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Réflexions sur la problématique du coup d'état en Afrique.

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par Koffi Afandi KOUMASSI
Université de Lomé - Master 2 en Droit Public Fondamental 2015
  

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2-) Des contre-pouvoirs socio-politiques muselés

Les contre-pouvoirs politiques sont principalement constitués par les partis politiques, les coalitions politiques et éventuellement les organismes de presse. Quant aux contre-pouvoirs sociaux, ils sont divers et recouvrent aussi bien les forces économiques, sociales que religieuses. Bref, il s'agit de la société civile64(*).

Considérés comme des facteurs perturbateurs, les partis politiques de l'opposition font toujours figure de mal-aimés en Afrique car « dans la presque entièreté des États africains, les partis au pouvoir font le va-tout pour neutraliser l'opposition soit par des manoeuvres d'intimidation et de répression, soit par une détermination unilatérale des règles du jeu politique »65(*). Ce qui remet au goût du jour la conviction du président Mobutu selon laquelle « il n'existe historiquement aucun village zaïrois avec deux chefs, dont l'un serait de l'opposition ». Les opposants sont traités par les gouvernants comme des « ennemis étrangers à la nation »66(*). L'opposition parlementaire se fait rarement entendre à l'hémicycle car c'est la majorité présidentielle qui mène les débats. Ainsi, le chien aboie mais la caravane passe ! Cette stratégie mise en place par les régimes au pouvoir vise à décapiter toutes les tendances d'inspiration démocratique, nuisible à la persistance du monopartisme et ses dérivées et occasionne l'étouffement de toute velléité d'épanouissement de la démocratie. Enfin de compte, les partis de l'opposition multiplient par zéro les perspectives d'accession au pouvoir par la voie des urnes et envisagent la conquête violente du pouvoir. Comme l'écrit Jean Beachler, « si la majorité opprime la minorité ou la supprime, la minorité quittera la légalité (...) »67(*). En ce moment, les coups d'État peuvent être considérés comme les équivalents fonctionnels des élections parce que comme A. Lewis l'affirme, « là où l'opposition est illégale, le coup d'État est le seul moyen de changer le gouvernement »68(*).

Les contre-pouvoirs sociaux ne connaissent pas de meilleure existence en Afrique69(*). Leur vocation est de servir de voix aux sans voix et de jouer un rôle d'amortisseur entre l'État et la population. Cependant, ils sont réduits au silence dans la plupart des États. Leurs moindres manifestations publiques sont pour le moins interdites sinon durement réprimées. Ils sont constamment accusés d'obédience politique et de manipulation par l'opposition. Ces organismes au service de la défense des droits des citoyens végètent dans les méandres des propagandes comminatoires du pouvoir. Les partis au pouvoir tentent à tout prix d'étouffer leur activisme parce qu'ils le perçoivent comme la face cachée des manoeuvres subversives de l'opposition. Le peuple se trouve ainsi dépourvu des canaux de formulation de ses revendications et d'expression de son ras-le-bol contre les agissements arbitraires des gouvernants. Aux abois, il ne peut que légitimement faire appel à l'armée ou descendre dans la rue pour détrôner ces « dinosaures » qui sabordent son bien-être et entament la réalisation de son rêve pour l'encrage de la démocratie par le refus de la gestion démocratique du pouvoir (paragraphe II).

* 64 Dans une définition approximative mais suffisante, la société civile est « l'ensemble des mouvements (souvent volontaires) socioculturels et des « intellectuels» organisés et autonomes (des forces politiques) qui s'engagent pour exprimer et canaliser les frustrations des masses contre les gouvernants ou agissent comme intermédiaires entre les deux et avancent des causes particulières comme la libéralisation du système politique. Ils comprennent les médias indépendants, les avocats, les groupes de plaidoyer (advocacy groups), les syndicats, les mouvements estudiantins, les groupes féminins, les organisations de défense des droits humains, et les mouvements religieux ». R. OTAYEK, « Vu d'Afrique : Société civile et démocratie », Revue Internationale de Politique Comparée, 2002, pp. 193-212.

* 65 K. SOMALI, Le parlement dans le nouveau constitutionnalisme en Afrique. Essai d'analyse comparée à partir des exemples du Bénin, du Burkina Faso et du Togo, op. cit., p. 34.

* 66 G. BURDEAU, Traité de science politique, Tome IV, Le statut du pouvoir dans l'État, Paris, L.G.D.J., 1969, pp. 310 et ss.

* 67 J. BAECHLER, Démocratie, Calmann-Lévy, Paris, 1985, p. 124.

* 68 Cité par MAURICE-PIERRE ROY, « Armée et démocratie : Le cas du Niger », Colloque de Niamey, 1999, p. 482.

* 69 Le Bénin fait exception dans ce cas de figure. En effet, la Cour constitutionnelle a affirmé l'indépendance de la société civile à l'égard de l'État en indiquant que : « le régime démocratique, par opposition au régime autoritaire ou totalitaire, est un régime d'épanouissement de la société civile, des associations plus ou moins indépendantes de l'État». Voir DCC 05-111 du 15 septembre 2005.

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