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Effets de l'ouverture commerciale sur la croissance économique du Burkina Faso.

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par Yempabou Landry Clotaire MANO
ENAM - Conseiller des affaires économiques 2015
  

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Section II : Théories de la relation entre ouverture et croissance
économique.

Les études économiques ont beaucoup enrichi la littérature sur la relation ouverture commerciale-croissance économique. Dans cette partie nous aborderons d'abord les études théoriques sur la question avant d'examiner les travaux empiriques réalisés.

Paragraphe I : Études théoriques

Les contributions sur la relation ouverture au commerce international-croissance économique trouvent leurs fondements dans les théories du commerce international et de la croissance économique.

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L'intérêt sur la question remonte au XIXème siècle avec l'émergence de la théorie traditionnelle du commerce international. Fondée sur le paradigme de la concurrence pure et parfaite et les rendements d'échelle constants, la théorie traditionnelle prône l'ouverture des économies car celle-ci permet d'augmenter la production domestique. En orientant ses ressources vers les secteurs d'activités où il détient un avantage absolu (Adam' Smith), un avantage comparatif (David Ricardo) ou qui utilisent de manière intensive le facteur dont il est le plus fortement doté (capital, travail qualifié ou travail non qualifié : théorème de Heckscher, Ohlin, Samuelson), un pays ouvert réalise des gains de productivité favorables à la croissance économique. Cette vision rompt avec la pensée mercantiliste de l'époque qui considère le commerce international comme un jeu à somme nulle, c'est-à-dire une pratique dans laquelle une nation ne se développe qu'au détriment d'une autre.

Constatant l'échec des théories traditionnelles dans l'explication des échanges entre pays de niveau de développement similaire, des échanges intra branches et du rôle des firmes multinationales dans les échanges internationaux, de nouvelles théories du commerce international vont émerger dans les années 1970 sous l'impulsion de Brander, Spencer et Krugman. Ces théories se fondent sur les principes de la concurrence imparfaite et des rendements d'échelle croissants qui postulent des économies d'échelle et des externalités technologiques liées à l'ouverture. Dès lors les gains de l'ouverture vont quitter le cadre statique pour devenir de plus en plus dynamique. Parallèlement aux études sur le commerce international, les études sur la croissance économique ont connu également une progression.

A la suite des analyses de Ricardo (1817) sur le commerce international, plusieurs auteurs se sont penchés sur la question de l'origine de la croissance économique. Ils considèrent que la production est une fonction du travail, du capital, de la terre et leurs productivités.

Pour les théoriciens de la croissance exogène issus du modèle de Solow (1957), cette productivité est captée par le progrès technologique qu'ils considèrent exogène10 dans le long terme. Partant de l'hypothèse du taux d'épargne constant dans le court terme et du rendement marginal décroissant de l'investissement, ils montrent que l'économie se trouve permanemment entre deux états : un état de

10 Le progrès technique n'est pas expliqué mais est considéré comme une donnée dont on ne peut modifier ; telle « une manne tombée du ciel »

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départ marqué par une faiblesse du capital physique et un état final où le capital physique est abondant. C'est seulement pendant cette phase de transition que la politique commerciale peut jouer un rôle d'accélérateur en accroissant le stock de capital physique, moteur de la croissance. L'une des implications de ce modèle est la convergence économique des nations11.

Toutefois face à l'absence de convergence entre pays en développement (PED) et pays développés (PD), de nouvelles théories de la croissance économique à savoir les théories de la croissance endogène vont émerger vers la fin des années 1970. Les théories de la croissance endogène postulent que le changement technologique est endogène car celui-ci émane du désir de profit des industriels qui investissent dans les activités de recherche et de développement (R&D). Ils remettent ainsi en cause la décroissance de la productivité du capital physique en mettant en avant deux phénomènes : d'une part l'existence de facteurs de production qui ne connaissent pas de bornes à leur accumulation et considérés comme moteurs potentiels de la croissance et d'autre part l'existence d'effets externes au cours du processus de production.

A partir des années 1990, les études sur le commerce international et la croissance économique jusqu'alors menées séparément vont connaitre un rapprochement. La fusion entre la théorie de la croissance endogène et la nouvelle théorie du commerce international offre ainsi un nouveau cadre d'analyse pertinent des effets de l'ouverture sur la croissance économique.

Plusieurs études théoriques majeures seront effectuées au cours de cette période. Feenstra (1990) et Grossman et Helpman (1990) affirment qu'il existe deux effets opposés de l'ouverture sur la croissance. D'un côté, l'ouverture commerciale accroît la taille du marché et donc incite les firmes à investir pour bénéficier des économies d'échelle et de l'autre côté, l'ouverture intensifie la concurrence et réduit donc l'incitation à innover. Dans ces conditions un petit pays aura tendance à innover moins à long terme qu'en situation d'autarcie. Ces deux effets s'annulent pour un grand pays.

PAGE (1991) note que l'ouverture est censée agir à travers deux modes d'ajustement. Non seulement elle permet aux entreprises déjà efficientes d'allouer

11 L'hypothèse de convergence correspond à l'idée que les pays en voie de développement évoluent rapidement et finissent par arriver à un niveau quasi-égal à celui des pays développés

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correctement leurs ressources grâce aux signaux du marché, mais elle contribue également à renforcer l'efficacité interne de celles qui sont défaillantes, moins aptes à répondre aux lois du marché.

Grossman et Helpman (1991) démontrent à nouveau que l'ouverture permet d'augmenter les importations domestiques de biens et services qui incluent de nouvelles technologies. Grâce à l'apprentissage par la pratique et le transfert de technologies, le pays connait un progrès technologique, sa production devient plus efficiente et sa productivité augmente. On s'attend alors à ce que les économies les plus ouvertes croissent à un rythme plus rapide que celles protectionnistes. Cependant, les auteurs rajoutent que ces gains dépendent de plusieurs facteurs, dont la situation initiale. Cette dernière détermine la nature de la spécialisation du pays dans le long terme et donc son taux de croissance. L'ouverture d'une petite économie peut la conduire à se spécialiser dans un secteur de faible croissance, contribuant plutôt à laisser le pays dans le sous développement. Dans ce cas, le pays devrait adopter des politiques protectionnistes durant les premières étapes de son développement, pour ensuite opter pour des politiques d'ouverture appropriées. Cette vision est en phase avec la théorie de l'industrie naissante.

Selon l'étude de Levine et Renelt (1992), la relation de causalité entre l'ouverture et la croissance se fait à travers l'investissement. Si l'ouverture au commerce international permet l'accès à des biens d'investissement, cela mènera à une croissance de long terme. Un pays libéralisant ses échanges s'attirera des flux d'investissement étranger. Cependant, cela risque d'engendrer une baisse de l'investissement domestique due à une plus forte concurrence internationale.

Grossman et Helpman (1992) avancent par ailleurs qu'un pays protégeant son économie peut stimuler sa croissance économique. Cela est possible dans le cas où l'intervention gouvernementale encourage l'investissement domestique selon les avantages comparatifs du pays.

Aubin (1994) prolongeant les travaux de Rivera-Batiz et Romer (1991) montre que les gains de l'ouverture en termes de croissance sont beaucoup plus importants lorsqu'il existe une coordination des politiques économiques entre pays. C'est-à-dire une intervention publique recherchant l'optimum non pas dans le cadre des économies prises séparément mais dans le cadre de leur union. Dans ce sens,

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l'intégration des marchés ne suffit pas pour obtenir une croissance optimale mais doit être accompagnée d'une intégration des politiques économiques.

Selon Harrison (1995) les arguments théoriques relatifs aux gains provenant de l'ouverture commerciale sont traditionnellement liés à l'efficience allocative, dans les pays détenteurs d'avantages comparatifs.

Pour Krugman et Obstfeld (1995), en présence de rendements croissants, un pays plus efficient peut en effet ne pas pouvoir entrer sur le marché d'un produit du fait de la présence d'un second pays qui dispose d'une rente de situation sur ce produit.

Fontagné et Guerin (1997) ont indiqué que les conditions internes déterminent les résultats de l'ouverture d'un pays. Si le pays dispose de certaines conditions (capital humain qualifié, bonnes institutions, etc.), l'ouverture commerciale joue un rôle catalyseur sur la croissance en activant l'économie face aux chocs extérieurs.

En résumé, les travaux théoriques n'ont pas réussi à trancher définitivement sur un effet favorable ou défavorable de l'ouverture sur la croissance économique. Ils se résument à indiquer les canaux par lesquels elle peut favoriser ou entraver la croissance. De plus, les résultats de chaque modèle dépendent fortement de sa structure et de ses hypothèses. Le débat reste donc ouvert sur ce point auquel les études empiriques tentent d'apporter des éléments de réponse.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo