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L'humanisation des lieux de détention au Cameroun

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par Vincent Pascal MOUEN MOUEN
Université catholique d'Afrique centrale - Master en droits de l'homme et action humanitaire 2009
  

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B- Le déficit de participation des détenus dans la mise en oeuvre des projets du Service National Justice et Paix

Parmi les principes de la doctrine sociale de l'église, le principe de l'option préférentielle pour les pauvres est celui qui anime plus profondément la mission évangélisatrice de l'Eglise. Selon le Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise, c'est « (...) une option ou une forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne dont témoigne toute la tradition de l'Eglise »159(*). C'est cette option préférentielle qui pousse à pratiquer la charité et à oeuvrer en faveur de la justice sociale pour les pauvres. Le fondement de l'action du Service National Justice et Paix se trouve dans les Evangiles qui inspirent l'amour de l'Eglise pour les pauvres. Et c'est fidèle à ses enseignements que l'Eglise intervient en prison pour rencontrer les personnes incarcérées dans leurs joies, leurs angoisses, leurs espoirs, et leurs tristesses, parce que ce sont les joies et les tristesses, les espoirs et les angoisses des préférés du Christ.160(*) Le ministère de l'Eglise en prison revêt ainsi un certain nombre de caractéristiques parmi lesquels la présence gratuite, l'écoute, la consolation, la compassion, l'évangélisation, et la réconciliation.161(*) Bien que gardant son indépendance vis-à- vis de la communauté politique,162(*) l'Eglise et L'Etat sont cependant appelés à collaborer. Pour cela le Service National Justice et Paix de l'Eglise catholique exerce son action dans le respect des normes en vigueur dans les structures pénitentiaires. Mais lorsque cela est rendu nécessaire, pour la défense des droits fondamentaux d'un détenu, l'Eglise peut être amenée à exprimer un jugement moral sur la réalité pénitentiaire. En ce qui concerne le volet humain, pour la seule première moitié de l'année 2008, la Commission Diocésaine Justice et Paix de yaoundé a suivi dans la prison centrale de NKONDENGUI, 418 dossiers. 58 d'entre eux ont été confiés aux avocats, 58 personnes libérées suite aux interventions de la Commission elle même ou des avocats, 15 personnes ont bénéficié d'une ordonnance de non lieu, 4 personnes ont pu être placées en liberté provisoire, 72 dossiers ont pu être mis en l'état et enrôlés, 16 cas de réinsertion sociale d'ex détenus ont été réussis, 37 cas de contacts renoués avec la famille, 164 dossiers en cours de suivi. La Commission Diocésaine Justice et Paix a particulièrement oeuvré pour l'humanisation des conditions de détention à la prison centrale de Yaoundé. Entre autre, en 1989 elle a ressuscité l'école du centre éducatif du quartier des mineurs fermée depuis 1978. en 1995, elle a permis l'aménagement d'un terrain de sport où peu se pratiquer du volley-ball, du lawn tennis, du football, du hand ball. En 2002, grâce à l'intervention de la commission auprès de la coopération française, l'école des mineurs a reçu une dotation en fournitures d'un montant de 1.750.000 frs cfa. En 2002, grâce à la même coopération, une bibliothèque moderne a été construite à Nkondengui pour un montant total de 6.000.000 frs cfa et un don de fournitures d'un montant de 3.750.000 frs cfa a été octroyé aux cycles primaires et secondaires toutes les classes confondues.

La pastorale en milieu carcéral comporte donc deux volets : un volet humain et un volet spirituel. L'intervention du service national justice et paix se décline en deux types d'actions : les actions menées à long terme et les actions menées à court terme. Les actions à court terme concernent surtout l'écoute des détenus et leur orientation vers les structures administratives ou des organisations compétentes susceptibles de les aider. Les actions à long terme quant à elles s'inscrivent dans un processus de resocialisation.

Cependant les initiatives entreprises ne tiennent pas toujours compte des priorités des pensionnaires des structures carcérales. En effet, bien que l'on ne puisse reprocher au service national justice et paix son intervention en faveur de l'éducation dans le milieu carcéral, ou même le suivi des dossiers des détenus au niveau de l'administration judiciaire, on peut tout de même interroger l'opportunité de ces investissements quand on sait que la famine et la maladie sont les premiers adversaires des détenus. Le comité ad hoc chargé de l'élaboration d'une nouvelle politique pénitentiaire et de la réforme du système carcéral le confirme en ces termes :

«Dans la quasi-totalité des prisons, l'alimentation est insuffisante et de mauvaise qualité. Le repas donné une fois par jour est de quantité et de qualité insuffisantes (...). Ainsi alors que la norme internationale prévoit 2000 à 2400 kilos calories par jour et par détenu, la ration alimentaire actuelle dans nos pénitenciers est évaluée à 1000 kilos calories en moyenne par jour. L'on comprend que la sous alimentation chronique des détenus justifie presque à elle seule la totalité des pathologies et des décès enregistrés dans les établissements pénitentiaires».163(*)

Dans un contexte où les détenus peinent à manger et à se soigner, il est évident qu'ils ne sauraient se consacrer aux études malgré les importants investissements dont bénéficie ce secteur dans le milieu carcéral. En réalité, ces investissements, loin d'être inutiles auraient pu servir à d'autres secteurs plus prioritaires que l'éducation et sauver ainsi la vie des centaines de détenus qui meurent tous les ans de la malnutrition et de la maladie dans les prisons. C'est le défaut de participation des détenus dans l'élaboration de la politique de l'aide qui leur est accordée qui conduit à de tels dysfonctionnements causés par le caractère unilatéral de cette aide. D'ailleurs, en dévoilant sa feuille de route pour 2008, la commission diocésaine justice et paix de l'archidiocèse de Yaoundé ne fait mention à aucun moment d'une quelconque action visant à satisfaire durablement les besoins élémentaires des détenus.164(*)

* 159Conseil Pontifical Justice et Paix, Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise ,1ère édition, Paris, Bayard, Cerfs, Fleurus Marne, 2005, p.101.

* 160 Constitution pastorale, Gaudium et Spes n °1.

* 161Voir les actes du séminaire tenu à LIMBE sur la justice réparatrice du 05 au 12 avril 2008. lire particulièrement les communication de Philippe Landenne « modèle des aumôneries », «  le ministère de la présence ».

* 162 Conseil Pontifical Justice et Paix, op. Cit.

* 163 Comité ad hoc chargé de l'élaboration d'une nouvelle politique pénitentiaire et de la réforme du système carcéral, op. cit p.50.

* 164 ATAMENGUE (Edmond) et TSIMI ABOMO (Rémy), discours d'ouverture du séminaire de ............

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon