WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La communication au sein des ONG humanitaires.

( Télécharger le fichier original )
par Margaux Nivollet
ISCOM Montpellier  - Niveau certifié de niveau II (équivalent master 1) 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2 - Une communication estimée « culpabilisante », une transparence demandée

Après cette brève étude de campagnes des grandes associations françaises, nous pouvons voir qu'elles parviennent à se différencier de leurs concurrents en ne traitant pas exactement le

même sujet de la même manière. Cependant, le côté moralisateur est à chaque fois présent. Parfois plus subtilement, comme pour Médecins du Monde.

Malgré tout, ce ne sont que trois campagnes parmi une multitude d'actions et d'associations. C'est pour cela que j'ai fait le choix d'appuyer mon argumentation au travers de deux études. La première est une étude quantitative ayant pour but d'interroger la population française sur ce qu'elle pense de la communication des ONG humanitaires, et ce qu'elle aimerait voir changer. La seconde étude, qualitative, est un entretien semi-directif avec deux directeurs de communication d'ONG humanitaires afin de connaître leur avis d'experts et leurs recommandations. 1 9

19

Cf annexe 4 - Résultat de l'étude quantitative p7

 

25

L'ÉTUDE QUANTITATIVE : L'AVIS DES DONATEURS POTENTIELS

J'ai construit cette étude dans le but de récolter deux informations bien précises. Tout d'abord

établir le profil du « meilleur » donateur, celui qui peut facilement être conquis. Et celui du donateur « compliqué », qui correspond bien souvent aux apathiques cités lors dans la première partie de ce mémoire. J'ai besoin de ce profil pour établir un lien avec ma seconde information : quel type de communication souhaitent les donateurs.

A la fin de cette étude, j'espérais tout d'abord valider la pertinence de ma problématique, et dans un second temps voir si mes premières réflexions fondées durant mes lectures étaient sur

la bonne piste. Il se trouve que tout fut validé comme je l'espérais.

Mon étude a été menée sur un échantillon de 115 personnes, ayant en moyenne entre 22 et 34

ans. J'ai eu peu de réponses des plus de 50 ans, cependant ces derniers sont bien souvent des donateurs fidèles qui n'ont pas besoin d'être recrutés.

Concernant l'esprit actuel des français par rapport au don, 72% ne sont pas donateurs. La cause principale est le manque de revenu, mais le manque de confiance est en seconde place. Par ailleurs, 75% des répondants préféreraient donner pour une cause internationale, ce qui me semblait étonnant. En étudiant chaque commentaire accompagnant les réponses, je me suis rendue compte qu'ils souhaitaient tout de même régler les problèmes en France avant cela,

mais qu'un pays développé comme le nôtre ne devrait pas avoir besoin d'aide humanitaire. Le

manque de confiance réapparaît également lorsqu'il s'agit d'envoyer de l'argent à l'étranger, les donateurs ont l'impression de mieux superviser lorsque c'est en local.

Enfin, 53% des répondants trouvent la communication des ONG culpabilisante, et 38%

n'adhèrent pas à leurs campagnes. Enfin, 22% ne se sentent absolument pas concernés par cette étude, n'étant pas intéressés par l'aide humanitaire.

Ce premier portrait montre ainsi que de nombreux français restent à convaincre et peuvent

devenir de futurs donateurs si l'on parvient à les toucher convenablement et à leur inspirer confiance.

La suite de l'étude va nous permettre de nous aiguiller sur de potentiels nouvelles techniques de communication pour les ONG humanitaires.

Lors de mes lectures, j'ai été horrifiée par tout ce que l'on ne sait pas dans les pays en voie de développement. Les gouvernements sont dépourvus de charité, les médias ne prennent que ce qui les intéressent, et les associations se débrouillent comme elles le peuvent. J'ai également perçu un aspect intéressant de la communication dans le département qu'ils appellent

« fundraising » soit la levée de fonds.

26

Cependant ce pôle cible bien souvent uniquement les professionnels. Or cette communication me paraît intéressante à exploiter. En effet, très objective et appuyée par des chiffres concrets, nous comprenons mieux pourquoi nous donnons, quelle est l'action, combien de temps cela dure etc.

Lors de mon étude quantitative, ma théorie fut vérifiée car c'est 62% des interrogés qui souhaiteraient une communication plus informative. Plus inquiétant, 92% des répondants estiment que les associations ne sont aujourd'hui pas encore suffisamment transparentes sur leur budget. Ce chiffre alarmant peut s'expliquer par le fait qu'il faut être donateur pour avoir des retours sur les budgets, ou alors il faut chercher, parfois difficilement sur leur site internet. Or aujourd'hui le français veut des informations sans avoir besoin de chercher quoi que ce soit.

Une autre piste à exploiter est celle du témoignage. En effet 49% souhaiteraient voir des

personnes ayant été sur le terrain interviewés, contre 20% pour les campagnes TV. Ainsi, les français se déculpabiliseraient car ils verraient que la France se bat quand même chaque jour, et cela peut également les motiver à s'engager à leur tour.

Enfin, si l'on devait faire le profil du « donateur facile » ce serait une femme qui souhaite se battre pour les enfants, possédant au moins le BAC, active d'environ 25 ans.

A l'inverse, le donateur le plus dur à toucher serait un homme d'une vingtaine d'années qui est

jusqu'à présent très peu sensibilisé et qui a un niveau d'étude inférieur au BAC, actuellement à la recherche d'un emploi, étudiant ou jeune actif.

Aucune surprise par conséquent sur le profilage. Il faut donc parvenir à toucher la gente masculine et les persuader que le peu de dons qu'ils feront ne changera pas leur budget mais pourra grandement aider les populations étrangères. Il faudra également les sensibiliser sur les causes humanitaires en leur montrant concrètement la pierre qu'ils peuvent apporter à l'édifice.

27

ÉTUDE QUALITATIVE : AVIS DES EXPERTS20

Mon étude qualitative avait pour but de récolter l'avis d'experts de la communication en milieu humanitaire. Je n'ai malheureusement pu interviewer que deux personnes, ne parvenant pas à

joindre les plus grosses ONG. Cependant ces réponses ont été très intéressantes et m'ont réellement aidée pour la réalisation de ma préconisation.

J'ai commencé par interviewer Judith Marie, qui travaille actuellement chez Emmaüs mais qui a eu un long parcours humanitaire. Elle abonde dans mon sens lorsqu'il s'agit de développer une communication plus objective. Dans le milieu humanitaire, ils cherchent effectivement à s'éloigner de l'aspect culpabilisant de la campagne. Concernant le problème de confiance, Emmaüs essaye d'être le plus transparent possible. Cette association comme beaucoup d'autres sait que les donateurs sont méfiants et n'accepteront plus de nouveaux scandales. Ce n'est pas une seule institution qui est en jeu mais l'ensemble du monde humanitaire.

La communication humanitaire souhaite évoluer, notamment en utilisant le digital comme tremplin.

Le web leur permet de pouvoir s'exprimer plus facilement à moindre frais, il faut maintenant

l'utiliser à bon escient.

Quelques mois plus tard, j'ai contacté Matthieu Grapeloup, chargé de la communication du siège du GERES. Cette association conduit des projets de développement autour de l'accès à

l'énergie propre pour les plus pauvres. Son siège social est à côté de Marseille, mais ses actions sont tournées essentiellement en Asie.

Ayant peu de moyens pour la communication externe, le GERES n'est pas véritablement concerné pour le moment du problème de défiance des donateurs potentiels. Mais ce peu de

moyen est un frein pour le développement « basique » de la communication. Matthieu est exposé au même problème que beaucoup de responsables communication dans des

associations ont : persuader en interne de l'utilité de communiquer auprès des donateurs pour en augmenter le nombre.

Le côté visuel serait aujourd'hui encore primordial dans la communication. Cela permet d'avoir un message percutant et clair. Mais tout comme Judith, il estime que les campagnes aujourd'hui sont trop moralisatrices pour la jeune génération. Cette dernière souhaite s'engager, voir du concret dans leur action.

20

Cf Annexe 4 - Interview de Matthieu Grapeloup p 13

 

28

D'après Mathieu il faudrait donc que la communication s'axe sur le côté utile et engageant

qu'apporte le don. Ce n'est pas juste 5€ par mois, c'est une part dans un projet gigantesque ! Enfin, il est important de faire évoluer la communication tout en respectant l'éthique des

associations. La communication doit être percutante et au service de la visibilité de

l'association, tout en utilisant un budget le plus limité possible et en respectant une transparence totale.

Nous avons émis quelques ébauches pour faire évoluer la communication des associations humanitaires. Cependant, nous n'avons pas encore traité le problème de défiance de la

nouvelle génération. Certes faire preuve de transparence est nécessaire aujourd'hui pour ne pas faire fuir la population. Mais ne serait-il pas possible de l'attirer justement parce qu'il se sentira bien dans une association en particulier ?

Parmi les tendances en France du marché en 2014 et 2015, la personnalisation et le contact

humain sont présents. Bien que les ONG ne peuvent pas se permettre de « surfer » sur les tendances marketing sans s'octroyer les foudres des médias, il est tout de même intéressant de les étudier. Les citoyens ont aujourd'hui besoin de se sentir important au sein d'une société, d'un groupe, d'une association. Mais il a également besoin de créer des liens forts au sein de cette même communauté.

Aujourd'hui les associations prennent le rôle d'adultes reprochant à leurs enfants de ne pas assez s'investir. Il y a une certaine distance entre associations et donateurs, une impression d'être jugés et vus de haut par chacun des partis.

Pour obtenir la confiance d»un jeune adulte, il faut commencer par lui montrer qu'on l'estime et que c'est un maillon aussi important que l'association.

Il est aujourd'hui nécessaire de ne plus voir un rapport association-donateur mais visualiser cela en un bloc unique : la Solution.

Ainsi, se rapprocher de ses donateurs est une solution à étudier. Il ne faut pas se contenter de les remercier et de leur donner des nouvelles lointaines par newsletter. Il est important de créer un dialogue avec eux sur le long terme. La communication participative est un axe intéressant qui pourrait avoir un double avantage. Le donateur se sentirait pleinement à sa place au sein

d'une communauté qui partage le même engagement, et l'association elle-même pourrait évoluer dans tous les domaines grâce aux apports de chaque membre de cette communauté.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery