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Les femmes criminelles dans le film noir américain de 1940 à  1960

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par Fanny Pira
Université Sciences Humaines et Arts de Poitiers - Master histoire contemporaine 2007
  

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Chapitre III : Un obstacle à la liberté d'expression :

le Code Hays.

1) La création du Code Hays.

« Derriere l'apparence se trouve le secret ; et c'est toujours dans l'ombre que se déroule la véritable lutte pour le pouvoir. (...) C'est la civilisation entière qui se trouve remise en cause. L'ambivalence, la cruauté et l'insécurité caractérisent cette civilisation. Pour connaître la vérité derrière les masques, certains transgressent ces lois : cette transgression entraîne aussitôt une répression. »54

Et c'est en mettant à nu les ambiguïtés du monde qui nous gouverne, que le roman noir, puis le film noir, prennent valeur de témoignage impitoyable sur le temps.55

Toute recherche de la vérité est politique.

L'avènement et le développement de l'industrie cinématographique, va de pair avec la naissance du droit de regards des autorités.

Le Code Hays est un code d'auto-censure régissant la production des films, établi en mars 1930 et appliqué à partir de 1934, et crée par le sénateur William Hays, président de l'Association of Motion Picture Producers ainsi que The Motion Picture Producers and Distributors of America (MPPDA).

Avant d'aborder l'origine de ce texte, il faut noter que le cinéma est lié à la censure quasiment depuis sa naissance, et qu'à l'époque, elle se présente sous forme de commissions (depuis les années 1915, lors du lancement de The Birth of a Nation de D.W. Griffith).

« Dans les années 10-20, la censure passe progressivement des mains de fonctionnaires de police à celles de commissions ad hoc. Ce mouvement d'institutionnalisation est validé et encadré par la Cour Suprême, qui définit les motifs et les conditions du contrôle. »56

54 François Guérif, Le film noir américain, op. Cit. p. 24.

55 Ibid, p. 24

56 Olivier Caïra, Hollywood face à la censure, Discipline industrielle et innovation cinématographique 1915- 2004, Paris, CNRS Editions, Collection « Cinéma et audiovisuel », 2005, 283pp, p. 27.

Les autorités gouvernementales ont peur car :

« Le spectateur présente, individuellement ou collectivement, le risque de provoquer un désordre social, contre les lois écrites mais également contre les coutumes. »57

Donc, l'origine de ce texte n'est pas due au hasard.

Et si l'on rajoute à cela l'affaire Fatty Arbuckle, et les scandales qui ternissent la réputation d'Hollywood, la censure va pouvoir s'imposer en tant que Code, et perdurer dans le domaine du septième art.

« (...), le marketing des « stars » produit un phénomène inédit : l'arrivée de milliers de jeunes gens prêts à tenter leur chance auprès d'un producteur. (...) Le partage entre réalité et fantasme est flou, mais il est certain qu'Hollywood a crée le premier marché national de main d'oeuvre uniquement fondé sur l'apparence. »58

D'où le scandale de l'affaire Arbuckle, ou une jeune actrice est retrouvé inconsciente dans une chambre d'hôtel.

Cinq jours après, elle décède, sûrement à cause de son agresseur, reconnu comme Fatty Arbuckle.

Il finira par être acquitté, mais il ne pourra plus revenir à l'écran.

Le cinéma est donc scandaleux, tant par sa représentation à l'écran que par les personnes qui y travaillent.

Finalement c'est un texte d'auto-réglementation que l'industrie du film s'impose pour répondre aux critiques de plus en plus fortes contre la violence et la sexualité à l'écran.59

C'est en 1921 qu'éclorent « Les Treize Points ».

Les choses reconnues comme inacceptable prennent la forme d'une liste.

Puis en 1927, après avoir fait une enquête sur les principaux motifs d'intervention des commissions, William Hays crée les themes interdits (Dont's) et les sujets sensibles (Be carefuls).

En 1930, deux catholiques proposent à Hays un brouillon de ce qui deviendra le Code de Production.

« En 1931, le patron du F.B.I., Edgar Hoover, condamne « les films qui glorifient les
délinquants plutôt que les policiers », tandis que Will Hays, président de l'Association
américaine des producteurs et des distributeurs de films, déclare qu'il est « indésirable de

57 Ibid, p. 34.

58 Ibid, p. 34.

59 Michel Ciment, Le crime à l'écran, Une histoire de l'Amérique, op. Cit, p. 130.

donner trop d'importance aux gangsters dans la vie américaine ». Responsable du code de censure, il a veillé l'année précédente, après la premiere vague de films criminels, à ce que les regles formulent avec précision l'interdiction de montrer la vengeance par le meurtre, l'incendie volontaire, l'usage de la dynamite et les scenes sexuelles. Ce code n'entre en vigueur de façon rigoureuse qu'en 1934. Entre temps, la prohibition a été abolie par le Congrès, le 5décembre 1933, et les films de gangsters ont pratiquement disparu des écrans. »60

La rhétorique du Code de Production est nouvelle : elle préfigure un contrôle centré sur la réception des oeuvres et non sur le seul contenu.61

Cette démarche sera adopté à l'unanimité par le MPPDA en février 1930, et le Code ne sera utilisé en tant que liste jusqu'en 1934.

Pour Olivier Caïra, le Code innove par la portée qu'il donne à l'autorégulation.

Pour justifier cela, il cite quatre critères, qui sont : un choix de civilisation, un art sous contrainte morale, une responsabilité élargie « Le cinéma subit d'avantage la contrainte morale que le livre ou le théâtre parce que le film ne sélectionne pas son public : l'oeuvre peut atteindre tous les villages du pays, la réception ne suppose aucun apprentissage, les cinémas accueillent toutes les catégories de spectateurs, « matures, immatures, évoluées, frustes, respectueuses de la loi, criminelles ». »62, ainsi qu'un médium puissant.

Durant les premieres années, et ce des 1931, Hays demande à faire voter l'examen obligatoire des scripts.

Selon Olivier Caïra,

« L'effet le plus marquant du Code est qu'il devient la ressource critique centrale des commissions de censure et des groupes de pressions. »63

Puis en 1934, c'est l'entrée en vigueur du Code.

Il voit son statut de texte incitatif passer à « règlement intérieur » de l'industrie cinématographique.

Cette même année Hays promulgue à la tête d'un nouveau service, la Production Code Administration (PCA), Joseph I. Breen.

60 Ibid, p. 40.

61 Olivier Caïra, Hollywood face à la censure, Discipline industrielle et innovation cinématographique 1915- 2004, op. Cit, p. 39.

62 Ibid, p. 40.

63 Ibid, p. 42.

Ce dernier obtient le droit de délivrer un Sceau de conformité au Code de Production et donc ainsi d'imposer sa marque sur la production, ce qui oblige le contrôle des scripts et des films sous peine d'amende et d'exclusion des grands réseaux de salles.64

A partir de là, les films vont pouvoir être remaniés autant de fois que nécessaire pour obtenir l'approbation de PCA.65

Les thèmes principaux qui constituent le Code de Production, sont : le crime, le sexe, la brutalité, l'obscénité, le blasphème, les costumes, les danses, les religions, les emplacements, la fierté nationale, les titres, les sujets répugnants et la cruauté à l'égard des animaux.66

« Pour Breen, l'érotisme est plus dangereux que la violence, car cette dernière apparaît d'emblée comme détestable. Au contraire, la transgression sexuelle présente des attraits qu'il lui faut contrecarrer : « Une sympathie indue pour le pêcheur peut engendrer, par association d'idées ou sous l'emprise de l'émotion, une sympathie pour le pêché. De plus, une sympathie excessive pour le pêcheur suscite de l'antipathie pour les personnages bons, dont le devoir consiste à faire obstacle à son penchant. Une sympathie exagérée pour la femme adultère nous ferait détester l'époux fidèle. »

Ceci résume bien la démarche de Breen : abandon de l'approche béhavioriste au profit de motifs plus complexes (association d'idées, poids de l'émotion, etc.) ; élargissement du champ d'action de la PCA (ce ne sont plus les épisodes qu'il s'agit de contrôler mais les personnages et leurs interrelations) ; absence de coupure anthropologique entre un censeur « robuste » et des publics « fragiles ».67

Cependant, malgré sa main mise sur l'industrie cinématographique, le Code Hays va participer à créer le genre du film noir.

En effet, les réalisateurs, producteurs, scénaristes, qui par exemple veulent adopter des romans à l'écran, vont devoir s'adapter au Code, tout en faisant passer un message et ne pas dénaturer l'oeuvre originelle.

Ils vont donc user de différentes techniques, narratives, suggestives, esthétiques,....

64 Ibid, p. 67.

65 Ibid, p. 84.

66 Voir Annexe sur le Code Hays détaillé.

67 Olivier Caïra, Hollywood face à la censure, Discipline industrielle et innovation cinématographique 1915- 2004, op. Cit, p. 85.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams