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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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VI.2. L'emancipation de la femme: une exigence revolutionnaire

Le CNR considéra l'émancipation de la femme comme une nécessité dans l'approfondissement du processus révolutionnaire : « La révolution et l'émancipation de la femme vont de pair. Et ce n'est pas un acte de charité ou un élan d'humanisme que de parler de l'émancipation de la femme. C'est une nécessité fondamentale pour le triomphe de la révolution. Les femmes portent en elles l'autre moitié du ciel ».405 Cette conception de la révolution sur la femme fut à l'origine d'une véritable reconversion des mentalités qui mit désormais la femme au coeur de la vie politique et socio-économique, faisant d'elle, une actrice de premier plan dans le projet de développement. Dans un pays où les femmes étaient condamnées par la routine coutumière à jouer les seconds rôles, la politique féministe du CNR constitua une profonde redéfinition des rapports de genres. La complémentarité entre l'homme et la femme fut célébrée comme une grande valeur pour l'enracinement de la révolution. Il s'est agi de façon globale d'une politique qui a engagé résolument les femmes dans la lutte collective révolutionnaire pour développer le Burkina Faso.

Notre préoccupation dans cette partie de notre travail est d'appréhender l'ampleur et la qualité des initiatives du CNR avec le soutien des CDR pour l'émancipation de la femme.

VI.2.1. La creation de l'UF B : une structure statutairement rattachée aux CDR

L'idée de créer une organisation féminine pour la promotion des femmes germa très vite au niveau du CNR. Les bases de cette organisation furent jetées avec l'institution de la Direction de la Mobilisation et de l'Organisation des Femmes (DMOF) en octobre 1984, une structure directement liée au SGN-CDR qui assurait son fonctionnement.

La DMOF fut réellement un cadre de réflexion et d'action dont la finalité était d'aboutir à l'épanouissement véritable de la femme burkinabè. Elle a servi de premier canal au pouvoir pour mettre en valeur toute sa politique en faveur de la femme. Du 1er au 08 mars 1985, eut lieu à Ouagadougou la semaine nationale de la femme. Grâce à l'oeuvre de la DMOF, plus de 300 femmes de tous les horizons du Burkina Faso se rassemblèrent pour réfléchir sur les problèmes qui les encellulaient dans les conditions difficiles. A cette occasion, trois commissions principales menèrent des réflexions et proposèrent des résolutions pour améliorer la condition féminine. Une

405 CNR, 1983, DOP, page 36.

133 commission réfléchit sur la situation juridique de la femme, surtout au niveau de la famille, et émit l'idée d'élaboration d'un code de la famille. La deuxième commission traita du droit de la femme à l'éducation et prôna une alphabétisation et une scolarisation des personnes de sexe féminin à grande échelle. Quant à la troisième commission, elle mit le cap sur la place de la femme dans la construction économique et sociale du pays.

Dans le souci de rendre plus efficiente l'oeuvre de la DMOF, le SGN-CDR créa en septembre 1985 l'UFB, structurellement rattachée aux CDR. La directive instituant L'UFB affirmait vertement d'ailleurs que l'UFB était une émanation des comités de CDR.406 Cette dépendance de l'UFB vis-à-vis des CDR était encore visible au niveau des dispositions statutaires qui se calquaient directement sur le Statut général des CDR.407 La dissolution de la DMOF à la fin de l'année 1986 décapita l'UFB qui sombra dans la désorganisation. Thomas SANKARA annonça la mise en place d'un bureau national le 08 mars 1987, mais cela s'avéra sans suite. Les tractations nourries par des calomnies et des mesquineries, des rivalités et des querelles de préséance maintinrent l'UFB dans un certain dysfonctionnement jusqu'au 15 octobre 1987.408

Le pouvoir a eu une nette responsabilité dans les dysfonctionnements dont a été victime l'organisation des femmes. Il y a lieu alors de mettre en cause le rattachement intrinsèque de l'UFB aux CDR. Cette subordination fut à la source des difficultés de l'UFB et au lieu de libérer la femme consacra son maintien dans un certain confinement politique. On peut reprendre à ce compte cette affirmation de deux responsables de l'UFB peu après le 15 octobre : « Dans l'UFB, nous ne madtrisions plus notre action. Les dirigeants du CNR passaient au-dessus de la tete des responsables de l'UFB pour donner des instructions a des elements de base ».409 De même, Alima TRAORE affirma : « Le Secretariat General National nous considérait comme une structure subordonnée qu'il controlait étroitement. Sur papier nous étions chargées de la coordination de toutes les actions des femmes, mais on nous refusait les moyens politiques de la réaliser. Pour chaque action que nous voulions entreprendre, il fallait l'approbation du secretariat general. Ainsi, beaucoup d'initiatives ont été tunes, nous devenions de plus en plus une structure administrative et bureaucratique ».410 Finalement, un travail de sape à l'égard de l'indépendance effective des femmes était

406 Capitaine Pierre OUEDRAOGO « Directive du Secretariat general des CDR relative a la mise en place de l'Organisation des femmes » in SIDWAYA N° 359 du 23 septembre 1986, page 2.

407 Capitaine Pierre OUEDRAOGO « Directive du Secretariat general des CDR relative a la mise en place de l'Organisation des femmes » in SIDWAYA N° 359 du 23 septembre 1986, page 2.

408 Ludo MARTENS, 1989, SANKARA, COMPAORE et la révolution, Paris, EPO International, pages 27 et 28.

409 Propos de Véronique KANDO et de Madeleine OUEDRAOGO rapportés par Ludo MARTENS, 1989, op cit, page 23.

134 ourdi par les dirigeants du CNR. Du discours profondément féministe à l'action, la contradiction était flagrante.

Ce n'est cependant pas l'occasion de noircir toute l'oeuvre entreprise par le CNR en faveur de la femme à travers premièrement la DMOF et ensuite l'UFB. Cette politique a eu la vertu d'avoir suscité une réelle prise de conscience sur le rôle indispensable de la femme dans la société et la nécessité de la participation des femmes à la construction d'une société prospère. Malgré toutes ces inadvertances, c'est une politique qui a provoqué un véritable chamboulement des mentalités pour un regard plus juste sur la femme. Jamais aucun gouvernement au Burkina Faso ne s'y était investi à un tel degré pour cette cause pourtant juste.

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