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Terrorisme et géopolitique en Afrique. Sens et contresens.

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par Sékou COULIBALY
Alassane Ouattara de Côte dà¢â‚¬â„¢Ivoire - Master 2015
  

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II. Pluralité ethnique, un problème majeur en Afrique

La pluralité ethnique, ladifférence entre groupes ethniques,est-elle, pour l'Afrique une richesse au sens où Saint-Exupéry l'entend ? Autrement, la différence comme source de richesse tient-elle toujours dans une Afrique génocidaire, fratricide, tribale? Mais, en quoi est-il réel que la pluralité ethnique constitue-t-elle, pour l'Afrique, une aubaine ?

D'un point de vue afro-optimiste, la pluralité ethnique, plus qu'un simple avantage pour l'Afrique, constitue l'essor de cette société. Elle est l'épine dorsale de tout progrès social car, garante de l'harmonie sociale. Comment cela peut paraître autrement si la beauté d'un tapis réside dans la pluralité de ses couleurs, s'il en va ainsi de l'humanité selon l'auteur de Aspects de la civilisation africaine38(*) ? Comment ne pas comprendre du coup la portée et l'actualité de la différence-richesse Saint-exupéryennedans la configuration sociale africaine ? Dire cela, c'est reconnaitre que la pluralité ethnique est un avantage pour nos sociétés africaines. Telle que pensée, la pluralité ethnique donne à l'humanité tout son éclat, tout son sens et sa consistance dans la mesure où« D'une manière générale, la diversité ethnique et religieuse réduit le risque de conflit »39(*) selon les rapports de la Banque Mondiale. Bien que cela, prévient la Banque Mondiale,

une diversité ethnique plus restreinte peut cependant poser problème. Si dans une société pluriethnique, le groupe le plus important forme une majorité absolue, le risque de guerre civile augmente d'environ 50%. Or près de la moitié des pays en développement présentent cette caractéristique40(*).

Qui plus est, à en croire les résultats des recherches de la Banque Mondiale, la diversité ethnique et religieuse relève d'une double dimension : l'une civilisatrice, et l'autre déshumanisante. Elle est à la fois un avantage pour le maintien de l'ordre social dans, rares des cas, et une mésaventuredansla recherche de la paix pour nombre de sociétés africaines. En tant que facteur contribuant à l'harmonie sociale, la pluralité se veut respect scrupuleux des normes juridiques, politiques, socioéconomiques. Elle se veut ainsi conservatrice des droits de l'individu aux valeurs de liberté (avec ses exigences) et du bonheur.

Dans son versant déshumanisant, la pluralité ethnique est à concevoir dans une logique de négation de la diversité. On dira dans ce cas que si tu diffères de moi, si tu n'es pas moi41(*), donc tu n'es pas avec moi, alors tu es l'autre et donc tu es contre moi. Les auteurs de Qui a peur du tiers monde ?, expliquent mieux ce fait.

Pour eux, « En fait, l'expérience nous enseigne qu'il n'est pas facile pour un individu de trouver d'autres points de vue que ceux qui sont les plus communément acceptés par la société, le groupe ou la culture auxquels il appartient »42(*).Du coup, surgit le massacre culturel. Mais comment à partir de telle tautologie autour de l'ethnie arrive-t-on au massacre des identités, aux suicides, au terrorisme ?

Le terrorisme passe toujours par l'identification d'un adversaire social, d'un référent dont il tire sa légitimé et d'un ensemble de principes qui en assurent la cohérence et les limites temporelles. Dans une perspective réaliste, il semble d'une évidence que là où il y a diversité, il y a nécessairement divergence, discordance en termes d'antagonisme. Cela parait assez logique pour que l'homme, dans sa volonté de se réaliser, cherche sans cesse à convertir l'autre afin de voir en cet autre, sa propre image, son reflet. Cette volonté partagée de conversion et de reconversion de l'autre est au fondement des antagonismes dans nos sociétés africaines pluriethniques.

Qu'il s'agisse de la diversité ethnique ou religieuse, l'un des problèmes majeurs de l'Afrique est bien la non maitrise de la différence-richesse dont parlait Saint-Exupéry et à sa suiteAmadou Hampaté Ba. Est-ce à dire ici que si l'homme était un, si la diversité n'était pas efficiente, il n'y aurait pas de trouble ? Suffirait-il alors d'être une société mono-culturaliste pour éviter les troubles ? La nature humaine n'est-elle pas, au fond, violente ?

En réalité, la diversité ethnique qui encoure la diversité des croyances, n'est qu'une condition, elle-mêmeinsuffisante,du déploiement de la violence en Afrique. Elle joue sa part en tant que moteur de revendications sociales tous azimuts. Donnant lieu parfois à des frustrations liées à la négation de certains groupes ethniques, la pluralité des ethnies en Afrique est le foyer de belligérances apparaissant parfois comme le manifeste d'une crise de la reconnaissance. On peut justifier l'avènement du terrorisme en Afrique dès lors par le fait que des groupes, de cultures, se sentant lésés dans la configuration de la société, décident de régler leurs comptes avec des moyens apparemment anodins, mais manifestement puissants ; apparaissant ainsi une nouvelle forme de guerre.

Cependant, quel que soit le rôle de la pluralité ethnique dans l'avènement de cette forme de guerre qu'est le terrorisme en Afrique, ne relèverait-t-ilpas, enclair, d'une stratégie géopolitique et des enjeux politiques et idéologiques qu'il conviendrait d'interroger ?

* 38 Amadou HAMPATÉ BÂ, Aspects de la civilisation africaine, Paris, Présence africaine, 1972.

* 39Banque Mondiale, op.cit., p. 79

* 40 Banque Mondiale, Idem, p. 80.

* 41 Le « moi » est à saisir ici comme l'identité d'un ensemble, comme une appartenance sociale, ethnique culturelle ou religieuse.

* 42Jean Yves CARFANTAN& Charles CONDAMINES, Qui a peur du tiers monde ?, Paris, Seuil, 1980, p. 167.

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