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Les femmes criminelles dans le film noir américain de 1940 à  1960

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par Fanny Pira
Université Sciences Humaines et Arts de Poitiers - Master histoire contemporaine 2007
  

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DEUXIEME PARTIE :

« LES FEMMES,

A MAGNIFICIENT OBSESSION »

(DOUGLAS SIRK).

Chapitre IV : Les femmes criminelles, un

fantasme pour les réalisateurs.

1) Une fascination pour les femmes.

« La femme pour le héros du cinéma américain, est comme disait Douglas Sirk, une Magnificient Obsession. »79

Et après tout, un film n'est jamais qu'une manière de représenter le monde.

« Comme le dit Bogart dans Le violent, la vérité est toujours à l'apanage de celui qui raconte la meilleure histoire. C'est la même chose pour les réalisateurs. Ces artistes ont mis tant de vigueur à rassembler les éléments essentiels du film noir que leur vision occupe désormais une place de choix dans la culture populaire.

Certains réalisateurs ont contribué de manière notoire au film noir et à différents genre cinématographique. D'autres n'ont produit des oeuvres mémorables que lorsqu'ils s'aventuraient sur ce terrain particulièrement sombre.

Mais peut importe : tous savaient accrocher le public et, surtout, le retenir. »80

La place que donne le film noir aux femmes est révélatrice de l'ensemble d'un système sociétal et en dit finalement long sur les hommes eux-mêmes.

Car les auteurs de film noir considérés ici sont tous des hommes qui en définitive projettent leurs propres fantasmes.

79 Michel Cieutat, Les grands thèmes du cinéma américain, Tome 2 : Ambivalence et croyances, Paris, Les Editions du cerf, 1991, 443 pp, pp. 58-59.

80 Eddie Muller, L'art du film noir, Les affiches de l'ge d'or du film policier, Toledo (Espagne), Editions Calmann-Lévy, 2002, 272 p. p. 224.

Finalement, il est intéressant de remarquer que les films noirs livrent une version masculine de la femme, et que cela peut sans doute expliquer le sentiment de caricature ou d'exagération.

La manière qu'ont les réalisateurs de mettre en scene et de représenter les femmes en apprend finalement beaucoup sur eux.

Car la plus part du temps, les personnages féminins reflètent un portrait moqueur et critiques de la part des hommes.

Dans Un si doux visage d'Otto Preminger, Jean Simmons, est vraiment représentée comme le « Mal » à l'état pur.

L'actrice détestait Otto Preminger :

« il harcelait sans cesse la jeune actrice de vingt-trois ans - jusqu'à ce que Robert Mitchum menace Otto Preminger de lui casser la figure ! »81

Orson Welles, quant à lui fut marié à Rita Hayworth.

« Le patron de la Columbia, Harry Cohn, était furieux de voir sa plus grande star, Rita Hayworth, épouser Orson Welles. Et il détesta le film qu'ils tournèrent ensemble, au point d'en couper près de la moitié. Welles eut le dernier mot : sa vision était trop audacieuse pour être profanée. »82

Dans ce film Orson Welles lui-même joue le rôle du héros masculin.

François Guérif à propos de La dame de Shanghai :

« (...) la créature de rêve est devenue une femme suppliante qui rampe sur le sol en murmurant : « Le mal est en moi. »

Sans doute par un réflexe purement masculin, a-t-on voulu faire porter la faute à Eve et l'humilier une fois en un dernier instant. Mais sans doute également n'a-t-on jamais avoué aussi clairement que l'amour était une sorte de malédiction et que l'envoütement par une femme mythique et irréelle menait à la folie. »83

Et pour Raymond Borde et Etienne Chaumeton,

« La dame de Shanghai est un film noir, au plein sens du terme. Mais la personnalité du metteur en scène éclate à chaque pas, déborde les cadres de la série, et fuse en maintes suites d'images merveilleuses.»84

81 Eddie Muller, L'art du film noir, Les affiches de l'ge d'or du film policier, op. Cit, p. 251.

82 Ibid, p.267.

83 François Guérif, Le film noir américain, op. Cit. p. 135.

84 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p. 74.

Dans Le facteur sonne toujours deux fois, Tay Garnett justifie son choix d'avoir habillé tout de blanc Lana Turner.

« Habiller Lana en blanc la faisait paraître en quelque sorte moins sensuelle. C'était aussi séduisant en diable. Et tous les actes qu'elle commettait semblaient moins la souillée. "85 Selon Raymond Borde et Etienne Chaumeton,

« D'un noir aussi pur, le personnage de Cora était au contraire typiquement quotidien. Et Lana Turner, presque toujours habillée de blanc, le parfait de sa plastique, de ses mouvements de hanches. On cherchait, d'instinct, à deviner sous cette blancheur la rondeur d'un sein ou la ligne des fesses. Mais c'étaient le sein, les fesses d'une criminelle, et le slogan du lancement du film aurait pu être en somme : « Si vous l'aviez connue, vous auriez fait comme lui ", ou « Le crime passionnel à la portée de tous ". "86

Marilyn Monroe représente bien cet aspect sexuel et érotique dans Niagara.

Henry Hathaway la rend paradoxale, car dans ce film noir, elle semble l'illuminé par sa beauté, ses sourires, sa nonchalance (lorsqu'elle sort de la douche, cigarette à la main), l'effet qu'elle produit sur les autres personnages est assez fort, ils la subliment, alors que dans l'intimité, dans la chambre d'hôtel qu'elle occupe avec son mari, on découvre une face cachée, et l'on se rend compte qu'elle projette des desseins beaucoup plus sombres.

« Enfin, l'hystérie de Marilyn Monroe en train de chanter « Kiss me ", son agitation voluptueuse dans un lit d'hôpital, renouvellent heureusement le répertoire érotique. "87

Dans Shanghai, les personnages féminins principaux sont trois femmes « de mauvaise vie ".

Mother Gin Sling (Ona Munson) est la patronne d'une maison de jeux clandestine, Poppy est une enfant « pourrie gâtée " par son père et n'a aucune notion de la valeur de l'argent, elle est vénale, et enfin Phyllis Brooks joue le rôle d'une prostituée, une fille un peu perdue qui doit quitter la ville car elle n'est pas en regle.

Ici, Joseph von Sternberg dresse un portrait très noir des femmes, même si à l'origine il a tourné Shanghai d'après une pièce de théâtre.

« Shanghai est un film à part. Noir par bien des côtés, il reste pourtant et avant tout une oeuvre
de Sternberg. On y retrouve cet exotisme sensuel d'un univers aux moeurs barbares, ces fêtes

85 Olivier Caïra, Hollywood face à la censure, Discipline industrielle et innovation cinématographique 1915- 2004, op. Cit, pp. 97-98.

86 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p. 86.

87 Ibid, p. 134.

peuplées de femmes voluptueuses et chamarrées, cette magie trouble où l'auteur se complet. Et ce film est de sa part une sorte d'adieu frénétique, au seuil d'un exil de dix ans, puisqu'il ne reprendra la mise en scene qu'en 1951. »88

En ce qui concerne John Huston, avec Le faucon maltais, il est plus ou moins le premier de « la série des films noirs », et le rôle qu'il donne à Mary Astor est peut-être le moins négatif de tous les films étudiés ici.

Mary Astor y joue une femme futée et intelligente, usant de ses charmes pour se mettre Humphrey Bogart « dans la poche ».

Mais elle n'a pas l'impact sexuel des femmes criminelles d'après 1944.

Cette oeuvre est plutôt basée sur la psychologie en tant que tel des personnages Mary Astor est une menteuse pathologique), et à cette période, le détective domine encore sur les rôles des femmes criminelles.

Billy Wilder, offre le portrait d'une femme cupide, existante, avide de jouissance mais sans doute frigide dans Assurance sur la mort.89

Ici il crée le mythe de la tueuse blonde, et use de différentes esthétiques pour tourner certains plans, comme le balayage de la caméra, qui remonte des chevilles au visage de Barbara Stanwyck.

L'image qu'il donne de la femme est assez osée, car Barbara Stanwyck représente une femme nymphomane, guidée par ses pulsions.

« Cependant, Double Indemnity n'est pas seulement novateur dans son audace à montrer la contagion du mal par le désir sexuel et la cupidité de personnages cyniques. Il l'est par le regard du cinéaste. Wilder n'a rien d'un humaniste ou d'un moraliste. »90

Dans Pêché mortel, John Stahl pour sa part, nous livre également une femme plutôt instable, sur le plan de ses émotions, de ses réactions.

Elle est également manipulatrice, rongée par la jalousie et égocentrique.

Encore un portrait qui offre une vision négative des femmes.

Enfin, dans En quatrième vitesse, Robert Aldrich atteint les sommets dans la représentation de la femme ainsi que de tous les autres personnages.

88 Ibid, P. 43.

89 Ibid, p.54.

90 Noël Simsolo, Le Film Noir, Vrais et faux cauchemars, op. Cit p. 150.

En effet, il n'y a plus de bons ni méchants, mais des êtres déshumanisés qui se battent pour acquérir un pouvoir.91

En effet, tous sont à la recherche d'un fameux coffret, qui contient non pas un trésor, mais une mini bombe atomique.

Le point commun que l'on retrouve donc dans ces films, est que les réalisateurs n'hésitent pas à jouer avec la suggestion.

De part l'omniprésence du Code Hays, ils détournent les regles, et créer de par la même occasion une façon nouvelle de représenter les femmes.

« Pourtant la censure a eu paradoxalement un effet positif en matière de sensualité, le sousentendu ne pouvait qu'ajouter à l'éclairage trouble, au pouvoir de suggestion des images. »92 Elles deviennent encore plus troublantes, car plus mystérieuses et « prudes » en apparence. Finalement elles font un peu peur aux hommes et c'est cela qui les attirent, le danger qu'elle représente pour leur vie, ce qui leur procure une certaine excitation.

Les femmes sont comme des terres inconnues, dont on ne connaît pas les frontières, les dangers, les pièges dissimulés, elles sont à conquérir, mais avec prudence.

C'est pourquoi certains héros masculins du film noir doivent se dire qu'ils pourront influencer le destin de ces femmes dangereuses, qu'elles succomberont à leur charme, mais ce n'est que vanité.

Car ces femmes ne pourront jamais changer, si elles se sont déjà marier une fois, ce n'est pas le second qui y arrivera à les « amadouer ».

Ces hommes tombent donc leur filet et sous leur charme, qu'elle-même n'ont pas toujours conscience d'avoir.

Cette fascination pour les femmes est directement liée aux émotions que les images produisent sur les spectateurs.

91 François Guérif, Le film noir américain, op. Cit. p. 254.

92 Ibid, p.19

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote