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Effet de l'interdépendance des tàąches sur la relation entre compétences politiques, performance contextuelle et sentiment d'accomplissement personnel.

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par Charlotte Hardouin
IED Université Paris 8 - Master 1 Psychologie Sociale et Ressources Humaines 2014
  

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9.2 Limites et perspectives de recherche

Conformément aux attentes les résultats de l'étude indiquent que les compétences politiques ont un impact direct sur le niveau de performance contextuelle autoévalué, et principalement sur le niveau de performance contextuelle envers les individus. L'influence des compétences politiques sur le niveau d'accomplissement personnel ressort également des résultats, mais seulement pour les dimensions d'adaptation interindividuelle et d'intuition sociale.

De plus, le niveau d'interdépendance s'avère être une caractéristique métier avec une influence directe sur la performance contextuelle, et principalement sur les comportements citoyens dirigés vers les individus. Cette relation n'est en revanche pas significative ni sur le niveau de performance contextuelle dirigée vers l'organisation, ni sur l'accomplissement personnel.

L'étude visait enfin à étudier l'effet de l'interaction des compétences politiques et du niveau d'interdépendance sur le niveau de performance contextuelle d'une part, et sur l'accomplissement personnel d'autre part, et cherchait notamment à mettre en évidence un effet de modération par l'interdépendance de ces relations.

Il ressort des résultats que l'interaction des deux variables interindividuelles a bien un effet significatif sur le niveau de performance contextuelle, mais il faut détailler l'analyse aux sous-dimensions de compétences politiques pour pouvoir observer un effet modérateur. Ainsi, seule la relation entre intuition sociale et compétences politiques est modérée par le niveau d'interdépendance des tâches inhérent au métier. Aucune relation de modération par l'interdépendance de la relation entre compétences politiques et accomplissement personnel n'a pu être mise en avant sur notre population étudiée.

Bien que ces résultats soient encourageants, plusieurs limites de cette étude doivent cependant être soulignées et appellent à des recherches complémentaires.

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Limites liées aux variables et outils de mesure

Compétences politiques

L'échelle de mesure ayant été développée par des auteurs américains et traduite dans un second temps en français, on peut avancer un biais inhérent à l'outil d'évaluation des compétences politiques lui-même.

En effet, certains comportements valorisés dans un pays peuvent être perçus différemment dans un autre. Il conviendrait ainsi d'étudier dans quelle mesure l'évaluation du niveau de compétences politiques peut être influencée par les normes de désirabilité sociale qui diffèrent selon les pays en répliquant ce plan de recherche avec la version originale des outils auprès de sujets américains. La réplication de notre plan de recherche en utilisant des scores de compétences politiques et de performance non pas auto-évalués mais fournis par le supérieur hiérarchique ou les pairs du sujet pourrait être une façon intéressante de pallier au biais de désirabilité sociale. Par ailleurs, poursuivre le travail de traduction de l'outil de mesure des compétences politiques est important pour améliorer sa sensibilité et sa pertinence dans un contexte francophone.

De plus, le modèle de compétences politiques tel qu'il est utilisé à l'heure actuelle gagnerait à être plus opérationnalisé. En effet, cette variable est mesurée comme variable interindividuelle mais ne tient donc pas compte de son contexte d'application (organisation, hiérarchie, institution...). Or ce dernier peut créer d'importantes disparités dans les mesures, et dans l'interprétation des items du questionnaire. Ainsi, l'item «Dans mon entreprise j'ai de bonnes relations avec un certain nombre de personnes importantes » amène des questions inhérentes au contexte d'application, de type : qui sont les « personnes importantes » ? Sont-elles importantes de par leur statut, leur position hiérarchique, ou de par leur réseau d'influence ? Sont-elles importantes pour l'organisation au sens large ou pour l'individu en particulier ? Le fait que nous ayons dans notre échantillon des participants exerçant en libéral, au sein d'institutions publiques et d'entreprises privées peut donc être une limite à notre recherche, bien qu'aucun effet significatif de cette variable contrôle ne ressorte à la lecture des résultats. Une façon de limiter la marge d'interprétation des items pourrait être de décrire des situations professionnelles plus précises et concrètes, adaptées aux différents environnements professionnels.

