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Pratiquer la psychologie clinique en institution hospitalière selon l'approche Lacanienne. Un à  un: cultiver la relation duelle pour favoriser l'expression de la singularité

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par Françoise Gady
Université Paris 8 - Master 2 professionnel psychologie clinique psychopathologie et psychothérapie 2007
  

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5. DISPOSITIF D'AIDE PSYCHOLOGIQUE

A l'hôpital de jour, il y a un suivi de la prise en charge psychologique : les consultations concernent le plus souvent des personnes séropositives ou à un stade plus avancé de la maladie Sida et le motif de consultation est souvent en lien avec la tristesse ou la dépression. Les traitements sous interféron ou autres molécules présentent de nombreux effets indésirables et l' « observance du traitement » appelle aussi souvent une aide psychothérapeutique

Dans cette institution aussi, la psychologue oriente sa pratique de la théorie psychanalytique lacanienne.

Elle est régulièrement amenée à poser des hypothèses concernant la structure psychique des personnes et à établir des diagnostics différentiels en ne se référant pas au DSM IV.

L'approche se veut éthique dans le sens où elle respecte le désir du patient, ne sachant pas à priori ce qui est bon pour lui ; il s'agit d'accueillir ce qui fait souffrir la personne en lui donnant la chance de construire elle-même ce qui l'aidera.

4.2 ANALYSE DE LA DEMANDE

La demande est un concept capital de la théorie lacanienne.

Il est nécessaire de savoir d'où émane la demande : du patient, des médecins, des infirmières, de la famille ? et surtout de quelle nature est la demande.

Lorsque la demande est formulée par les infirmiers, il s'agira de bien faire préciser pourquoi et comment ils en sont venus à noter un rendez-vous avec la psychologue pour ce patient et quelles sont leurs attentes :

> parfois, la personne a formulé explicitement la demande de rencontre d'une psychologue ;

> parfois les infirmiers ou le médecin ont identifié chez un patient des difficultés d'ordre psychologique(état anxio-dépressif, agressivité, mise en danger de soi et d'autrui par des conduite à risque ( rapports sexuels non protégés avec un ou des partenaires ignorant le statut sérologique du patient ; conduites addictives...) et ont proposé au patient d'en parler avec la psychologue.

Lors de l'accueil de tout nouveau patient, les infirmiers et les médecins donnent l'informationde l'existence des psychologues du service et des modalités de prise de rendezvous

En règle générale Mme Jammet rencontre les patients et leur fait une offre.

Elle reçoit ensuite les patients suite à leur demande ou rencontre les personnes qui lui ont été adressées par les équipes soignantes hospitalières.

Le dispositif d'aide psychologique repose donc dans un premier temps sur le travail des infirmiers et des médecins qui lors de leurs consultations repèrent une angoisse, une souffrance du patient et engagent alors une relation de soutien.

S'ils estiment que la relation de soutien ne parvient pas à apaiser l'angoisse ou la souffrance qu'ils perçoivent, alors ils propose au patient de rencontrer la psychologue du service (faisant alors référence à ce qui lui en avait été déjà dit lors du temps d'accueil).

Les soignants participent eux-même à des groupes de parole pour les aider dans leur propre engagement dans la relation aux patients :

> Tous les deux mois, un groupe de parole est animé par le psychiatre du service

> 8 fois par an, le réseau anime un groupe de parole auquel différents professionnels

participent, ce qui permet des échanges avec des personnes travaillant dans des

structures différentes.

Je n'ai pas assisté durant mon stage à ces groupes de parole déjà constitués mais le retour que les soignants m'en ont fait s'avère positif, surtout pour le groupe de parole du réseau où les infirmiers disent vraiment « pouvoir tout exprimer ».

On peut émettre l'hypothèse que ce groupe de parole hors institution permette d'atténuer des effets de « biais de désirabilité professionnelle » du groupe constitué de membres de la même équipe, animé de surcroît par le psychiatre du service...

Un psychiatre et deux psychologues font donc aussi partie du dispositif d'aide psychologique de l'hôpital de jour.

Mme Jammet (du CISIH) prend en charge les patients que lui adresse les médecins ou les infirmièr(e)s de l'équipe du professeur Morlat tandis que Mme Peyrucq (du GAPS) prend en charge les patients qui lui sont adressés par les médecins ou les infirmièr(e)s l'équipe médicale du professeur Longie-Boursier.

Chacune des deux psychologues a son propre bureau.

Selon les demi-journées de la semaine, le bureau de Mme Jammet est partagé avec d'autres intervenants.

Il devient ainsi le bureau des intervenants de l'association Mana, d'une assistante sociale ou d'autres intervenants.

Ce partage des locaux a entraîné quelques difficultés. Au niveau de l'agencement du bureau et de sa décoration par exemple, chaque intervenant a investi le lieu sans qu'une concertation préalable ait été organisée...

Le centre hospitalier universitaire est une « grosse institution » qui priorise une certaine rationalisation (des dépenses, des moyens, de l'occupation des locaux) reléguant parfois au second plan les personnes, les sujets, pourtant au coeur de tout projet organisationnel. Il s'ensuit une certaine instrumentalisation des relations qui entraîne le plus souvent des clivages préjudiciable au fonctionnement en équipe...

Au début de chaque demi-journée, Mme Jammet consulte un agenda à son nom situé dans le bureau infirmier pour prendre connaissance des rendez-vous du jour notés les jours précédents par les médecins ou les infirmier(e)s.

La plupart des patients sont des patients qu'elle suit sur plusieurs séances ; elle rencontre aussi des personnes pour un premier rendez-vous.

Il était convenu dans mon projet de stage qu'il se déroulerait sur quatre mois et que je reviendrai tout au long de l'année deux fois par mois de façon à pouvoir assurer seule la continuité du suivi de quelques personnes qui me seraient confiées( suivi supervisé bien sûr par Mme Jammet ).

La position d'un psychologue hospitalier à ses débuts : psychologue qui n'est pas attendu, dont personne ne sait tout à fait ce qu'on peut attendre de lui, à la différence d'une infirmière ou d'un agent de service hospitalier...

Il faut du temps pour que les médecins ou les infirmiers lui confient des patients...

La plage horaire du lundi matin permettait qu'ils notent sur le carnet de Mme Jammet des patients que j'allai rencontrer mais les pages du carnet restaient vides et mon premier travail de psychologue fut en quelque sorte de gérer ma propre déception et frustration de ne pouvoir mener des entretiens individuels auxquels j'aspirais tant !

Il faut peu de temps pour faire une offre à l'équipe mais beaucoup plus pour l'incarner :il ne s'agissait pas seulement de dire mais d'être...

Pour établir une relation de confiance nécessaire au travail en équipe, il est important de rencontrer chacun, de connaître les différentes personnes et probablement ainsi de se faire connaître aussi...

J'ai rencontré quelques médecins et pris la mesure de la relation étroite les liant à « leur » patient. De nombreux patients sont connus depuis de nombreuses années et les relations personnelles et professionnelles sont parfois bien enchevêtrées...

Tant du coté des médecins que des patients : ce patient artiste photographe envoie par exemple à son médecin dont il dit qu'il est « son sauveur » des photos de New York que ce dernier met en évidence dans son bureau ce dont le patient me dira avoir été particulièrement touché...

Un véritable attachement lie nombre de patients à leur médecin. La distance est difficile à maintenir ; des mécanismes de projection identification sont à l'oeuvre : ce médecin, par exemple demandant devant moi aux infirmières s'il est à « une distance trop ou pas assez proche de ses patients » recevant comme réponse de leur part : « Vous êtes souvent plus inquiet que vos patients »...

Les infirmiers semblent avoir une organisation du travail qui les protège un peu .En effet, les infirmier(e)s ne sont plus référents de patients spécifiques comme c'était le cas auparavant. Cela évite que le soignant ne soit exclusivement investi par le patient et facilite la continuité des soins en évitant que tel ou tel soignant ne soit le seul dépositaire d'un savoir sur le patient L'organisation est souple : il arrive qu'un(e) infirmier(e) rencontre plusieurs fois de suite le même patient mais ceci est alors parlé et n'a pas de caractère systématique.

La confiance qui s'établit entre les médecins et la psychologue à un impact sur le transfert à venir entre le patient et la thérapeute. Un transfert positif facilitera probablement l'installation du processus psychothérapeutique.

J'ai proposé aux infirmier(e)s d'assister aux consultations infirmières pour rencontrer des personnes et me présenter à elles.Les infirmier(e)s ont accepté mais avec beaucoup de méfiance au début comme en attestent leurs paroles telles que «vous venez nous observer» ; «vous allez nous interviewer».

Nous avons parlé de leurs craintes et petit à petit nous sommes arrivés à une collaboration intéressante dans la mesure où les infirmiers (lorsque nous le sentions nécessaire) me laissaient terminer la consultation sur un temps d'approche plus psychologique alors même qu'ils avaient pu développer un premier temps d'approche médicale ou éducative en ma présence.

En fin de stage, la crainte initiale des infirmier(e)s s'est dissipée au profit d'une reconnaissance de ma fonction de stagiaire psychologue et une complémentarité de rôle a pu se mettre en place : une infirmière m'a interpellée spontanément en revenant de sa consultation infirmière : « J'ai besoin de toi ; je viens de rencontrer un patient homosexuel qui a une très bonne situation professionnelle et qui a des conduites à risques car il a de nombreuses relations sexuelles avec de jeunes gens « paumés ».Il n'est pas satisfait de ces relations qu'il dit pourtant répéter « sans comprendre pourquoi ».Il aimerait en parler avec une psychologue et je lui ai proposé que tu ailles le voir : il est d'accord ».

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld