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La radiodiffusion au cameroun de 1941 à 1990

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par Louis Marie ENAMA ATEBA
Université de Yaoundé I - Master II en Histoire des Relations Internationales 2011
  

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I.3. La bataille médiatique autour du putsch du 06 avril 1984

Le mardi, 17 avril 1984, La Gazette, journal de presse écrite, hebdomadaire national, paraissant à Douala, annonce, dans un numéro spécial : « Yaoundé a vécu les 6, 7 et 8 avril 1984, le week-end le plus long de son histoire. Heureusement, l'armée, sous le commandement du Général Pierre Semengue, était là pour barrer la voie aux factieux de la Garde Républicaine ». La Garde Républicaine est mise en cause. Elle est accusée de vouloir renverser le gouvernement dit légal du Président Paul Biya. En effet, depuis 1983, le climat politique est teinté de violence verbale entre le nouveau Président de la République, Paul Biya, et son prédécesseur, Ahmadou Ahidjo. Le journal La Gazette parle des « solides complicités à tous les niveaux »124(*). Les télécommunications (radio, téléphone, fax), l'énergie électrique et les aéroports sont les premières cibles des insurgés. Les 06 et 07 avril 1984, les stations de radio nationales interrompent leurs programmes. Elles diffusent exclusivement de la musique. Les stations étrangères quant à elles y vont chacune de son interprétation.

I.3.1. Le déploiement des stations de radio nationales

Entre 7 h et 8 h, il règne un silence total à R.C. La situation reste inchangée jusqu'à 13 h.

Elle inquiète plus d'un Camerounais. Le P.N. de radio du pays ne diffuse alors que de la musique

militaire. À Radio-Douala, il est diffusé de la musique camerounaise variée. Radio Bafoussam en

fait de même. L'émission est animée par un speaker, en langue anglaise. À 15 h, il entend prendre

en relais le journal parlé du P.N., mais en vain ; la station ayant été prise en otage par les putschistes. La station de Douala ferme à 16 h, avec l'hymne national. La rumeur gagne le pays. Le discours des mutins présenté plus haut est diffusé à la chaîne nationale. Par après, les programmes reprennent à Radio-Douala. Y sont diffusés : des émissions en langues nationales, de la musique africaine variée, un documentaire sur l'histoire africaine. Plusieurs fois, le speaker lit ce communiqué : « Le Préfet du Wouri convoque pour 10 h 30 min précises, à son bureau, les personnalités suivantes : les Sous-préfets de Douala I, II, III, et IV ; le Délégué du gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Douala ; les Députés ; les présidents des sections de l'U.N.C., de l'O.F.U.N.C., de la J.U.N.C., leurs vice-présidents, leurs secrétaires départementaux et le président de l'U.N.T.C. » À la suite de cette diffusion, le Gouverneur de la province du Littoral fait parvenir un démenti à la radio, démenti réitéré plusieurs fois en français et en anglais. « Le Gouverneur indique aux populations que la situation est calme, leur demande de vaquer à leurs occupations habituelles et de redoubler de vigilance. » Le samedi, 7 avril à 20 h 00, le Président de la République, Paul Biya, confirme, à la radio nationale, que le calme règne sur l'étendue du territoire, en ces termes :

...Le Cameroun vient une fois de plus de traverser une période délicate de son histoire. Hier en effet, le 06 avril, vers 3 h du matin, des éléments de la Garde Républicaine ont entrepris la réalisation d'un coup d'État, concrétisé par la coupure des liaisons téléphoniques et l'occupation des points stratégiques ou sensibles de Yaoundé, Palais de l'Unité, Immeuble de la Radio, Aéroport, etc., avec pour finalité la mainmise par la violence sur le pouvoir politique. Des unités régulières de notre armée nationale demeurées fidèles aux institutions et qui avaient reçu des ordres pour enrayer le coup de force, conduisirent le combat avec méthode et détermination et aboutirent en fin de matinée de ce jour (07 avril), à une victoire complète...C'est le lieu pour moi de rendre un vibrant hommage à ces unités de notre armée pour leur engagement et leur attachement à la légalité républicaine. Enfin, je demande à toutes les Camerounaises, à tous les Camerounais, et à tous ceux qui résident dans notre pays, de garder leur calme et de poursuivre leurs activités de développement économique et social de la nation...125(*)

Le mardi, 10 avril 1984, le Président Biya adresse par la radio d'État un message d'assurance au peuple camerounais, question de l'inviter à la reprise effective des activités, sans crainte d'attaque, ni peur d'être mis en mal :

...Samedi dernier, 07 avril, j'annonçais à la Nation qu'un coup d'État militaire, perpétré par des éléments de la Garde Républicaine et tendant à renverser les institutions légales et démocratiques établies, avait été conjuré par les unités des Forces armées nationales demeurées loyales. La situation, caractérisée par le calme sur l'ensemble du territoire national et la reprise des activités, est redevenue normale. L'opinion publique a été informée de la nature, du déroulement et des conséquences de ces événements par la presse nationale. Maintenant que la victoire est définitivement acquise et devenue irréversible, j'entends rendre à nouveau un hommage mérité aux éléments des Forces armées nationales, qui, exécutant avec méthode et détermination les ordres reçus, ont préservé les institutions et la légalité républicaines...Face à la gravité et à l'ampleur de cette tentative, j'ai décidé, avec plus de détermination et de fermeté que jamais, de prendre un certain nombre de mesures tendant à préserver, mieux que par le passé, la sécurité, la paix et l'unité nationales. Ainsi, en dehors des mesures d'ordre militaire, administratifs et politique, et au terme d'une enquête dont les conclusions sont attendues, les responsables du coup d'État seront sans délais traduits devant le Tribunal Militaire, afin d'être jugés et punis conformément à nos lois et à l'extrême gravité de leur forfait...126(*)

* 124 La Gazette n°500 du 17 avril 1984, p.2.

* 125Paul Biya, in Charles Ateba Eyene, Le Général Pierre Semengue, Toute une vie dans les armées, Yaoundé, CLE, 2002, pp.124-125.

* 126 Paul Biya, in Charles Ateba Eyene, Le Général Pierre Semengue..., pp.127-129.

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