Enfin, les compétences politiques ne sont mesurées que dans leur application au sein de l'organisation et de la position occupée par le sujet au moment de l'évaluation. Il conviendrait

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cependant d'étendre le champ des compétences politiques à un contexte plus vaste « hors organisation », en mesurant notamment l'engagement des individus dans des réseaux de professionnels, associations... qui sont clés dans le contexte économique actuel qui demande flexibilité et adaptation constante. En effet, en plus de permettre à l'individu d'accéder à des ressources d'action supplémentaires au sein de son organisation, les compétences politiques peuvent être clés pour son ancrage social et son insertion professionnelle en dehors de son entreprise. On peut donc supposer que ce socle de compétences est déterminant dans le cas notamment de la recherche d'emploi, et il serait intéressant de faire des études dans ce sens.

Accomplissement Personnel

On peut également se demander dans quelle mesure l'effet direct et significatif des compétences politiques sur l'accomplissement personnel ne peut pas dans notre étude être artificiellement induit pas les outils de mesure utilisés. En effet, une analyse plus détaillée des résultats montre que seules les dimensions de l'intuition sociale et de l'adaptation interindividuelle sont des prédicteurs significatifs, or la distinction de ces variables indépendantes par rapport à la variable dépendante qu'est la mesure de l'accomplissement est plutôt floue, car on note des similarités dans les items utilisés pour les mesurer. Ainsi par exemple dans le questionnaire des compétences politiques, l'un des items mesurant l'intuition sociale « Au travail, j'arrive à comprendre assez bien ce que pensent et ressentent les autres. » est très proche de celui utilisé pour la mesure de l'accomplissement personnel «Je peux comprendre facilement ce que mes clients ressentent ». De même, celui mesurant l'adaptation interindividuelle « Dans le cadre de mes relations professionnelles, j'arrive à mettre les gens à l'aise » se rapproche fortement de l'un des items de l'accomplissement personnel « J'arrive à créer une atmosphère détendue avec mes clients ».

L'analyse de colinéarité n'en fait pas ressortir, néanmoins il serait intéressant de retravailler séparément le construit de l'accomplissement personnel. En effet, la mesure de l'accomplissement personnel telle qu'elle est faite dans l'outil de mesure de l'épuisement professionnel développé par Maslach est difficile à opérationnaliser. Une échelle de fréquence est utilisée pour mesurer chaque item, or cette échelle a suscité plusieurs remarques et questions de la part des participants aux phases de test du questionnaire de cette étude. L'utilisation de fréquences pour mesurer des items portant sur le sens donné au travail, le sentiment d'utilité et d'efficacité personnelle, a semblé pour beaucoup difficile à contextualiser.

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Performance contextuelle

La définition de la variable de performance contextuelle amène elle aussi certaines questions. On peut en effet penser que dans un contexte d'interdépendance forte, la performance contextuelle envers les individus devient une compétence exigée et n'est donc plus valorisée comme un comportement « extra professionnel » facultatif servant les intérêts des autres et/ou de l'organisation. Jawahar et Ferris (2011) soulignent ainsi que la distinction originale des deux dimensions de performance à la tâche et performance contextuelle peut s'être atténuée avec l'évolution de l'environnement économique et le contexte socioprofessionnel.

En effet, la performance contextuelle, qui correspond aux comportements non requis formellement mais fortement appréciés et valorisés, tend aujourd'hui en à devenir de plus en plus partie intégrante des métiers. Ceci peut être dû aux évolutions de la nature des emplois et des organisations, mais la connaissance plus large des effets positifs de l'engagement des employés au sein de leur organisation peut également être un facteur explicatif de l'importance grandissante que prennent des éléments traditionnellement considérés comme de performance « hors-tâche » pour les entreprises. Certaines descriptions de poste comprennent par exemple aujourd'hui des pré requis tels que « savoir travailler en équipe », « partage des valeurs de l'entreprise », « engagement dans la vie de l'entreprise », « envie de s'impliquer dans un projet de développement »....

Selon Hogan et Shelton (1998), la compétence sociale permet aux sujets d'accomplir leurs objectifs interpersonnels de la même façon que la coordination permet de jouer au tennis. Dans cette perspective, les compétences politiques ne sont plus des ressources supplémentaires de l'individu pour faire face aux contraintes extérieures, mais sont un prérequis à tout poste dont les missions impliquent de nombreux contacts interpersonnels. Les compétences politiques pourraient de ce fait être considérées dans cette configuration comme prédicteurs de performance à la tâche.

Limites liées au protocole

Le fait que les sujets auto évaluent leurs propres compétences et performance constitue une limite certaine de cette étude. Il serait donc intéressant de la reproduire en comparant l'auto-évaluation des compétences politiques du sujet avec son niveau évalué par son supérieur hiérarchique ou par ses pairs. De même, l'évaluation du niveau de performance contextuelle du sujet perçue par son supérieur et/ou ses pairs serait particulièrement

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intéressante pour aller au-delà des recherches existantes. On pourrait ainsi imaginer un protocole expérimental de type « Evaluation 360° » tel que certains programmes d'évaluation de potentiel, de compétences ou de leadership à visée de développement managérial, qui peuvent être mis en place dans les entreprises.

De plus, comme évoqué précédemment, un biais culturel lié à l'utilisation d'outils de mesure non élaborés initialement dans un contexte francophone peut constituer une limite supplémentaire. En effet, les éléments considérés dans la version originale comme de la citoyenneté organisationnelle « en dehors des tâches requises par le poste » peuvent avoir un statut différent dans le contexte d'utilisation de l'outil, et ainsi constituer des exigences implicites selon la culture du pays, de l'entreprise, ou de la branche. Par ailleurs, une compétence politique reconnue, valorisée et assumée dans la culture entrepreneuriale américaine peut être beaucoup plus « taboue » dans la culture française. Pour développer le champs de recherche sur les compétences politiques dans le contexte francophone, il serait bon de reproduire cette étude avec non seulement une hétéro-évaluation des niveaux de compétences politiques et de performance contextuelle, mais également une comparaison des résultats d'échantillons de participants américains et français.

Par ailleurs, cette étude gagnerait à être reproduite avec un nombre plus large de participants, car le nombre limité (133) ne permet pas d'avoir des échantillons significatifs pour chacune des catégories professionnelles. Le but d'une application de ce plan de recherche auprès d'une population plus large est de vérifier la reproductibilité des résultats, et de voir si la modération par l'interdépendance de la relation entre compétences politiques et performance contextuelle reste limitée à la dimension de l'intuition sociale même avec une population plus large. De plus, l'effet tendanciellement significatif du produit de l'adaptation interindividuelle et de l'interdépendance sur la variance expliquée du niveau de performance contextuelle envers les individus, que nous avons estimé trop faible pour être considéré comme un résultat probant de modération, pourrait s'avérer plus marqué.

Enfin, la non prise en compte de l'environnement organisationnel des participants peut avoir eu un effet sur les scores de compétences politiques recueillis. En effet, on peut s'attendre à ce qu'un individu évoluant dans une entreprise qui prône l'esprit entrepreneurial et la prise d'initiatives mettra plus en avant ses compétences politiques qu'un individu appartenant à une organisation dans laquelle le conformisme est de rigueur. De plus, la prise en compte dans notre étude des scores des participants exerçant en libéral peut biaiser les

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résultats, étant donné que les items de mesure des compétences politiques sont formulés pour une application au monde de l'entreprise.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon