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VIH/sida: défi au développement de l'Afrique. Une étude de l'impact économique et social de la pandémie au Rwanda

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par Michel Segatagara KAMANZI
Université pontificale grégorienne - Licence en sciences sociales 2003
  

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2.3.2 Le secteur de la santé

Le secteur de la santé constitue également un secteur clé pour le développement et le bien-être général de toute la population. La bonne santé de la population est une condition sine qua non à toute activité économique car sans hommes sains on ne peut rien envisager en termes de production, distribution et consommation des biens et services en vue de la satisfaction des besoins de la société. Mais pendant longtemps, au niveau international, la dimension santé n'a pas été prise en considération comme un élément essentiel pour le développement d'une nation. C'est seulement au début des années 1990 que le PNUD a intégré, dans son nouvel indicateur du développement humain (IDH), la dimension santé à côté du niveau d'éducation et du traditionnel PIB per capita (Produit Intérieur Brut par habitant). En effet, les institutions financières internationales, notamment le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale, ne considéraient que la croissance du PIB par habitant comme indicateur du développement d'une nation. Ils ont souvent négligé les aspects qualitatifs du développement comme l'éducation, la santé et les droits humains. Le PNUD a tenté de remédier à cette situation à travers l'IDH, un indice composite qui, en plus de la croissance du PIB par habitant, prend en compte le taux d'alphabétisation et l'espérance de vie à la naissance. C'est en particulier l'espérance de

120 MINISTERE DES FINANCES ET DE LA PLANIFICATION ECONOMIQUE, Indicateurs de développement du Rwanda 2001, Juillet 2001, p. 291.

vie à la naissance qui mesure les conditions générales des populations, notamment les conditions sanitaires.

L'espérance de vie au Rwanda est continuellement en baisse depuis les années 1970. Elle était estimée à 44,6 ans entre 1970 et 1975, et 20 ans après, pour la période allant de 1995 à 2000, elle est estimée à 39,4 ans121. Cette baisse de l'espérance de vie à la naissance est en partie due à la guerre et au génocide de 1994, mais aussi à la progression du VIH/SIDA avec ses conséquences directes sur la santé de la population. Une étude de la corrélation existante entre l'expansion du VIH/SIDA au Rwanda et la diminution de l'espérance de vie à la naissance, est en effet positive, montrant clairement, comme cela est d'ailleurs prévisible, que l'épidémie du VIH/SIDA a sérieusement détérioré les conditions sanitaires au Rwanda. En témoigne aussi l'analyse faite par Véronique Mugisha, directrice du service d'épidémiologie et d'hygiene publique au Ministère de la santé, qui constate qu'en 1990, les lits d'hôpitaux étaient occupés à 40% par des malades du SIDA et que, en 2000, au CHK de Kigali, le pourcentage est passé à 80%122. Le secteur de la santé est pratiquement dépassé par la croissance de l'épidémie du VIH/SIDA et ne peut y faire face seul. Et, du côté du gouvernement, la réponse, notamment à travers l'allocation des ressources supplémentaires au secteur sanitaire pour faire face à cette situation d'urgence, semble encore très timide. Voyons de manière synthétique, l'évolution des dépenses publiques en matière de santé au cours de la dernière décennie.

Années

 

1

 

1

 

1

 

2

 

990

 

995

 

999

 

000

 

Dépenses de santé en million de Frw (valeur actualisée)

 

1

 

1

 

3

 

3

 

,003

 

,738

 

,720

 

,660

 

% de dépenses de santé par rapport au total

 

2

 

2

 

3

 

3

 

,3

 

,5

 

,4

 

,1

 

121 Cf. PNUD, Rapport mondial sur le Développement Humain 2002, De Boeck, Bruxelles, 2002.

122 V. MUGISHA, « La situation de l'épidémie du VIH/SIDA et sa dynamique au Rwanda », in actes de l'atelier des ouvriers apostoliques sur la pastorale de lutte contre le VIH/SIDA, Archidiocèse de Kigali, 17- 20 Octobre 2000, p.6.

% de dépenses de santé par rapport au PIB

 

0

 

0

 

0

 

0

 

,5

 

,5

 

,7

 

,6

 

Dépenses de santé par personne ($US)

 

1

 

1

 

1

 

1

 

,8

 

,1

 

,4

 

,2

 

Source :Ministère de la santé (MINISANTE)

Après une nette augmentation de la part du budget destinée au secteur sanitaire au cours des années allant de 1990 à 1999, on a assisté, par la suite, à une baisse des dépenses du gouvernement pour la santé passant de 3,720 millions de Francs rwandais en 1999 à 3,660 millions en 2000. Au niveau du PIB, il y a eu aussi une baisse de 0,7% en 1999 à 0,6% en 2000, tandis que la moyenne de ces dépenses pour les autres pays de l'Afrique subsaharienne était estimée à 2% du PIB pour l'année 2000124. Les récentes statistiques du Ministère des finances estiment que le pourcentage des dépenses de santé par rapport au PIB est même descendu jusqu'à 0,4% pour l'année 2001125, atteignant ainsi le niveau le plus bas depuis 1990, tandis que la malaria et le SIDA continuent de tuer de nombreux rwandais et rwandaises. En 2000, le Ministère de la santé rapportait que le nombre des personnes atteints de paludisme était d'environ 480 569 et l'ONUSIDA, dans son rapport de l'année 2002, estimait à 49 000, le nombre de décès düs au SIDA à la fin de l'année 2001. Pour cette même année 2001, le nombre des décès général était estimé à 156 000126.

Ces quelques chiffres prouvent à suffisance la nécessité d'allouer beaucoup plus de ressources au secteur sanitaire pour combattre de manière plus directe ces maladies qui déciment la population rwandaise. Il est étonnant, en comparant les dépenses nationales, de voir comment celles destinées au service de la dette127 sont supérieures et en augmentation par rapport à celle consacrées à la santé. En effet, le service de la dette est passé de 39,5 million de $US en 1999 à 48,1 million de $US en 2000, tandis que les dépenses de santé

123 Cf. MINISTERE DES FINANCES ET DE LA PLANIFICATION ECONOMIQUE, Indicateurs de développement du Rwanda 2001, Juillet 2001, p. 278.

124 Ibid., p.2.

125 Ibid.

126 Cf. POPULATION REFERENCE BUREAU, 2001 World Population Data Sheet. Disponible sur Internet: < http://www.prb.org/pdf/Rwanda_Fr.pdf>

127 Le service de la dette est la somme versée chaque année au titre des remboursements du capital emprunté (amortissement) et du paiement des intérêts par un pays endetté.

par personne, déjà insignifiantes, ont baissé de 1,4 $US à 1,2 $US pour la même période. Cette dernière comparaison nous permettra dans la suite de faire quelques considérations sur la politique économique et fiscale du gouvernement en ce qui concerne les priorités des dépenses publiques, dans le contexte de la pandémie du VIH/SIDA. Ces chiffres et indications nous montrent qu'il existe une certaine incongruité entre les politiques des dépenses publiques en matière de santé et le coüt réel de l'épidémie du VIH/SIDA qui ne cesse d'alourdir sérieusement ce secteur. « Obsédés par l'exigence de limiter les dépenses de santé, nos dirigeants ne se rendent pas compte qu'en soignant les personnes séropositives, on finit à moyen terme par réduire ces dépenses128. »

Nous estimons que le gouvernement devrait plutôt, vu l'impact grandissant du VIH/SIDA sur ce secteur, allouer beaucoup plus de ressources, notamment arriver à court terme au niveau de 2% du PIB, moyenne des autres pays d'Afrique subsaharienne. Ces ressources supplémentaires pourraient donc contribuer à mieux soigner les personnes déjà atteintes du SIDA, faciliter l'accès aux antirétroviraux, former davantage du personnel sanitaire et augmenter la capacité des centres de santé et hôpitaux déjà existants ; ces derniers sont les premiers à souffrir de l'impact croissant de l'épidémie du VIH/SIDA.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus