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Les femmes criminelles dans le film noir américain de 1940 à  1960

( Télécharger le fichier original )
par Fanny Pira
Université Sciences Humaines et Arts de Poitiers - Master histoire contemporaine 2007
  

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2) Les limites du code de censure.

« Au tournant des années 1940, les adaptations de romans noirs, signés Cain, Hammett ou Chandler, laissent présager l'ouverture d'un nouveau front dans la campagne de la ligue de la Décence. C'est un nouveau genre criminel qui apparaît, et l'on peut craindre un embrasement censorial semblable à celui provoqué par les films de gangsters dans les années 1930-1932. Or, malgré les précautions dont seront entourés les premiers projets, le film noir ne suscitera que des escarmouches aux frontières de l'inacceptable. »68

Et comme le souligne également Olivier Caïra,

« A partir de 1941 apparaissent les premières failles du Code. Cette même année, John Huston signe, avec The Maltese Falcon, l'oeuvre pionnière du film noir hollywoodien. Curieusement, ce n'est pas ce retour du crime à l'écran qui va déclencher les crises les plus graves. »69

Avant d'atteindre ses limites dans les années 1948,

« Le Code Hays avait jeté l'interdit sur deux livres de Cain (Assurance sur la mort et Le facteur sonne toujours deux fois), pendant de nombreuses années. On comprend aisément pourquoi. Jamais le désir sexuel, qui trouve une espèce de sommet dans l'accomplissement du meurtre, n'avait été montré aussi crüment, loin de toute hypocrisie ou alibi sociologique quelconque.»70

Ces deux films, ainsi que Le roman de Mildred Pierce de 1945, ont été tourné de l'oeuvre d'origine.

Il semble intéressant de reprendre le travail de Olivier Caïra, sur l'influence qu'a eu le Code pour quelques uns des films étudiés dans ce travail de recherche, Assurance sur la mort, Le roman de Mildred Pierce, et Le facteur sonne toujours deux fois.

« Dès les années 1930, les romans de James M. Cain connaissent un important succès et les grands studios en acquièrent rapidement les droits. La MGM achète The Postman Always Rings Two Twice des 1934, mais Breen oppose un refus catégorique. L'année suivante, il interrompt les enchères entre cinq studios pour Double Indemnity. En 1941, Selznic rencontre une opposition ferme lorsqu'il s'intéresse à Mildred Pierce. Le veto de la PCA tient plusieurs

68 Olivier Caïra, Hollywood face à la censure, Discipline industrielle et innovation cinématographique 1915- 2004, op. Cit, p. 95.

69 Ibidem

70 François Guérif, Le film noir américain, op. Cit. p. 115.

années : le mélange de crime crapuleux et d'adultère qui caractérise les triangles amoureux de Cain comporte suffisamment d'infraction au Code pour dissuader les studios. »71

Finalement les projets finissent par aboutir mais sous certaines conditions en ce qui concerne l'adaptation des scénarios.

Pour Assurance sur la mort (1944), Billy Wilder et Raymond Chandler conservent le fil de l'intrigue,

« une femme fatale (Barbara Stanwyck) séduit Walter Neff (Fred Mc Murray), agent d'assurance, pour le pousser à tuer son mari ».72

Néanmoins, ils s'écartent du roman car dans l'original Walter Neff avoue son crime pour sauver la femme qu'il aime, puis après avoir été soutenue par la compagnie, ils quittent le pays et se suicident.

« Pour Breen, l'adultère et le meurtre ne sauraient échapper à la justice. Dans le film, le couple illicite se brise quand Neff découvre que sa complice veut l'assassiner : ils se tirent mutuellement dessus. Au lieu d'être exécuté dans la chambre à gaz, comme l'indique un script intermédiaire, Neff meurt de sa blessure en confessant ses crimes. Autre exigence de Breen : l'aveu ne doit pas être un acte d'amour. Wilder remodèle donc la relation entre Neff et la fille de sa victime : il la courtise uniquement pour l'empêcher de soupçonner sa belle-mère. Breen contrôle également les costumes de Barbara Stanwyck, élimine une remarque sur l'effacement des empreintes digitales, et Double Indemnity obtient le Sceau de la PCA. »73

En ce qui concerne le roman de Mildred Pierce (1945), son adaptation à elle aussi était arrangée.

L'histoire, une femme d'origine modeste quitte son mari car elle le soupçonne d'adultère. Elle épouse un autre homme, qu'elle va découvrir dans les bras de sa propre fille.

« Breen résiste sur plusieurs points : les relations hors mariage de Mildred, l'adultère de son premier mari, et « l'inceste légal » entre Monte et Veda. Jerry Wald de la Warner collabore donc avec le PCA des l'été 1943 pour éliminer chaque obstacle : Mildred décourage toute liaison avec Wally, la sexualité entre elle et Monte avant le mariage est éliminée, et l'adultère avec Veda n'est plus prémédité, car c'est Mildred qui vient de lui proposer le mariage après une longue rupture. Sur cette base, Wald achète les droits du roman, et poursuit les retouches : le premier époux de Mildred rejette l'accusation d'adultère et adopte une conduite exemplaire ; Veda tue Monte lorsqu'il veut rompre leur liaison, et Mildred tente d'endosser la

71 Olivier Caïra, Hollywood face à la censure, Discipline industrielle et innovation cinématographique 1915- 2004, op. Cit, p. 96.

72 Ibidem

73 Ibidem.

responsabilité du crime à sa place. Ces changements permettent de réunir le couple initial pour punir les amants. Le film s'ouvre sur le meurtre, puis se déroule en flash-back : la moralisation du texte de Cain s'accompagne d'une énigme totalement absente du roman. Sous l'effet de la contrainte d'acceptabilité, Mildred Pierce devient, à l'écran, une oeuvre nouvelle : là où la censure mutile, l'autorégulation peut enrichir. »74

Pour Le facteur sonne toujours deux fois, Breen accepte l'adaptation, mais seulement sous haute surveillance.

Dans ce film, un homme, Franck Chambers (John Garfield), qui voyage seul, est embauché dans un petit restaurant.

Ses patrons sont un couple, Nick (Cecil Kellaway) et Cora (Lana Turner). Cette dernière et Franck deviennent amants, et décident de tuer Nick dans un accident masqué.

La encore, comme l'appuie Olivier Caïra,

« Ce résumé laisse entrevoir les principaux éléments de dispute avec Breen : le fait qu'un héros-narrateur commette successivement l'adultère et le meurtre, le récit détaillé de la liaison et des crimes de Franck et Cora, et enfin l'image d'une justice aveugle, tombée aux mains des sophistes. (..) Tandis que la jeune femme travaille dur et souhaite développer le petit restaurant, Nick se montre indolent, avare et borné. La décision de le tuer est prise le soir où il annonce à Cora qu'ils partent au Canada afin qu'elle s'occupe de sa belle-soeur devenue invalide. (...) En voix-off, le vagabond assume sa fascination et son désir, tandis que la sexualité de Cora, élément central du roman, est gommée : Lana Turner apparaît dans 41 costumes, tous d'un blanc virginal. »75

« En marge du genre noir authentique, Le facteur sonne toujours deux fois, de Tay Garnett, tourné en 1946 d'après le roman de James Caïn, inaugure la série de psychologie criminelle « noircie » des années 46-48. L'oeuvre de Caïn avait déjà été adaptée deux fois : en 1939, par Pierre Chenal (Le dernier des tournant), en 1942 par Luchino Visconti (Ossessione). Il fallu attendre 1946 pour que l'office Hays lève un veto maintenu depuis 1937 et autorise les producteurs de la Metro à entreprendre une version américaine. C'est un signe du temps : le style nouveau avait tourné d'anciennes contraintes, acclimaté certaines audaces. Le theme de la femme qui encourage au meurtre venait d'être traité dans Murder my sweet d'Edward Dmytryk, et dans Double Indemnity, de Billy Wilder. »76

74 Ibid, pp. 96-97.

75 Ibid, p. 97.

76 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p.85.

Le Code de Production essaye de définir plus clairement les fonctions et le rôle des personnages.

D'autres films qui concernent ce travail de recherche ont été ficelés par le Code.

On retrouve Le faucon maltais, Péché Mortel, La dame de Shanghai, Shanghai Express.

C'est à partir des années cinquante que système centralisé et personnalisé perd de sa pertinence.

« Avec la concurrence de la télévision et des cinématographies étrangères, l'activité des studios ralentit : de 1950 à 1959, la production annuelle passe de 320 à 189 films et un quart des salles disparaît. L'affluence chute de 90 millions de tickets par semaine en 1946 à 40 millions en 1960. (...) La Cour Suprême bouleverse les règles de l'industrie en 1948, puis celles de la censure en 1952. Elle ouvre le marché à des productions étrangères et indépendantes qui feront s'écrouler l'édifice hollywoodien du « cinéma familial ».77

Le Code perd donc de plus en plus d'influence, et par exemple, En quatrième vitesse de 1955, est très critiqué.

Ce film reprend le mythe de boîte de Pandore, avec pour fin, l'ouverture d'un coffret convoité qui renferme une mini bombe atomique, par une femme sans scrupule et prête à tout pour arriver à ses fins.

Dorénavant, les grands studios pourront contourner la PCA.

Le Code de Production ne peut pas jouer indéfiniment un rôle paternaliste.

Malgré cette diminution de son emprise, le Code a tout de même était parallèle au film noir. Les réalisateurs, et scénaristes, ont donc « rusé », pour faire leurs films, surtout en ce qui concerne la représentation de la femme, en particulier criminelle.

« Au cinéma, il a fallu procéder par allusion, beaucoup plus que par description directe. Il aurait été vraiment trop contraire aux bonnes moeurs de dire, dans le film, que La Dame de Shanghai était une ancienne pensionnaire des maisons closes de Shanghai. D'ailleurs, Rita Hayworth aurait peut-être refusé le rôle. Pourtant la censure a eu paradoxalement un effet positif : en matière de sensualité, le sous-entendu ne pouvait qu'ajouter à l'éclairage un effet trouble, au pouvoir de suggestion des images. »78

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus