WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Effet de l'interdépendance des tàąches sur la relation entre compétences politiques, performance contextuelle et sentiment d'accomplissement personnel.

( Télécharger le fichier original )
par Charlotte Hardouin
IED Université Paris 8 - Master 1 Psychologie Sociale et Ressources Humaines 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

9. Discussion

9.1 Contribution de l'étude au champ de recherche

Les résultats de cette recherche vont dans le sens des premiers travaux selon lesquels le construit de compétences politiques constitue un modèle d'efficacité sociale facteur de performance (Blickle et al., 2008, 2011 ; Blickle, Wendel, et Ferris, 2010 ; Ferris et al., 2005; Jawahar, Meurs, Ferris et Hochwarter, 2008).

En distinguant d'abord la performance à la tâche de la performance contextuelle (Beaty, Cleveland et Murphy, 2001; Borman et Motowildo, 1993; Motowildo, Borman, et Schmidt, 1997), puis les deux dimensions constitutives de cette dernière, à savoir dirigée vers l'organisation d'une part et dans l'intérêt des individus qui la composent d'autre part (Van Scotter et Motowildo, 1996), la recherche de facteurs de performance a considérablement évolué dans le sens d'une opérationnalisation de ce construit.

46

On sait donc que le niveau de compétences politiques est significativement plus prédicteur de performance contextuelle que de performance à la tâche (Bing, Davison, Minor, Novicevic et Frink, 2011; Jawahar, Meurs, Ferris, et Hochwarter, 2008; Touzé, 2005), et notre étude non seulement confirme cet effet significatif, mais le complète en précisant que les compétences politiques prédisent significativement plus la performance contextuelle envers les individus que celle orientée vers l'organisation au sens large.

Les résultats de l'ensemble des travaux sur la prédiction de la performance par les compétences politiques sont cependant nuancés, ce qui laisse sous-entendre l'existence de variables modératrices de cette relation. Certaines études de ce champ de recherches prédisent ainsi un effet modérateur du type de demandes psychologiques liées au métier, et avancent que les compétences politiques sont plus particulièrement clés pour la performance individuelle et collective pour les métiers qui exigent de travailler avec et pour les autres (Perrewé, Ferris, Frink et Anthony, 2000 ; Blickle et al., 2011).

Notre étude reproduit ce plan de recherche de modération, en choisissant la mesure de l'interdépendance des tâches pour caractériser l'enjeu et la propension des relations interpersonnelles inhérentes à l'activité professionnelle exercée. Pearce et Gregersen (1991) avaient ainsi trouvé un effet significatif de l'interdépendance des tâches sur la performance contextuelle, confirmant l'idée avancée par Smith et al. (1983) que les comportements de citoyenneté organisationnelle sont déterminés par le degré de dépendance des uns envers les autres étant donné que des employés interdépendants sont conscients que les éventuels comportements contre-productifs qu'ils démontrent à l'encontre des autres peuvent potentiellement se retourner contre eux.

Nos résultats vont dans le sens de ces recherches, car ils mettent premièrement en avant un effet significatif de l'interdépendance des tâches sur le niveau de performance contextuelle et sur chacune de ses dimensions. Il est par ailleurs intéressant de noter que notre variable contrôle « type de métier » n'a pas d'effet significatif sur le niveau de performance contextuelle.

Le premier volet de notre recherche visait à faire ressortir un effet de modération par l'interdépendance de la relation entre compétences politiques et performance contextuelle. Cependant seule la relation entre la dimension d'intuition sociale et la performance

47

contextuelle globale est modérée par le niveau d'interdépendance, ce qui ne permet de valider que partiellement notre hypothèse.

L'intuition sociale fait référence à la perception des intentions, motivations et sentiments de ses interlocuteurs, et correspond à la capacité de lecture implicite des situations sociales. L'intuition sociale constitue donc une ressource qui donne à l'individu la capacité à comprendre tant la situation sociale que les enjeux individuels des acteurs impliqués et le contexte organisationnel dans lequel l'interaction se joue. Pfeffer (1992) renforce notamment l'idée que l'intuition sociale constitue une ressource supplémentaire dans la gestion des relations interindividuelles, en expliquant que « paradoxalement, c'est cette capacité à s'identifier aux autres qui est réellement cruciale pour obtenir des choses pour soi-même ». On voit ainsi en quoi cette conscience de soi et des autres est ainsi clé, dans les contextes de collectifs en particulier, et s'avère au regard de nos résultats être un prédicteur significatif de performance contextuelle.

L'effet de modération observé avance que dans un contexte de forte interdépendance, un individu doté d'une grande intuition sociale aura une performance contextuelle globale significativement supérieure à des collègues qui n'auraient pas cette compétence. Ceci ne s'applique pas néanmoins aux contextes professionnels de faible interdépendance. Plusieurs pistes explicatives peuvent être avancées pour expliquer cet effet modérateur.

Tout d'abord il parait logique que dans les contextes où l'individu n'a pas ou peu à interagir avec d'autres personnes, le niveau de performance contextuelle prédit par une fine intuition sociale soit faible. Dans les contextes de forte interdépendance en revanche, la compréhension des stratégies individuelles de ses interlocuteurs prédit plus de comportements émis dans l'intérêt non seulement de l'organisation d'appartenance mais également dans celui des individus qui la composent. Travailler en étroite collaboration avec d'autres personnes au sein d'une même organisation nécessite en effet d'interagir de façon à produire en commun. Ceci implique pour l'individu d'entretenir de bonnes relations avec les personnes avec lesquelles il est amené à travailler, de façon à obtenir le résultat attendu pour les tâches émises, et à produire le résultat attendu pour les tâches dont il est contributeur. La stratégie individuelle qui consiste à mieux donner aux autres, en réalisant les tâches qu'ils demandent, pour obtenir en retour une coopération réciproque sur les tâches qu'ils émettent, est facilitée par un niveau d'intuition sociale qui permet de s'adapter aux autres et de décrypter les leviers individuels à actionner pour qu'ils agissent dans l'intérêt de l'objectif commun.

Cet effet pourrait s'expliquer également par le fait qu'une fine intuition sociale suppose une implication interpersonnelle plus forte, car comprendre les sentiments, affects, ressentis, et

48

motivations des autres demande au sujet une capacité à se décentrer de ses propres considérations et à faire preuve d'empathie. On comprend de fait en quoi subséquemment l'intuition sociale peut faciliter l'engagement interpersonnel et l'attachement de l'individu à son organisation d'appartenance, démontrés par des comportements de performance contextuelle. Organ (1988) décrit ainsi les comportements de citoyenneté organisationnelle comme une démonstration d'altruisme, de courtoisie, de conscience collective, de sens civique et d'esprit sportif. Tous ces différents types de comportements peuvent ainsi être caractérisés par la propension à aider les autres (Podsakoff, Whting, Podsakoff et Blume, 2009) et donc à s'engager dans le collectif.

On peut enfin supposer que dans un environnement professionnel d'interdépendance, la performance contextuelle devient partie intégrante de la stratégie individuelle du sujet pour se forger une image positive au sein de l'organisation, grâce à sa connaissance tacite des motivations des autres acteurs de l'arène politique. Comme Zinko (2013) avait déjà avancé une médiatisation par la réputation de la relation entre compétences politiques et stress généré par les contraintes extérieures, il pourrait être intéressant de voir quel rôle cette même réputation peut avoir sur la relation entre compétences politiques et performance contextuelle. Ces résultats sont donc encourageants et appellent des investigations complémentaires.

Le deuxième volet de cette recherche visait à étudier la modération par l'interdépendance de la relation entre compétences politiques et accomplissement personnel. Etant donné le statut controversé de la dimension de réduction de l'accomplissement personnel dans le modèle de l'épuisement professionnel développé par Maslach et Jackson (1986), nous avons fait le choix dans notre plan de recherche de la considérer comme une variable dépendante à part entière. En faisant ressortir l'effet significatif des compétences politiques sur le niveau d'accomplissement personnel, notre recherche s'avère cohérente avec les travaux qui attribuent à ce construit un rôle de ressource protectrice face au stress généré par des contraintes extérieures (Dagot, Bortheyrou, Grégoire et Vallée, 2014 ; Jawahar, Stone et Kisamore, 2007; Perrewé et al., 2004, 2005; Rudelle-Astie, 2014).

Plus spécifiquement, outre l'effet positif direct des compétences politiques sur le niveau d'accomplissement personnel qui étaye les conclusions des recherches précédentes, il ressort de l'analyse des dimensions des compétences politiques que seules l'intuition sociale et l'adaptation interindividuelle impactent significativement le niveau d'accomplissement personnel.

49

Ce résultat diffère des quelques études ayant analysé l'effet spécifique de chacune des dimensions des compétences politiques, selon lesquelles les dimensions d'influence interpersonnelle et de capacité de réseau sont les plus significativement protectrices des effets du stress perçu (Dagot, Bortheyrou, Grégoire et Vallée, 2014). L'interdépendance n'a quant à elle aucun impact significatif sur l'accomplissement personnel, ce qui va également à l'encontre des résultats de recherches antérieures qui indiquent un effet direct significatif de cette dernière sur la mesure des impacts de facteurs de stress (Aubé, Rousseau, Mama et Morin, 2009 ; Bertucci, Johnson, Johnson et Conte, 2011).

Ces différences constatées étayent l'hypothèse d'une indépendance de la dimension du sentiment de réduction d'accomplissement personnel, que des investigations complémentaires devraient étudier en tant que variable à part entière.

La spécificité de notre étude tient par ailleurs au fait qu'elle est, à notre connaissance, la première à comparer comme deux variables dépendantes la mesure de performance hors tâches exigées par le poste et le sentiment d'accomplissement personnel. On note ainsi une corrélation forte entre ce dernier et celui de performance contextuelle (p=.43, p<.001), et principalement avec sa dimension interindividuelle (p=.43, p<.001) plutôt que celle dirigée vers l'organisation (p=.27, p<.01).

Si l'on ne considère plus l'accomplissement personnel comme une dimension de l'épuisement personnel, alors il peut être intéressant de voir en quoi il peut également constituer une ressource de l'individu pour mieux gérer les contraintes de son environnement. On peut en effet penser, dans l'environnement socio-professionnel actuel, que la capacité d'un individu à donner du sens à son activité professionnelle et à se sentir utile et compétent peut lui permettre de percevoir différemment les contraintes de son environnement de travail. Nous avons ainsi réalisé des analyses complémentaires pour déceler un éventuel effet de modération par le sentiment d'accomplissement personnel de la relation entre compétences politiques et performance contextuelle, mais les résultats ne confirment pas cette hypothèse complémentaire pour notre échantillon.

Les résultats de notre étude indiquent par ailleurs un effet significatif de notre variable contrôle « type de métier » sur le score d'accomplissement personnel, et principalement des métiers du service à la personne (catégorie « soin/service à la personne ») et ceux impliquant des contacts directs avec les clients (catégorie « vente, marketing, gestion de la relation clients »). Cette observation est cohérente avec les recherches sur l'épuisement professionnel, dont est issue la notion d'accomplissement personnel, originalement décrit comme un phénomène qui touche plus fortement les travailleurs ayant de nombreuses interactions

50

directes avec leurs client/patients et pour lesquels la dimension interpersonnelle est par conséquent prépondérante. Le score moyen d'accomplissement personnel des personnes exerçant un métier de management n'est quant à lui pas supérieur aux autres catégories d'emploi. Une investigation plus poussée serait intéressante afin de caractériser cet effet du type d'enjeu et de la prépondérance des relations interpersonnelles inhérents à l'emploi sur le niveau d'accomplissement personnel perçu.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius