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Réflexions sur la problématique du coup d'état en Afrique.

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par Koffi Afandi KOUMASSI
Université de Lomé - Master 2 en Droit Public Fondamental 2015
  

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B-) LE COUP D'ÉTAT COMME RÉSULTAT DE FACTEURS SOCIO-CULTURELS

A l'évidence, les peuples africains ont fondé leur espoir dans la démocratie. Mais en décidant de personnaliser le pouvoir politique de façon à faire passer leurs intérêts strictement privés et ceux d'une caste fermée avant le bien commun, les élites africaines ont déçu les espérances des citoyens. La mauvaise gouvernance (1) et les dissensions identitaires (2) qui en résultent attisent des tensions sociales souvent génératrices de coups d'État.

1-) Les déceptions sociales de la mauvaise gouvernance

La bonne gouvernance86(*) constitue l'une des pièces maitresses de la machine démocratique. Cette dernière s'est cependant rouillée sous l'effet de la personnalisation du pouvoir politique dont les tenants et les aboutissants produisent le résultat non moins connu de la mauvaise gouvernance à grande échelle.

Dans nombre d'États africains, les citoyens ploient sous les affres de la mauvaise gestion des deniers publics. La misère est le psaume quotidien des ménages africains et le chômage le châtiment des jeunes diplômés dont le seul péché est de n'avoir pas su faire preuve d'un militantisme ostensible dans le parti du régime au pouvoir ou témoigner leur croyance aux commandements du « seigneur » au pouvoir. Ils ne voient se profiler à l'horizon une quelconque lueur d'espoir de sortie de crise par la voie des mécanismes légaux institués. Une étude réalisée en 2006 par le Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest a conclu que « l'existence de la corruption généralisée, en particulier dans des sociétés accablées par la pauvreté de masse et des niveaux élevés de chômage des jeunes, a un effet profondément corrosif sur la confiance dans le gouvernement et contribue incommensurablement à la violence et au désordre politique »87(*). Il s'établit alors une relation de cause à effet entre la mauvaise gouvernance et l'escalade de la violence dans les sociétés africaines. Puisque devant le constat que la situation existante est devenue intolérable, les acteurs essentiels dont les forces armées et de sécurité, la jeunesse au chômage et les partis politiques de l'opposition, trouvent dans la violence insurrectionnelle l'unique issue pour exiger un changement immédiat. Le spectre de la fronde-répression, de la destruction-chaos est alors inévitable.

La corruption galopante résultant de la mauvaise gouvernance met sur la touche deux versants essentiels de la bonne gouvernance : la participation des citoyens à la gestion de la chose publique et la responsabilisation des gouvernants. L'absence de responsabilité, c'est-à-dire l'obligation de rendre compte et l'ostracisme des gouvernés de la gestion des affaires publiques sont indexés comme causes des conflits et des crises insolubles souvent générateurs d'instabilités politiques permanentes et de coups d'État88(*). C'est donc assez logiquement que A. M. Babu a fait observer que « la politique de contrôle de l'accumulation des richesses, ou politique autoritaire, est, plus que tout autre facteur, la cause première des coups d'État en Afrique »89(*). Les clivages culturels sont aussi des causes de coups d'État (2).

* 86 C'est à partir de 1989 que la Banque Mondiale a lancé la notion de bonne gouvernance dans une étude intitulée « L'Afrique subsaharienne : de la crise au développement durable, une perspective à long terme ». Elle va la reprendre du reste avec plus de force en 1992 dans un document intitulé « Gouvernance et développement ». La notion de bonne gouvernance est décrite par Fuhr Harald à travers quatre concepts que sont, la prédictibilité, la transparence, la responsabilisation et la participation. La prédictibilité se réfère à l'existence de l'État de Droit et au respect des lois et textes édictés. La transparence touche aux aspects de diffusion de l'information. La responsabilisation se réfère à l'obligation faite aux décideurs et à l'administration publique de rendre compte auprès des institutions et des citoyens. Enfin, La participation renvoie à l'ouverture des processus nationaux de prise de décision et à la participation des acteurs non étatiques.

* 87 « La vie après le Palais Présidentiel ; L'alternance pacifique au pouvoir en Afrique de l'Ouest », Études thématiques du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest (UNOWA), Mars 2006, p. 37. Disponible sur le site http://www.burunditransparence.org, Consulté le 4 Mai 2014.

* 88 P. ANYANG' NYONG'O, « Instabilité politique et perspectives de démocratie en Afrique », Politique étrangère, n° 3, 1988, p. 589.

* 89 A. M. BABU, postface à Walter Rodney, How Europe Underdeveloped Africa, Tanzania Publishing House, Dar Es-Salaam, 1972 ; Cité par G. FELTZ, L'État-Nation face au processus de transition démocratique en Afrique noire, Omaly Sy Anio, 1994, N°33-36, p. 722.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote