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Effets de l'ouverture commerciale sur la croissance économique du Burkina Faso.

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par Yempabou Landry Clotaire MANO
ENAM - Conseiller des affaires économiques 2015
  

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B- Les indicateurs de mesure de l'ouverture commerciale

Dans la littérature économique, l'ouverture commerciale a été mesurée de diverses façons. On distingue à cet effet deux grandes catégories d'indicateurs : les indicateurs d'ouverture absolue et les indicateurs d'ouverture relative.

1- Indicateurs d'ouverture absolue

Ces indicateurs sont traditionnellement les plus utilisés. Ils visent à évaluer directement le niveau d'ouverture d'une économie au commerce extérieur soit en observant le résultat des échanges par un ratio d'ouverture, soit en évaluant directement les mesures de protection mises en oeuvre dans le pays considéré.

a- Degré d'ouverture

Le degré d'ouverture d'un pays mesure la place que tient le reste du monde dans son économie. Il mesure le niveau de la contrainte extérieure et est obtenu par le rapport de la valeur des échanges extérieurs sur le PIB. De façon explicite on a : Degré d'ouverture5=100*[~~~~~~~~i~~+Importation]/PIB.

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Il est facile à calculer. Ce qui justifie d'ailleurs le fait qu'il soit plus utilisé dans les études empiriques. Ce ratio présente aussi l'avantage de tenir compte de l'ensemble des nouvelles formes de protection non tarifaire, et de ce point de vue, l'histoire récente des politiques commerciales plaide en faveur de son utilisation (Blancheton, 2004). Toutefois, ce ratio n'est pas exempt de critiques. En effet, d'un point de vue comptable, il s'agit du rapport d'une production (X+M)/2 sur une valeur ajoutée (PIB).

5 Certains auteurs utilisent (exportation/PIB)*100 ou 100*(exportation+importation)/PIB

Par conséquent, les grands pays exportateurs dont le simple ratio X/PIB dépasse parfois 100% (Hong Kong, Singapour), se trouvent favorisés.

En outre, un ratio élevé peut aussi être la conséquence de politiques peu libérales qui agissent en sens contraire. Un pays qui, par exemple, restreint ses importations et encourage ses exportations apparaîtra, à ratio similaire, aussi ouvert qu'un pays qui pratique une politique commerciale plus neutre. Aussi, un pays importateur de biens intermédiaires élaborés et exportateurs de produits finals ou quasi-finals, est moins prédisposé au protectionnisme que les pays importateurs de biens finals.

Enfin la critique majeure et rédhibitoire est selon Pritchett (1996), le fait que cet indicateur dépend d'une multitude de variables qui sont indépendantes des politiques commerciales comme la taille de la population6, la configuration géographique7, les dotations en ressources8 etc.

b- Mesure directe et évaluations qualitatives et subjectives

Certains auteurs proposent une autre méthode qui consiste à saisir directement les mesures restrictives de politiques commerciales. Il s'agit de mesurer les barrières tarifaires (tarifs moyens) et non tarifaires.

Toutefois, les mesures directes n'apparaissent pas toujours comme les indicateurs les plus significatifs pour expliquer le volume des échanges d'un pays (Serranito, 1999). Les relever pose, en effet, un certain nombre de problèmes d'interprétation.

En ce qui concerne les tarifs, la moyenne proposée n'est pas, en général, pondérée par les parts de commerce. L'indicateur favorise donc les pays qui imposent fortement les quelques produits qu'ils importent en grande quantité et fait apparaître comme plus fermés les pays qui maintiennent une protection forte sur des secteurs marginaux. Pour éviter les conséquences de cette non pondération, d'autres études retiennent la part des recettes tarifaires dans le PNB (ou dans les importations). Edwards (1992), notamment, prend en compte le ratio des droits de douane et des subventions à l'exportation sur le volume total du commerce. Mais il s'agit là encore d'un mauvais indicateur d'ouverture puisqu'un pays complètement fermé et ne

6 Les grandes économies sont en général moins ouvertes car plus une économie est étendue, plus elle se suffit à elle même.

7 Plus une économie est proche d'un pôle commercial, plus elle sera ouverte et un pays non enclavé aura aussi une économie plus ouverte

8 Les pays détenteurs de ressources naturelles abondantes auront davantage une économie ouverte

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percevant donc aucune recette, apparaîtra comme parfaitement ouvert sur ce critère. À contrario, les pays indiqués comme les plus fermés seront ceux qui maximisent leurs recettes fiscales (avec des importations peu élastiques aux prix intérieurs), sans pour autant mener nécessairement une politique commerciale fermée.

Le risque que certains pays compensent la baisse de leurs barrières tarifaires par le durcissement des barrières non tarifaires (BNT) voire les accords d'autolimitation, quotas, licences d'importation implique que ces dernières entrent dans l'appréciation directe de la politique commerciale. Pourtant, dans les régressions qui visent à expliquer les flux des échanges, les BNT donnent des résultats fréquemment décevants : signe inattendu, coefficient faible et peu significatif (Pritchett, 1996).

Sachs et Warner (1995) définissent un ensemble de critères pour caractériser l'ouverture des pays. Ils considèrent un pays comme fermé s'il présente au moins une des cinq caractéristiques suivantes :

> les barrières non tarifaires couvrant 40% ou plus du commerce total ; > les droits de douane moyens supérieurs ou égale à 40% ;

> le taux de change sur le marché noir avec une prime de 20% ou plus par rapport au taux de change officiel en moyenne durant la période ;

> un système économique socialiste (les auteurs n'en fournissent pas de définition précise mais soulignent que cet indicateur couvre des pays tels que la Pologne et la Hongrie qui se sont appuyés sur un système de planification centrale9 pour protéger leur économie, plutôt que sur des droits de douane) et

> un monopole d'État sur les produits d'exportation.

Par conséquent, une économie est considérée comme ouverte si aucune de ces cinq conditions n'est valable.

Des méthodes alternatives consistent à l'utilisation d'indices synthétiques pour apprécier l'ouverture commerciale. Certaines organisations publient un indice qui est la somme des scores obtenus par un pays sur plusieurs critères d'ouverture. A ce titre on distingue l'indice EMAI (Emerging Market Access Index) construit à partir de

9 L'économie socialiste de marché était le système économique mis en place par ces États dans les années 1969.

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16 critères d'ouverture commerciale et l'indice de liberté économique de la fondation Héritage utilisant dix critères dont la politique commerciale.

2- Indicateurs d'ouverture relative

Ces méthodes visent à apprécier l'ouverture par rapport à une "norme" construite ou constatée dans un pays ou une zone de référence. L'écart entre la valeur constatée dans ce pays et cette norme révèlerait le niveau d'ouverture du pays. Si la première catégorie d'indicateurs d'ouverture relative apprécie l'ensemble des distorsions que les interventions publiques sont censées introduire, la seconde quantifie l'influence de ces politiques sur les seuls flux commerciaux.

a- Indices de distorsion

Un indice de distorsion est un indicateur qui permet de capter l'ampleur des mesures protectionnistes dans la politique commerciale d'un pays. L'un des indices les plus connus et utilisés dans la littérature est l'indice de distorsion de Dollar (1992).

Dollar va proposer un indicateur simplifié en se basant sur le niveau des prix relatifs de différents pays. Cet indicateur vise à établir une comparaison du niveau des distorsions commerciales en prenant pour référence le niveau des prix des États-Unis (USA). Tout écart positif existant entre les prix domestiques d'un pays donné et ceux du pays de référence (multiplié par le taux de change) est synonyme de distorsion commerciale.

L'indicateur se base donc sur deux éléments, la variation des prix et le taux de change. Il donne le niveau des prix relatifs selon la formule suivante :

"usa

oÙ Pr est l'indice des prix relatifs,

° le taux de change nominal de la monnaie locale en dollar ($ us),

Pr = 100 * ° "~

Pi l'indice des prix à la consommation du pays (i), Pusa est l'indice des prix aux États-Unis.

Cet indicateur présente le niveau des prix relatifs entre différents pays mais pourrait aussi servir à calculer le taux de change réel bilatéral entre un pays et les États-Unis

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Il donne pour des pays, dont les échanges commerciaux ne subissent pas de restrictions, un niveau de prix proche ou égal à celui des États-Unis, soit 100%. Ce qui amène l'auteur à conclure que les pays dont les indices de prix sont proches de ceux des États-Unis sont ouverts au commerce, alors que les pays dont l'indicateur s'éloigne de l'idéal (100%), ont des prix distordus, synonyme d'absence de politiques d'ouverture commerciale.

b- Évaluation de l'ouverture par les résidus

Chenery et Syrquin(1989) et Guillaumont (1994 ; 2000), notamment, ont proposé de contrôler les flux d'échange par des variables structurelles indépendantes de la politique commerciale. L'écart entre le volume constaté du commerce et celui prévu à partir du modèle de référence devient alors l'indicateur d'ouverture. Si ce résidu, est positif (commerce constaté > commerce prévu) le pays est considéré comme ouvert et inversement. L'indicateur d'ouverture est alors un indicateur relatif : un pays n'est ouvert (ou fermé) que relativement à ce qui peut être observé pour l'ensemble des pays. On peut admettre que les travaux empiriques qui utilisent cette méthode ne puissent prétendre conclure que sur l'avantage (ou l'inconvénient) de s'ouvrir davantage (ou moins) que les autres. Ils ne diront rien sur une relation monotone entre le degré d'ouverture absolue et le taux de croissance et, a fortiori, ne permettront pas non plus d'établir le degré d'ouverture "optimale".

Au regard de tous ces indicateurs de l'ouverture commerciale, nous avons opté dans le cadre de cette étude pour l'utilisation d'un indicateur d'ouverture absolue à savoir le degré d'ouverture commerciale pour des raisons précédemment évoquées.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon