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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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Vl.1.5. Une culture nouvelle au service de la revolution

La culture est l'ensemble des valeurs matérielles et spirituelles qu'un peuple se crée au cours de son évolution. Le pouvoir révolutionnaire pensait que la culture dans sa globalité contribuait à l'affermissement d'une classe dominante au sein de la société.389 Par conséquent, elle n'est donc ni neutre ni immuable. La culture se meut en fonction des fluctuations sociopolitiques et économiques. Stigmatisant les régimes précédents, la première conférence des CDR leur dénia la capacité « d'entreprendre une politique culturelle dans le sens des aspirations des masses

386 Cheick KARAMBIRI, « La révolution est vigilance et exigence : un sport de masse pourquoi ? » in CARREFOUR AFRICAIN N° 903 du 04 octobre 1985, page 35.

387 Ibidem.

388 J.P AUGUSTIN et Y.K DRABO, in POLITIQUE AFRICAINE N° 33, 1989, Retour au Burkina, Paris, Karthala, page 65.

389 Voir le rapport de la 1ère conférence des CDR, page 101.

129 populaires ».390 La culture prérévolutionnaire était alors marquée du sceau de la réaction et de l'impérialisme.

Dès son avènement, le CNR fit de la culture un champ d'expression révolutionnaire. On assista à l'affirmation d'une nouvelle dynamique culturelle résolument attentionnée à la cause révolutionnaire : « Pour nous [CDR], l'objectif a atteindre est une culture qui contribue au renforcement de notre révolution dans son étape actuelle ».391 Le pouvoir demanda aux écrivains de mettre leur plume au service de la révolution et aux musiciens de célébrer par leurs chants et danses l'espérance d'un futur radieux et prometteur dans la révolution.392 « La Révolution attend de nos artistes [..] qu'ils mettent leur génie créateur au service d'une culture [..] nationale, révolutionnaire et populaire ».393

Sous l'impulsion des CDR, la vie culturelle expérimenta une effervescence qui à tout point de vue était carentielle sous les autres régimes ayant précédé la RDP. La responsabilisation d'un militant à l'animation culturelle au niveau de chaque bureau CDR constitua une base importante pour la révolutionnarisation de la culture. Ainsi, des troupes théâtrales, des chorales, des ballets, des bals populaires... rythmaient l'expression culturelle d'abord au niveau des secteurs pour ensuite se répandre au plan national, notamment à l'occasion des grandes manifestations marquant les temps forts de la révolution. Des poèmes magnifiant la révolution furent régulièrement imprimés dans les pages des quotidiens d'information qui étaient étroitement contrôlés par le pouvoir révolutionnaire. Toutes les représentions culturelles devaient intervenir dans le cadre de la révolution et contribuer aux actions révolutionnaires. Dans l'ensemble, les productions artistiques ou culturelles étaient devenues des carrioles privilégiées des mots d'ordre révolutionnaires. Elles permettaient en résumé l'allégation de l'idéologie révolutionnaires et la légitimation des actions qui en découlaient.

Précisons que c'est dans ce même contexte que la Semaine Nationale de la Culture (SNC) trouva son origine. La première édition fut organisée à Ouagadougou en décembre 1983. Elle se tint par la suite successivement à Gaoua (décembre 1984), à Bobo-Dioulasso (mars 1986), à Koudougou et à Réo (1988) avant de s'établir définitivement à Bobo-Dioulasso. L'initiative de la SNC servait de levier à la revalorisation du patrimoine culturel selon les schémas révolutionnaires. On peut alors partager cette compréhension de Wend-Lassida Sylvestre SAM qui avance que le nouveau pouvoir qui avait présenté la culture comme l'une de ses priorités traduisait ses intentions en actes par l'organisation de la première édition de la SNC cinq mois

390 Voir le rapport de la 1ère conférence des CDR, page 101.

391 Ibidem.

392 CNR, 1983, DOP, pages 40 et 41.

393 Ibidem.

130 après son avènement.394 De nos jours, cette messe culturelle a acquis ses lettres de noblesse et est en passe de devenir une manifestation de la sous-région de l'Afrique de l'Ouest.

Dans le domaine cinématographique, la reconnaissance de l'oeuvre des défenseurs de la révolution en faveur du cinéma est une exigence. De 1960 à 1983, la ville de Ouagadougou ne disposait que de quatre salles de cinéma.395 Durant les quatre ans de révolution, les CDR en construisirent six et une salle de théâtre (grâce à l'appui de la République Populaire de Corée).396 Le pouvoir encouragea les cinéastes et s'appuya sur les CDR pour ériger de nombreuses salles à travers tout le pays dont ils assumèrent la gestion.397 A Ouagadougou, au niveau des secteurs et dans les établissements scolaires et universitaires, le cinéma fut employé comme moyen de sensibilisation et d'éducation des masses. Des semaines du cinéma cubain, soviétique... furent organisées398. Quant à l'organisation du FESPACO, elle était devenue surtout l'affaire des CDR qui contribuèrent à son rayonnement. En effet, les CDR étaient le pivot des festivités marquant cette fête du cinéma. Ils ont eu le mérite de l'avoir rendue plus populaire.

La création de l'Institut des Peuples Noirs (IPN) en 1985, l'institution du Bureau Burkinabé des Droits d'Auteurs (BBDA)..., que d'exemples ayant sans conteste coopéré à l'avènement d'un printemps culturel qui se perpétue même de nos jours. Les mérites de cette vitalité culturelle qui génère tant de rentes substantielles et crée une renommée au Burkina Faso reviennent incontestablement aux acteurs révolutionnaires dont l'application a permis à l'identité culturelle burkinabé jadis en hibernation de pouvoir s'affirmer au bonheur des populations.

On peut dire donc que sous la période révolutionnaire, la culture a été un instrument d'expression populaire. La politique culturelle du CNR a servi de moyen de séduction de l'opinion publique, c'est-à-dire comme un instrument de canalisation de l'adhésion populaire à la révolution. Mais, comme l'a dit Jean Pierre GUINGANE, ce qui est essentiel, c'est que non seulement cette politique culturelle a popularisé les activités culturelles, mais aussi et surtout les a valorisées : « 2l n'était plus rare de voir de tr.s

394 Wendlassida Sylvestre SAM, 1998, Culture et valeurs dans la presse burkinabé : analyse comparative du discours culturel sous la révolution et dans le nouveau contexte démocratique, Université de Ouagadougou, Mémoire de Maîtrise, FLASHS, page 22.

395 Roger Bila KABORE, 2002, Histoire politique du Burkina Faso : 1919 - 2000, Paris, L'Harmattan, page 216.

396 Ibidem

397 Bruno JAFFRE, 1989, Burkina Faso : les années sankara, Paris, L'Harmattan, page 103.

398 Voir le rapport de la 1ère conférence des CDR à la page 111.

hautes personnalités de l'Etat se déplacer pour une manifestation culturelle ou de s'essayer a la pratique d'un art ».399

Tout en procédant à cette oeuvre de popularisation et de valorisation des activités culturelles, le CNR définissait sa nouvelle éthique. La culture devenait alors une tribune de dénonciation de toutes les pratiques auxquelles l'inimitié de la révolution était déclarée. Il s'agissait par conséquent d'une école morale qui avait pour mission de faire cesser ou reculer les attitudes telles la corruption, l'injustice, la gabegie le mensonge, l'hypocrisie, le racisme.400 La fierté et la sauvegarde de l'indépendance de l'économie nationale furent également magnifiées par les productions culturelles. Ainsi, se comprenait le contenu culturel du mot d'ordre « Produire et consommer burkinabé ». « L'incitation au port de l'habit traditionnel pour encourager le public a consommer burkinabé sont des atouts importants a noter dans la lutte pour l'indépendance économique de notre peuple ».401

Des succès importants irréfutables, mais aussi des égarements qui constituent les limites de cette politique culturelle révolutionnaire. A ce sujet, on peut citer la priorité accordée aux arts de spectacle sans doute à cause de la mobilisation des populations tant recherchée par le pouvoir : « Pour le Burkina révolutionnaire, le terrain culturel constitue un laboratoire permettant de tester ses capacités de mobilisation et d'organisation ».402 Cette démarche a piétiné sur l'éclosion des autres types d'expression culturelle. Par exemple, Jean Pierre GUINGANE rapporte qu'à cause de ce déséquilibre, le projet de construction d'un musée national avait été transformé en celui d'un théâtre populaire.403 Enfin, la formation des agents culturels avait été reléguée au second plan, car on considérait que la ferveur politique conférait la compétence.404 Le processus de changement des mentalités au-delà de la moralisation de la société devait se renforcer par l'émancipation de la femme.

399 Jean Pierre GUINGANE, 1996, « Les politiques culturelles - une esquisse de bilan » in (sous la direction de) René OTAYEK, Filiga Michel SAWADOGO et Jean Pierre GUINGANE, Le Burkina entre révolution et démocratie (1988-1993), Paris, Karthala, page 85.

400 Wendlassida Sylvestre SAM, 1998, Culture et valeurs dans la presse burkinabé : analyse comparative du discours culturel sous la révolution et dans le nouveau contexte démocratique, Université de Ouagadougou, Mémoire de Maîtrise, FLASHS, page 37.

401 Voir le rapport de la 1ère conférence des CDR, page 111.

402 Wendlassida Sylvestre SAM, 1998, op cit, page 32.

403 Jean Pierre GUINGANE, 1996, « Les politiques culturelles - une esquisse de bilan » in (sous la direction de) René OTAYEK, Filiga Michel SAWADOGO et Jean Pierre GUINGANE, Le Burkina entre révolution et démocratie (1988-1993), Paris, Karthala, page 86.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille