au socle primaire africain tâcheté de roches volcaniques par places (Mont Cameroun, Falaise de Ngaoundéré). Cet ensemble primaire est complété par 3 bassins sédimentaires.

-celui du Sud-Ouest (Douala) où se jettent les principaux cours d'eau du Cameroun

- celui du Nord, le long du Logone jusqu'au lac Tchad,

- celui de Garoua, sur la Bénoué.

Le relief est élevé (chaînes de l'Ouest de 1.500 à 2.000 mètres, plateau central de 800 à 1.500 mètres) et tombe brusquement sur la rive gauche de la Bénoué tandis que le massif montagneux de l'Ouest descend en gradins vers la plaine côtière, étroite et marécageuse.

En raison de ces traits du relief, le réseau hydrographique apparaît sans aucune unité, le plateau central étant un centre de dispersion des cours d'eau : - Bassin de 1'0céan avec le Wouri, la Sanaga, le Nyong, le Ntem, tous barrés de chutes et de rapides aux approches de la mer

- Bassin du Congo, avec la Sangha

- Bassin du Logone, se dirigeant vers le Lac Tchad

-Bassin de la Bénoué, rivière praticable pendant 2 mois entre Garoua et l'Océan.

Le climat, comme celui de toutes ces régions de l'Afrique, se modifie largement à mesure que l'on va vers le Nord.

Au Sud, en raison de la présence de massifs montagneux élevés (Mont Cameroun: 4.000 mètres) et de l'indentation de la côte les précipitations sont considérables (Douala de 4 à 6 m d'eau par an avec une température moyenne de 26°). Sur les plateaux, à la limite de la forêt équatoriale, Yaoundé a une température moyenne de 22° et reçoit 1 m 50 de pluie par an.

Dans les montagnes de l'Ouest, Dschang à 1.400 mètres d'altitude, voit la température s'abaisser à 20° (minimum absolu de 9°) avec 2 mètres de pluie.

Au Nord, enfin, Maroua présente toutes les caractéristiques d'un climat Soudanien avec 80 cms de pluie par an et une température moyenne de 29°.

Tous ces traits, climat, sol et réseau hydrographique, font apparaître le manque d'unité géographique du Cameroun.

On peut y distinguer 4 régions fort dissemblables les unes des autres :

- La Région Sud, forêt équatoriale dense, tombant jusqu'à la mer, climat chaud et humide, terre riches et peuplées dans la partie Ouest, désertes à l'Est (15 à 20 habitants au km2 entre Yaoundé, et Douala).

- La Région montagneuse de l'Ouest, au climat très frais, humide et brumeux, composée partie terres volcaniques extrêmement fertiles et possédant une population très dense (50 habitants km2 régions de Dschang).

-La région centrale du haut plateau, entre Sanaga et Bénoué, de climat sec et de sol en partie latéritique, est au contraire le domaine de ,la savane de moins en moins arbustive à mesure que va vers le Nord. La population est peu dense, certaines zones étant même totalement inhabitées (en moyenne 2 à 3 habitants au km2).

-Au Nord de la Bénoué, comme dans les régions du Logone et du Tchad la savane devient peu arbustive et les épineux apparaissent. Le pays bien drainé par les affluents du Logone et de la Bénoué, est le domaine du bétail. Il possède une population dense (15 à 20 habitants au km2).

Ainsi peut se concrétiser la physionomie du Territoire :

Une zone sans habitants, constituée par le plateau central et le massif forestier de l'Est et deux pôles attractifs, l'un au Nord, d'économie pastorale, l'autre au Sud-Ouest plus important, possédant à la fois une population dense et d'intéressantes ressources naturelles ; il est desservi cependant par de grandes difficultés de pénétration et un climat particulièrement humide.

Ces caractéristiques vont dicter impérativement l'orientation à donner aux travaux d'infrastructure ainsi qu'on aura l'occasion de le constater ultérieurement.

Quant à la physionomie économique du Cameroun, elle était, jusqu'en 1946, essentiellement une économie de cueillette et de traite dont le port de Douala était le coeur et la raison d'être. Toute la production intérieure convergeait vers Douala d'où se répandait, en retour, sur le pays, une importation" de traite".

Mais l'exploitation des richesses forestières restait rudimentaire et se bornait à l'exportation des grumes de bois précieux, Quant à l'extraction minière, elle ne représentait qu'une très faible partie du revenu du Territoire. Le Cheptel du Nord, quoique valorisé par une lutte efficace contre les épizooties, restait exploité sur les axes traditionnels de Kano et de Fort-Lamy, sans bénéfices pour la partie Sud du Territoire.

L'équipement économique répondait aux exigences de ces activités agricoles et forestières et se concentrait sur les axes d'évacuation ferroviaires et routiers.

Au total, économie précaire éminemment vulnérable et qui n'impliquait la mise en valeur que d'une partie du Territoire, ce qu'on appelle le "Cameroun utile" et qui est limitée à une bande, de 300 kms autour de Douala.

Enfin, la division du Cameroun en deux parties, Nord et Sud, sensiblement égales en populations, différenciées par leurs coutumes, leurs productions, leurs langues et leurs religions correspond, au point de vue humain, à deux ensembles indépendants l'un de l'autre:

- au Nord, la majorité de la population est musulmane, et reste attachée à une économie basée sur l'élevage; elle répugne à sortir de son cadre naturel.

- au Sud, les populations animistes ou christianisées, quittent volontiers leur terroir pour s'employer soit dans les villes, soit sur les plantations. Parmi les habitants de ces régions, mention doit être faite des Bamiléké des collines de l'Ouest qui sont bons cultivateurs et commerçants avisés.

C'est sur ce fond de décor que s'applique le plan général, de développement économique et social du Cameroun inaugurant une période de plein emploi économique, de mise en valeur rationnelle des richesses du Cameroun utile et associant, par une infrastructure moderne les activités pastorales et agricoles des populations du Nord et du Sud.

Quelques remarques seront faites, pour terminer, sur la présentation et le fond de cet ouvrage.

La définition adoptée pour le Plan est celle donnée dans la circulaire d'application du décret n°49 - 732 du 3 Juin 1949 :

"Les Plans expriment essentiellement le sens dans lequel doivent tendre les efforts de développement, indiquent les volumes respectifs des différents ensembles à promouvoir, ainsi que les principales réalisations qui les constitueront."

C'est très exactement dans cet esprit qu'est rédigé le présent Plan Général de Développement Economique et Social du Cameroun.

La première remarque à faire est que le coût des projets dont la description est donnée dans les chapitres suivants garde un certain caractère approximatif. Il ne s'agit nullement d'un devis précis. On s'est donc attaché à respecter les grandes masses de crédits à attribuer à chacun, des secteurs de développement.

Deuxièmement, a été soulignée la diversité des moyens de financement auxquels le Territoire a recours, qu'il s'agisse des capitaux mis à la disposition du Territoire par le FIDES ou des investissements privés ou des différentes facilités accordées par des organismes de crédits tels que la Caisse Centrale de la France d'Outre-Mer, ou bien encore des fonds investis en biens d'équipement par le Territoire lui-même.

Cet aspect financier explique que le titre "Plan Général" a été substitué à celui de "Plan d'équipement" de façon à souligner clairement qui ont été décrites dans toute la mesure du possible toutes les opérations concourant au développement du Territoire et non pas seulement celles financées par le FIDES. Il est à noter à ce sujet, que tel ou tel projet a été mis à la charge du FIDES ou du Territoire, mais il est fort possible qu'a l'exécution, compte tenu des circonstances du moment, le projet en question soit financé sur un autre fonds que celui prévu initialement. Là encore, ce qu'il est intéressant de retenir, c'est le chiffre global qui, en définitive, sera investi.

Une troisième observation est faite quant au rythme des investissements et des travaux. A additionner la cadence des réalisations souhaitées par chaque Service, il semblait, en 1947, qu'on devait enregistrer une très forte pointe de consommation des crédits en 1950-52. En réalité, ce n'est pas sous cette forme qu'il convient d'aborder le problème, mais au contraire de partir de la notion de capacité d'exécution du territoire, constituée par l'ensemble des moyens de consommation de crédits que représentent l'équipement des services en personnel et les outillages des entreprises chargées des grands travaux. C'est une observation de fait qui amène à considérer cette capacité de consommation du Territoire à 3,5 milliards par an.

La définition qui a été donnée du Plan et les observations faites ci-dessus dictent d'elles-mêmes le plan de l'ouvrage. Dans le cadre des grands chapitres consacrés au développement social, à la production et à l'infrastructure, seront décrits les projets (le projet étant un tout exploitable d'une manière autonome, ainsi qu'il est précisé dans la circulaire d'envoi du décret du 3 Juin 1949), les moyens à mettre en oeuvre pour leur réalisation et l'intérêt qu'ils présentent pour le Territoire.

Dans des chapitres de synthèse, tels que ceux relatifs à toutes les recherches entreprises au Territoire, aux moyens à mettre en oeuvre pour la réalisation du Plan, à la rentabilité globale des investissements à effectuer, on donnera un aperçu des travaux et les résultats d'ensemble du plan général de développement économique et social du Cameroun.

Source : ANY, 2AC49 (1) Introduction. Plan de modernisation. 1951.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus