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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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IV.1.3. Le maintien de l'ordre public

La fonction de maintien de l'ordre public était confiée aux CDR. Ils devaient l'assurer dans les secteurs et lors des grandes manifestations ou mobilisations. Il était une mission permanente des CDR « consistant en un travail de vigilance populaire [englobant] la recherche et la démascation des ennemis de la RDP ».127

125 Sylvy JAGLIN, 1995, Gestion urbaine partagée à Ouagadougou : pouvoirs et périphéries, Paris, Karthala-ORSTOM, page 307.

126 Ibidem.

127 CNR, SGN-CDR, 1986, Résultat des travaux de la première conférence des CDR, page 137.

Ce fut principalement les éléments militairement formés qui reçurent la charge du maintien de l'ordre en collaboration avec les policiers des commissariats de secteur. En ce qui concerne ces derniers, il faut souligner qu'avant l'avènement de la révolution, ils existaient sous le nom de commissariats de quartier. Avec la liquidation du quartier au profit du secteur, ces commissariats avaient été changés en ceux de secteur. En principe, les CDR devaient entretenir des rapports de complémentarité avec les policiers de ces commissariats, ce qui n'avait pas toujours été vérifié, car certains CDR zélotes ne se dispensaient pas d'attitudes méprisantes vis-à-vis des policiers de ces commissariats dont ils contestaient la légitimité. Ils reléguèrent au second plan le rôle de ces commissariats et s'accaparèrent totalement du contrôle des secteurs. Logiquement, il y'avait donc des conflits de compétences entre ces deux structures, ce que Ernest Nongma OUEDRAOGO a déploré en ces termes : « Il ne devrait pas y avoir de conflits de compétence entre CDR et policiers. Malheureusement, les rapports entre les deux structures subissaient les effets des humeurs des hommes qui les animaient ».128 Le maintien de l'ordre fut de ce fait monopolisé par les CDR qui jouissaient d'une meilleure reconnaissance du CNR, lequel les avaient d'ailleurs consacrés organisation authentique du peuple. Dans cette logique, les policiers dénonçaient les pratiques peu orthodoxes des CDR militairement formés qui se traduisaient par des rançonnements de personnes interpellées, des châtiments corporels exagérés...

Cette lutte de prééminence entre les deux cellules de sécurité avait mis la population dans une situation de dilemme car ne sachant plus à quelle structure se référer sans être prise à partie : « Inquiets, les citadins naviguent malaisément dans un climat d'aigre rivalité et se voient toujours reprochés de n'avoir pas eu recours O. l'autorité a
· légitime m : un voleur doit-il etre conduit au commissariat du secteur ou les (CDR) peuvent-ils rendre a
· justices m eux-memes ?
».129 La responsabilité de cette brouille entre CDR et policiers fut imputable au sommet qui n'établit pas des textes clairs pour régir la collaboration entre ces deux structures. Les transferts improvisés de responsabilités mal préparés et partiels créaient les concurrences malsaines qui à l'opposé des objectifs de la décentralisation enchevêtraient l'organisation des niveaux de responsabilité.130

Cependant, de façon globale, le pouvoir des CDR avait largement dominé celui des policiers dans le cadre du maintien de l'ordre public. Cette hégémonie ne put être expliquée autrement que par la couverture sans faille du CNR. Un militant CDR qui n'était pas policier oeuvrait pour la révolution tandis qu'un policier qui n'était pas CDR ne faisait qu'un travail de sape à la révolution.

128 Entretien avec Ernest Nongma OUEDRAOGO le 25 février 2005.

129 Sylvy JAGLIN, 1995, Gestion urbaine partagée à Ouagadougou : pouvoirs et périphéries, Paris, Karthala-ORSTOM, page 307.

130 Idem, page 308.

Les CDR ont réellement réussi à maintenir l'ordre public à travers les couvre-feux, les patrouilles nocturnes, les encadrements de la population lors des grandes manifestations. A ce propos, les témoignages s'accordent à reconnaître que les vols, les viols et les autres méfaits sociaux avaient diminué sensiblement. Les déviations perverses des opérations de contrôle s'expliquaient par la présence de personnes de mauvaise réputation dans les rangs des CDR qui avaient pu commettre des pratiques qu'elles mêmes étaient censés combattre. La première conférence avait en effet reconnu « des cas de viols, de vols, de brimades diverses vis-à-vis des populations, ce qui aura contribué a certains moment a créer une véritable psychose a l'évocation des CDR qui supporteront tous les sobriquets possibles et qui se verront attribuer la paternité de toutes sortes de méfaits ».131 Claudette SOVONNET-GUYOT explique les débordements des CDR par le fait que ces derniers étaient composés majoritairement de jeunes, de chômeurs et de marginaux auxquels s'ajoutaient des opportunistes de tous bords dont l'encadrement et le contrôle échappaient au SGN-CDR.132

En définitive, la présence remarquée des CDR dans les schèmes administratifs du CNR commentait la préoccupation de ce dernier de maîtriser en amont comme en aval toutes les localités du territoire. En rapprochant les administrés de l'administration, le CNR prospectait un tremplin pour faire valoir de façon efficace son message révolutionnaire. Cette démarche définissait également une tactique pour amener les populations à collaborer dans la liquidation des ennemis de la révolution.

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