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Réflexions sur la problématique du coup d'état en Afrique.

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par Koffi Afandi KOUMASSI
Université de Lomé - Master 2 en Droit Public Fondamental 2015
  

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2-) Des ingérences salutaires sujettes à caution

« Si le coup d'État à court terme rétablit l'ordre, il ne résout rien à plus long terme. Car l'armée ne bénéficie pas d'une légitimité intrinsèque hors de la mission qui lui est dévolue »130(*). Ces mots de J.-F. Médard témoignent véritablement que les ingérences militaires salutaires ne sont que des calmants aux maux des États africains. Car dans presque tous les cas, « les messies en treillis finissent plus corrompus que les démons de civils qu'ils étaient venus exorciser »131(*). Telle une porte tournante, chacune des interventions des militaires sur la scène politique, à quelques exceptions près, produit des résultats semblables à la situation qu'elles sont censées solutionner et conduit généralement à des dénouements pareils132(*). Les coups d'État salvateurs ne sont guère l'issue favorable aux crises polymorphes que connaissent les États africains.

De justification salvatrice, l'armée opère des intrusions plutôt tactiques. De l'évocation d'un état de nécessité qui les pousse à agir, les militaires peuvent faire naitre des ambitions et des goûts pour l'exercice du pouvoir. Dès lors, ils ne conçoivent plus leur rôle comme transitoire. Mais ils se veulent les architectes d'une société presque en ruine. On se rappelle l'onction interne et internationale dont a bénéficié le putsch du colonel Ibrahim Maïnassara Baré au Niger en 1996133(*). Mais très rapidement, celui-ci s'est détourné de l'agenda qu'il a fixé pour s'emparer du pouvoir et briguer la magistrature suprême. La réponse que nous pouvons qualifier de logique, est le contre-coup d'État d'Avril 1999 orchestré par le général Daouda Malam Wanké.

Connus pour leur défaillance politique, les militaires sont très souvent et malheureusement pris à l'épreuve de l'exercice du pouvoir. Car, « bien que glorifiés pour leur discipline et leurs prises de décisions rapides, les militaires n'ont que peu d'expérience en matière de création d'emplois, de politique macroéconomique, de santé publique et des nombreux autres défis complexes qui relèvent de la gouvernance (...) »134(*). La défaillance politique des militaires ajoutée aux tentatives des putschistes de s'accrocher au pouvoir justifient l'idée qu'« il est plus facile à l'armée d'entrer que de sortir de la politique »135(*).

Au regard des réalités politiques africaines, tout semble indiquer que le fléau du coup d'État a de fortes chances de sévir encore pour longtemps sur le continent. Quelles que soient les motivations particulières, chaque ingérence militaire dans les affaires politiques dénote de la détermination des dirigeants à voir la vie politique se dérouler en marge de la constitution. En persistant de ce fait à ruiner le fondement du pouvoir de et dans l'État, les chefs d'État font subir à l'Afrique et aux Africains des préjudices de grande ampleur (chapitre 2).

* 130 Propos de J.-F. Médard au Colloque de Niamey, Armée et démocratie : Le cas du Niger, 1999, p. 113.

* 131 A. AYISSI, « Illusoire interdiction des coups d'État », op. cit., p. 2.

* 132 C. P. DANAPOULOS, « Le retrait et après : sens unique ou porte tournante ? », The Decline of Military Regimes. The Civilian Influence, Boulder, Westview, 1988, p. 259-268.

* 133 C'est suite à ce coup d'État qu'est né le concept de « coup d'État salvateur ». Pour les chercheurs en politique africaine comme E. Grégoire et J.P. Olivier de Sardan, « les militaires ont sans doute sauvé la jeune démocratie nigérienne de l'impasse où elle était ». Car avec une motivation affirmée essentiellement rectificatrice, le coup d'État du Colonel Ibrahim Baré Mainassara est finalement bien accueilli tant au plan interne qu'à l'extérieur comme une nécessaire prophylaxie politique. E. GRÉGOIRE et J.P. OLIVIER DE SARDAN, « Niger : le pire a été évité et demain ? », Politique africaine, n° 61, mars 1996.

* 134 M. C. HOUNGNIKPO, « Armées africaines : Chainon manquant des transitions démocratiques », op.cit., p. 2.

* 135 R. FIRST, Power in Africa (Political Power and the coup d'État), New York, Pantheon Books, 1970, p. 439 ; Cité par C. THIRIOT, « La place des militaires dans les régimes post-transition d'Afrique subsaharienne : la difficile resectorisation », op. cit., p. 22.

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