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L'émancipation familiale face aux institutions: des pères séparés dans l'impasse

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par Catherine Azémar
Conservatoire des arts et métiers Paris - Master de recherche: sciences du travail et de la société 2009
  

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3.2. Intériorisation de la division sexuelle des rôles parentaux

Entre discours et réalité, des contradictions se révèlent sur l'égalité dans les couples.

Les hommes tiennent un discours sur l'égalité sans mettre leurs paroles en actes, nous dit Ulrich Beck. Tout en acceptant l'égalité des droits des femmes, ils se dégagent des tâches domestiques avec cette perception masculine de ne pas désavantager la femme, car la question féminine est ramenée à la question des enfants. Et pour la minorité des hommes qui restent au foyer, ce choix relèverait surtout d'une volonté de la compagne pour des exigences professionnelles. Quant au désir des femmes à s'investir professionnellement, il se heurte pour elles aussi, à leur désir de s'investir dans la vie de couple et la maternité. Par ailleurs l'échange des rôles est tout à fait mal accepté socialement : Les hommes sont félicités et les femmes désignées comme de « mauvaises mères ». L'évolution sociale malgré tout plus égalitaire socialement pour les femmes, s'est accompagnée aussi d'une évolution du côté des hommes qui souhaitent se dégager de l'image imposée de l'homme viril, et montrer davantage leurs sentiments. Mais dans une situation opposée à celle des femmes, le terme égalité signifie pour eux moins d'investissement professionnel, et plus de participation à la vie du foyer. La majorité des hommes continue néanmoins à se réfugier derrière des justifications biologiques au maintien de ces inégalités (la femme porte l'enfant, elle est donc responsable de son bien être). Cependant note l'auteur, les conflits touchent les hommes de façon violente : « Assignés à une réussite économique et professionnelle, tels le « bon nourricier », et « l'époux et père de famille prévoyant », ils intériorisent les contraintes de carrière pour satisfaire aux attentes. Ainsi, quand la relation à la femme devient conflictuelle plutôt qu'harmonieuse, ils en sont doublement affectés : à la privation de l'échange émotionnel, s'ajoutent le désarroi et l'incompréhension » (Beck, 1986).

L'auteur François De Singly note quant à lui que le temps domestique inégal serait mieux accepté par la femme lorsque l'homme consacre son temps à l'activité professionnelle. Car le travail professionnel de la femme, dans les représentations, soit complète, voire remplace celui de l'homme, soit est exercé à titre personnel ; pour l'homme au contraire, il est à la fois personnel et familial : « en étant au bureau, ils sont pères puisqu'ils travaillent pour le bien être de leurs enfants ». De plus, Les femmes seraient plus sensibles à l'inégalité, face à leur mari, quand elles n'ont pas d'enfant. (De Singly, 2001). Ainsi, à partir d'une lecture en termes d'identité relationnelle, De Singly situe le changement historique au niveau de l'appropriation par les femmes du travail domestique, plutôt que dans la modification du partage.

Cependant, n'est ce pas là aussi, me semble t il, revenir à la problématique de l'inégalité, dans la mesure où cette approche témoigne en quelque sorte d'une certaine intériorisation de la division sexuelle des rôles parentaux, pouvant représenter un des freins à la mise en place de l'égalité des sexes. Cette intériorisation de la division sexuelle des rôles parentaux se trouve être par ailleurs relayée par les institutions, comme en témoigne l'analyse faite par les sociologues. En soulignant le point d'ancrage de l'identité féminine par la relation parentale, l'injonction faite aux femmes, notamment à l'occasion des séparations, vient accentuer en effet l'inégale division des rôles parentaux.

Cette intériorisation d'une division sexuelle trouve par ailleurs un soutien de la part des institutions.

Le sociologue Thierry Blöss, relève aussi un enracinement historique de la division sexuelle des rapports domestiques, les couples concubins ne se démarquant pas de la division sexuelle traditionnelle domestique (Blöss, 2001). Il y a selon cet auteur confrontation entre l'aspiration démocratique des couples et l'intériorisation par chaque conjoint d'une division sexuelle des rôles parentaux. Celle ci étant soutenue par l'institution qui désigne la mère comme dépositaire du lien de filiation au nom de « l'intérêt de l'enfant ». Un certain nombre d'inégalités sociales entre les hommes et les femmes passent inaperçues car mises sous le compte de différences naturelles entre les sexes (essentialisme biologique) : garde de l'enfant malade quand le couple est uni- et attribution de la garde de l'enfant quand les couples sont désunis-, qui révèle que peu d'hommes se sentent concernés, et que peu de femmes sont prêtes à accepter le partage des responsabilités ( Blöss, 2001).

Le conflit est tel dans la plupart des situations de rupture conjugale que les couples s'en réfèrent à l'autorité, conduisant l'Etat, donc le juge à désigner la mère comme dépositaire du lien de filiation selon une idée de « l'intérêt de l'enfant ». Ce qui conduit à justifier officiellement la différence instituée entre statut maternel et statut paternel. Ainsi le divorce, moins stigmatisé, ne porte pas non plus atteinte à la conscience maternelle des femmes qui se voient attribuer dans la majorité des cas la garde de l'enfant ; ce qui les conduit à en faire la demande pour échapper à une domination masculine, même en cas de dépendance économique à leur mari. De ces obstacles à l'égalité des sexes dans la parentalité, résulte la situation de lassitude du parent gardien- l'autre se déchargeant de ses fonctions éducatives- et le découragement du parent non gardien qui ne communique plus avec son enfant. Au nom de cette notion « d'intérêt de l'enfant », sorte de raison d'état, c'est avec une certaine image de la famille, une forme d'organisation domestique qui vont être légitimées dans l'après divorce. Ce qui vient révéler une permanence des représentations sexuées à l'égard de l'organisation familiale. La définition du lien paternel post divorce est un indicateur du fondement sexué des politiques publiques, à travers son appréhension par sa fonction seule de pourvoyeur économique. Ceci dit, la conquête des femmes dans la maîtrise de leur fécondité ne signifie pas pour autant un renversement de pouvoirs. « Les femmes en réalité se trouvent dans un compromis entre le désir de maternité et de carrière professionnelle. ».

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