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Réflexions sur la problématique du coup d'état en Afrique.

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par Koffi Afandi KOUMASSI
Université de Lomé - Master 2 en Droit Public Fondamental 2015
  

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2-) Le dédale des dissensions ethno-tribales

Il faut se rendre à l'évidence que l'ethnicité et la tribalité sont des réalités prégnantes qui influencent de façon évidente la vie politique et institutionnelle africaine. Par conséquent une observation même cursive du champ politique africain démontre qu'il est parsemé du fait tribal tant au niveau de l'exercice du pouvoir qu'à celui des formations politiques et de la sociologie électorale. Mais à l'image d'une maladie honteuse à cacher absolument, le fait ethno-tribal est un paria dans le constitutionnalisme négro-africain. Ecarté du cadre constitutionnel africain et instrumentalisé par les hommes politiques, le tribalisme90(*) donne des États africains l'aspect d'une mosaïque dont les différentes pièces tiennent dans une sorte d'équilibre instable menacé de désintégration à tout moment. Le régionalisme l'ethnocentrisme, le clanisme et l'esprit partisan couplés avec l'inégale répartition des richesses nationales produisent des effets suffisamment agressifs qui convulsionnent la polisphère africaine. Certains coups d'État, à l'instar de celui survenu en Côte d'Ivoire en 1999, trouvent leur source dans les conflits socio-culturels sur fond de règlement de compte entre les différents groupes ethniques, linguistiques ou religieux qui composent les États.

L'élément déclencheur des crises ethniques est pour l'essentiel le sentiment de répudiation que ressent une partie de la population dans la gestion clanique de la Res publica, la chose publique. Il est d'une évidence peu contestable qu'en Afrique « (...) le pouvoir politique s'analyse en un réseau de pouvoirs dominé par l'hégémonie bureaucratique politico-partisane, maitrisée par le chef de l'État et un clan, voire une ethnie »91(*). Dès lors, le pouvoir politique s'apparente à un arbre dont le chef de l'État demeure le tronc, les ressources publiques les racines et son entourage, c'est-à-dire les membres de son groupe ethnique et de son parti, les branches.

Par la technique du dosage ethnique92(*), le chef de l'État nourrit de la sève nationale chacune des branches collées à lui. Cet ethno-clientélisme est illustré à merveille par Isaac Nguéma. Selon ce dernier, « dès qu'un chef d'État a été choisi dans une ethnie, une tribu, un clan, un village, automatiquement les membres du village, du clan, de la tribu et du groupe ethnique deviennent « mutatis mutandis » de petits chefs que l'on retrouve à la tête de tous les secteurs d'activités aussi bien publics, parapublics que privés »93(*). Ainsi loin d'oeuvrer à la prospérité collective, la plupart des systèmes politiques africains organisent plutôt la distribution des ressources matérielles et financières de l'État aux vainqueurs en excluant les vaincus. Les preuves claires de ces pratiques d'exclusion ou de discrimination dans le partage du pouvoir et de la richesse nationale sont révélatrices de la cristallisation du potentiel de coup d'État sous forme de troubles électoraux plus ou moins violents (Kenya, Zimbabwe, Togo), d'irrédentisme (Nigéria, Somalie, Soudan), ou de génocide (Rwanda).

Au demeurant, le déficit démocratique des États africains se conjugue avec l'extrême politisation de l'armée (section II) pour accentuer leur vulnérabilité aux coups d'État.

* 90 Par définition, le tribalisme « est un comportement, une attitude positive ou négative qui crée dans un milieu social donné, un réseau d'attractions et répulsion entre les membres de deux ou plusieurs groupes composant ce milieu social (...) En sorte qu'il (le tribalisme) est une mentalité de groupe, une illusion grégaire ou une disposition d'esprit qui détermine la conduite des individus appartenant à un même groupe et qui règle leurs relations souvent agressives, avec les membres des groupes similaires ». L. SYLLA, Tribalisme et parti unique en Afrique noire, Paris, Presses de la FNSP, 1977, p. 23 ; Cité par K. AHADZI-NONOU, « Réflexions sur un tabou du constitutionnalisme négro-africain : Le tribalisme », in Les voyages du droit, Mélanges Dominique Breillat, Paris, L.G.D.J, 2011, p. 20.

* 91 J. DU BOIS DE GAUDUSSON, « Quel statut constitutionnel pour le chef d'État en Afrique ? », in Le nouveau constitutionnalisme, op. cit., p. 330.

* 92 Le dosage ethnique peut se définir comme « une technique de répartition ou de distribution des postes les plus importants de responsabilité politique, administrative, militaire ou autres en tenant compte du poids démographique, économique, politique de chaque groupe ethnique ou tribal dans une société pluriethnique marquée par une forte prégnance des appartenances tribales ». K. AHADZI-NONOU, « Réflexions sur un tabou du constitutionnalisme : Le tribalisme », op.cit., p. 21.

* 93 I. NGUÉMA, « Violences, Droits de l'Homme et développement en Afrique », Revue Juridique Politique, Indépendance et Coopération, n° 2, mai-septembre 1995, p. 126.

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