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L'émancipation familiale face aux institutions: des pères séparés dans l'impasse

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par Catherine Azémar
Conservatoire des arts et métiers Paris - Master de recherche: sciences du travail et de la société 2009
  

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3.4. Hypothèse de travail et choix du terrain d'étude

3.4.1. Problématique de la place du père dans les séparations conjugales

Ainsi, je relève que l'évolution des moeurs et les mesures incitatives à la mise en place de l'égalité des sexes en droit de la famille, ne permettent pas la pleine réalisation d'un équilibre des rôles parentaux, dans le contexte actuel d'instabilité conjugale. L'absence des pères est toujours déplorée par les professionnels, les jeunes, les mères. Pourtant, dans un courant de démocratisation/individualisation de la société, les pères relationnels volontairement plus proches des enfants, auraient fait place au père institutionnel, autoritaire et lointain. Parallèlement à ce constat, dans le contexte de démocratisation de la sphère privée et d'égalité des sexes qui fait suite au mouvement d'émancipation des femmes, le nombre des divorces et séparations des couples s'amplifie. Cette augmentation fait place au développement croissant de familles dites « monoparentales », composées pour la grande majorité de mères seules avec enfant(s), le terme lui-même induisant l'absence d'un parent, en l'occurrence le père. Sans nier à cet état de fait la dimension existante de l'enfant devenu objet d'enjeux dans les conflits parfois violents autour des séparations de couples, il s'agirait de comprendre, comment se situent les pères séparés dans cette configuration sociale faite d'ambiguïtés. A partir du constat d'une parité parentale qui est en marche, nous explique la sociologue Christine Castelain Meunier, spécialiste des métamorphoses du masculin, la famille n'étant plus centrée sur le père, s'observe l'accroissement d'une « sur responsabilité » des femmes, mais aussi un volontarisme de certains pères. C'est ce qu'elle nomme le mouvement amorcé par les hommes pour occuper leur place auprès de l'enfant. La cohabitation entre les anciens modèles issus du patriarcat, et les nouveaux, n'est pas aisée, alors que la démocratie est en jeu. Engagés dans une période de mutation, avec une inflation de nouveaux modèles familiaux, des codes en opposition au regard des cultures masculine et féminine, traditionnelles, industrielles et contemporaines, l'auteur souligne le paradoxe de notre société, toujours à domination masculine, qui survalorise le rôle de la mère. (Castelain Meunier, 2002). Ce surinvestissement des mères relevant de la conjugaison de quatre dimensions qu'elle résume ainsi :

« Cette matrifocalité des mères consolidée par l'insistance des femmes à réintroduire le thème de l'enfant, est par ailleurs soutenue par l'Etat, d'autant que la mère et l'enfant ont été rapprochées dès le XIXème siècle, à la suite de la défaillance de certains pères [.] Dans le cas de séparation, la résidence principale, l'autorité, reviennent de fait en grande majorité à la mère, et ce d'autant plus que le père est au chômage, les femmes disposant par ailleurs, à l'inverse des pères - comme le constatent les hommes qui s'occupent seuls de leurs enfants -de réseaux spécifiques de sociabilité et de soutien en tant que mères ». Elle poursuit : « Face à cette matrifocalité, on peut constater du côté masculin des stratégies de fuite, de repli, d'effacement, du mimétisme avec une perte identitaire, du désintérêt, de l'agressivité, mais aussi une surenchère et du volontarisme. » (Castelain Meunier, 2002, p 27-28). Elle nomme le volontarisme des hommes, le mouvement amorcé par les hommes pour occuper leur place auprès de l'enfant. « Comparée à celle des mères, qui d'emblée est définie biologiquement, la place des pères n'est pas définie [..] Alors que par ailleurs des hommes innovent dans leur pratiques éducatives, il n'en n'est pas moins vrai que l'absence de reconnaissance de leur place et la perte de légitimité de leur autorité existent [.] La cohérence antérieure qui accompagnait le féminin et le masculin se défait ». (Castelain Meunier, 2002, p 30).

Au regard de cette analyse, une entrée par le témoignage de pères séparés peut s'avérer pertinent pour l'étude, afin de mieux cerner ce phénomène de tensions où cohabitent tradition et modernité, et vient questionner les rôles et places parentales au coeur de modèles contradictoires. Les associations de pères militants, du fait même de leur existence qui interroge, apparaissent alors comme un lieu privilégié, d'où l'orientation de mon choix vers ce terrain d'observation.

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