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VIH/sida: défi au développement de l'Afrique. Une étude de l'impact économique et social de la pandémie au Rwanda

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par Michel Segatagara KAMANZI
Université pontificale grégorienne - Licence en sciences sociales 2003
  

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2.4.2. Les importations

Nous avons remarqué que les importations sont beaucoup plus importantes que les exportations. Or, comme nous l'avons dit parlant des exportations, les importations sont

141 Cf. E.R. MSHOMBA, Africa in the Global Economy, Lynne Rienner Publishers, London, 2000, p. 36.

142 Ibid., p. 166.

financées essentiellement par les devises obtenues lors des exportations des produits locaux. Mais, nous l'avons vu aussi, comme les bénéfices des exportations ne suffisent pas pour assurer la satisfaction de la demande intérieure, il faut recourir à d'autres formes de financement extérieur.

Le Rwanda importe essentiellement des biens d'équipements, des produits énergétiques, et autres biens de consommation. Cette forte dépendance des produits extérieurs, en plus de la dépendance financière, affaiblit encore davantage l'économie rwandaise. La situation est d'autant plus grave que les prix de ces biens importés sont rarement négociables, vu que la demande de ces biens est pratiquement inélastique. Ainsi les producteurs extérieurs en profitent pour varier les prix à leur avantage. C'est, par exemple, le cas des produits énergétiques comme le pétrole qui varient énormément au détriment des pays non producteurs et qui occasionnent une inflation interne dans les pays demandeurs. Comme ces derniers ne peuvent pas faire fonctionner leurs économies sans ces produits, la demande demeure pratiquement constante ; le seul choix qu'ils ont est soit s'adapter aux prix de ces biens, soit diminuer leur consommation, dans le cas extrême, renoncer purement et simplement à leur consommation.

L'épidémie du VIH/SIDA a non seulement apporté de nouveaux besoins au niveau des familles atteintes, mais aussi au niveau du secteur sanitaire et nous dirons même au niveau national. Autant il y a une forte demande des médicaments pour soigner les infections opportunistes, autant il y a une forte demande des antirétroviraux et d'autres moyens de prévention contre le VIH, tels que les préservatifs. Cette demande supplémentaire, des biens et services étrangers vient donc augmenter le volume des importations et par conséquent le déficit. On peut même penser que cette demande s'accroîtra puisque les cultures et les ressources internes qui pouvaient la satisfaire sont destinées à diminuer. Cette dernière situation obligera le gouvernement à davantage s'endetter pour rééquilibrer la balance des paiements, mais surtout pour faire face aux nouveaux besoins créés par l'épidémie du VIH/SIDA.

A ce niveau, nous nous attarderons un peu sur la question des antirétroviraux qui font partie de ces biens importés dans le contexte de l'épidémie du VIH/SIDA. Ces produits sont jusqu'ici le monopole de quelques firmes pharmaceutiques occidentales surnommées « Big pharma », qui, avec la protection de l'OMC à travers les accords

TRIPS143, contrôlent leur offre de ces produits et en fixent les prix. Au Rwanda, ces traitements sont encore inaccessibles à la grande majorité des personnes atteintes par le VIH/SIDA malgré les efforts fournis par le gouvernement. Il n'y a que 3 ou 4 grands hôpitaux situés dans les villes de Kigali et Butare qui offrent ces traitements pour tout le pays. En 1999, le patient payait à peu près 400 $US par mois pour une cure mensuelle ; mais, grâce aux négociations entre le gouvernement rwandais et les firmes pharmaceutiques, le prix des antirétroviraux a été réduit à 100 $US par mois en janvier 2001144. En comparant ces coüts avec le PNB par habitant, estimé à 220 $US pour l'année 2001145, on se rend bien compte que très peu de rwandais peuvent se permettre le « luxe » des traitements antirétroviraux. Au Centre Hospitalier de Kigali (CHK), de janvier 1999 à août 2000, au total 222 patients séropositifs ont suivi le traitement aux antirétroviraux146. Le Ministère de la santé rapporte qu'au 31 décembre 2001, 1507 malades sous antirétroviraux étaient enregistrés au CHK et à l'hôpital Roi Faycal de Kigali147. En dépit de la croissance du nombre des patients qui ont accès aux traitements antirétroviraux, ces derniers demeurent encore inaccessibles pour la grande majorité des personnes séropositives (500 000 selon l'ONUSIDA). Satisfaire la demande croissante de ces traitements voudra dire augmenter sérieusement le budget destiné à la santé et continuer à négocier avec les firmes pharmaceutiques pour obtenir des prix de préférence ou des réductions, en attendant que l'OMC se décide à lever le veto qui pèse sur la production de ces médicaments. De manière courageuse, certains pays en développement ont refusé de ratifier les accords TRIPS. C'est le cas du Brésil, de l'Inde et de l'Afrique du Sud qui produisent déjà des médicaments génériques, c'est-à-dire des médicaments dont le brevet est tombé dans le domaine public et qui sont par conséquent meilleur marché. En espérant que les négociations de l'OMC vont prochainement aboutir, ces nouveaux producteurs pourront donc offrir des médicaments meilleur marché que ceux des firmes pharmaceutiques qui détiennent encore le monopole (jusqu'en 2016 pour les thérapies

143 Les accords TRIPS ( Trade Related Aspects of Intellectual Property Rights) approuvé en 1994 dans le cadre de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) accordent le monopole de 20 ans aux entreprises ayant inventés des nouveaux produits.

144 Cf. MINISTERE DE LA SANTE, Rapport Annuel 2001, République Rwandaise, Mars 2002, section 4 sur la lutte contre le SIDA.

145 Cf. The World Bank data 2003. Disponible sur Internet: http://www.worldbank.org/data/wdi2003/

146 Cf. M. TWAGIRUMUKIZA, «Les patients sous anti-rétroviraux au Rwanda», in La Santé Tropicale sur Internet : < http:// www.santetropicale.com/rwanda/antiretro.htm>.

147 Cf. MINISTERE DE LA SANTE, Rapport Annuel 2001, République Rwandaise, Mars 2002, section 4 sur la lutte contre le SIDA.

contre le VIH/SIDA148). Et, cela pourra permettre d'importer ces médicaments en quantité consistante et les rendre plus accessibles à la majorité des personnes vivant avec le VIH/SIDA.

Il faudrait ajouter ici que, comme l'épidémie du VIH/SIDA cause la perte du personnel local qualifié, on risque d'assister à une autre forme d'importation, celle des ressources humaines qualifiées extérieures. Cela est déjà le cas dans certains pays d'Afrique australe touchés sérieusement par la pandémie, notamment le Botswana.

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