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Terrorisme et géopolitique en Afrique. Sens et contresens.

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par Sékou COULIBALY
Alassane Ouattara de Côte dà¢â‚¬â„¢Ivoire - Master 2015
  

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INTRODUCTION

L'Afrique est à brut à des mutations sociales de tout genre. Génocide, rébellion, mutinerie, famine, insécurité, sont, hélas, une culture de mode pour les contemporains. De plus en plus, « l'homme loup », tel que décrit par Thomas Hobbes dans le Léviathan, s'avère une triste réalité en Afrique. Car, il n'est plus d'un simple truisme d'affirmer que les espaces géographiques d'Afrique sont en proie à des violences tous azimuts. Mais, comment ne pas comprendre cet état de fait, si davantage, l'autre n'est pas considéré comme un être à-part, distinct, qui a sa part et qui a les mêmes droits que soi ? À dire vrai, au coeur des instabilités sociales en Afrique, se trouve un arrière fond identitaire. Si on en est arrivé là, c'est justement parce que l'Afrique ne semble pas s'accommoder avec l'éthique de la diversité et avec la configuration politique que l'Occident lui a imposée. Ce qui cause de véritables problèmes d'adaptation autour desquels, philosophes, sociologues, historiens, hommes politiques se réunissent et tentent, chacun selon sa compétence, de trouver une solution qui éradiquerait, ou du moins, contribuerait à contenir les chocs que cela suscite.

Tout naturellement, à scruter de près cette réalité, on se rend à l'évidence que « Si la violence fait problème pour la philosophie, c'est parce que son déchainement nie les pouvoirs de la conscience et du langage, et donc, la capacité même de philosopher »9(*). Ce qui revient à dire que la violence dans le monde et plus particulièrement en Afrique est à justifier dans un état d'esprit autre que celui de l'éclairage de la raison et du dialogue intercommunautaire. Ce défaut de communication met à mal les rapports entre groupes humains et donne lieu à des actes de violences se présentant sous plusieurs formes.

Énoncer ainsi la problématique du terrorisme en rapport avec la géopolitique en Afrique (comme relevant d'un défi sécuritaire à relever) témoigne du déficit des consciences et des langages africains10(*) à solutionner raisonnablement, les différends. C'est dire également que cette problématique se veut une réponse au double questionnement du rejet de la violence et de l'affirmation des vertus des actes d'agressivité comme manifeste apparent de la libération. Cependant, si la violence a donné à la démocratie sa lettre de noblesse, force est de constater qu'elle entraine un certain affaiblissement social. On peut alors se demander pourquoi tant de violences en l'Afrique si tant est que ces violences ruinent davantage nos sociétés. Énoncer cette préoccupation, c'ests'interroger sur le rapport des actes terroristes à la géopolitique en Afrique. Cela est nécessaire, en ce sens que s'il est évident que toute philosophie, est avant tout, une géophilosophie, alors la réflexion sur l'insécurité en Afrique, s'avère, à plus d'une approche, une exigence philosophique pour nous africains.

Il est évident que différentes politiques (accords de paix, mise en place de structures de lutte commune contre la violence etc.), en vue de l'éradication de l'insécurité, ont été mises sur pied. Mais les résultats de ces investigations ne semblent pas fonctionner correctement eu égard à l'insistance des crises un peu partout en Afrique. Il revient alors, selon Habermas, « à la philosophie de diagnostiquer les maux de la société en termes de défauts de communication »11(*) si tant est que les révoltes en Afrique sont à percevoir comme un défaut de communication.

Qui plus est, si l'on y prend garde, avec cette montée vertigineuse de la terreur et de la violence souvent occasionnée par « la conquête et la conservation du pouvoir (...) l'Afrique sera [sinon qu'elle l'est déjà] le théâtre des affrontements fratricides »12(*). Dire cela, revient avec Yekoka, à situer la responsabilité du politique et des collectivités territoriales dans la violence et dans le terrorisme en Afrique. C'est si bien vu que si nul n'agit raisonnablement, si les rapports deviennent conflictuels du simple fait que tous se considèrent distincts les uns des autres et qu'au nom de cette distinction, l'on ne parvient pas à communiquer, cela ne peut qu'occasionner l'animosité entre individus.

C'est pourquoi, écrira Samba Diakité, la philosophie se doit de faire une critique sans complaisance de la gestion des pouvoirs en Afrique afin de demeurer dans la proximité de la question [sécuritaire] si tant est que la question [de la sécurité régionale] est la question qui conduit l'Afrique tout entière au progrès, au développement13(*).

Ce qui interpelle dans ce cas, c'est que face à cette curieuse politique de développement, il revient aux philosophes de se pencher sur la question de la sécurité régionale afin de contenir les nombreux dégâts matériels et humains causés par les actes de violences sur le sol africain. Ainsi, s'inscrivant dans une perspective de la philosophie de la guerre, une analyse philosophique sanscomplaisancedes fondements de ces actes ignobles, prend tout son sens.

Toutefois, sans vouloir restreindre les causes des violences en Afrique à des questions identitaires ou purement politiques et idéologiques, nous souscrivons à l'idée selon laquelle « c'est le rejet de l'ouverture aux peuples qui se saisit à partir de la Différence et des particularités »14(*). Ce refus de la différence, sans oublier l'économie et le politique, doivent être analysés en rapport avec la violence terroriste en Afrique. C'est pourquoi, nous convenons avec Giovanna Barradori lorsqu'elle écrit que par les principaux arguments avancés relatifs à la terreur et au terrorisme « la philosophie doit donc se mobiliser, car elle peut à l'évidence apporter une contribution unique au moment de cette délicate articulation du géopolitique »15(*).

Cela dit, il nous semble opportun l'analyse critique des questions les plus pressantes que posent la violence terroriste en Afrique. Ce qui justifie le choix de notre sujet reformulé comme suit : « terrorisme et géopolitique en Afrique : sens et contresens ». Autrement, nous voulons, à travers cette étude, analyser la problématique du terrorisme dans son interaction avec les rivalités de pouvoirs sur les territoires africains.

Notre intention reste celle de l'appréhension de la violence terroriste en Afrique dans son rapport aux rivalités de pouvoirs. Au-delà doncde la diversité des approches, les documents que nous avons consultés, sans avoir pour intentionde justifier ou de condamner le terrorisme, mais dans une dynamique de regards croisés, nous permettent une intellection de ce phénomène. Le but, c'est de promouvoir le vivre en commun : que les différences ne constituent plus d'obstacle à l'harmonie sociale ; que plus jamais les jeux d'intérêts ne soient des avatars pour l'équilibre de la société. En d'autres termes, nous voulons, dans cette analyse, comprendre le terrorisme en Afrique à travers ses fondements, ses objectifs et ses enjeux afin de limiter les dégâts humains que ce phénomène suscite.

À partir de là, le problème que nous entendons résoudre se décline comme suit : la violence terroriste est-elle la conséquence de stratégies de domination à partir des rivalités de pouvoirs et de territoires sur l'espace africain ? De toute évidence, cela parait logique. Cependant, quels sont les fondements du terrorisme en Afrique ? Relève-t-il de simples crises de la représentativité ou d'enjeux liés à des stratégies géopolitiques ? Comment le terrorisme,devenant un enjeu géopolitique pour l'Afrique, peut-il être éradiqué, ou du moins, atténué ?

Somme toute, cette étude se propose d'être un diagnostic du terrorisme dans son rapport avec les rivalités politiques en Afrique. Pour y parvenir, l'utilisation concomitante des méthodes phénoménologique et herméneutique s'avère nécessaire.

En termes de méthode, nous voulons également rompre les amarres avec l'attitude qui consiste à philosopher autour d'un auteur (en l'interprétant) ou encore autour d'une école philosophique (dans rares de cas). Nous avons décidé de penser les fondements d'un phénomène nouveau(le terrorisme en Afrique) dans un vocabulaire purement africain. Et ce, sans rattacher forcément cette étude à un auteur donné ou à une école philosophique spécialiste de la question. Cela, non pas parce qu'une réflexion sur le terrorisme en Afrique est inédite, mais parce que l'actualité de ce sujet (la saisie d'un phénomène évolutif) nous impose de l'analyser non pas seulement dans les livres, mais aussi bien dans la réalité quotidienne des peuples qui en payent les frais. Cette exigence nous force à l'analyse de la question en rompant avec la méthode classique de notre Unité de Formation et de Recherche (UFR). Bien évidemment, nous illustrerons nos points de vue en faisant appel, sans cesse, à certains philosophes selon que besoin se fera sentir. Et c'est justement en cela que les méthodes sociocritique et herméneutique dont nous ferons usage prendront leur sens : l'interprétation de certains textes et faits sociaux qui contribuent à la compréhension du phénomène.

Toutefois, nous ne prétendrons pas que notre travail clore le débat sur la problématique du terrorisme en Afrique. Cela s'avère quasi impossible, voire prétentieux. Néanmoins, nous tenterons de traiter de la question en ne prenant en compte que ses fondements et ses enjeux ; après quoi, nous montrerons des voies qui pourraient aider à la pacification de l'espace africain et à minimiser le risque de la perpétuation des attaques terroristes en Afrique. C'est dire autrement que notre travail se soumettra à trois articulations, à savoir : la recherche des fondements de la violence terroriste, le dévoilement des enjeux politico-idéologiques en rapport aux stratégies géopolitiques et enfin la recommandation de stratégies de la lutte contre le terrorisme en Afrique.

* 9 Gérard DUROZOI et André ROUSSEL, Dictionnaire de Philosophie, Paris, Nathan, 2009, p. 367.

* 10 Ici, les langages africains représentent la palabre. Dans les sociétés traditionnelles africaines encore, le mode de résolution des différents reste l'arbre à palabre. Une sorte de juridiction structurée autour de la chefferie, de la doyenneté et du conseil des sages.

* 11 Jacques DERRIDA et Jürgen HABERMAS, Le « concept » du 11 septembre, Dialogue à New-York (octobre-décembre 2001) avec Giovanna Barradori, Paris, Galilée, 2004, p. 82.

* 12 Jean Félix YEKOKA,- "Violence politique et terrorisme au Congo Brazzaville entre 1959 et 2002" article, in « Terrorisme et piraterie : De nouveaux enjeux sécuritaire en Afrique Centrale », Presses Universitaires d'Afrique, Yaoundé - Cameroun, consulté le 24/02/2015 à 11h13mn.

* 13 Samba DIAKITÉ,- Politiques africaines et identité, des liaisons dangereuses, Québec, Différence Pérenne, 2014, p. 31.

* 14 Samba DIAKITÉ,- "Yacouba Konaté et l'Afrique : la cure de soi ou l'éternel retour du kilikan-sosso" in Autour de l'oeuvre de Yacouba Konaté, Abidjan, Balafons, 2011, p. 57.

* 15 Jacques DERRIDA et Jürgen HABERMAS, op. cit, p. 11.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci