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Historicité et traduction musicale dans yà¹opnke pà¹en kristo me shà¼pamom : essai d'évaluation

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par Christophe Dumas Ngampeyou
Université de Yaoundé 1 - Master en Traduction 2016
  

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1.3.2. LA PÉRIODE COLONIALE

Elle débute vers le XVe siècle et s'achève avec les mouvements de décolonisation vers les années 1960. L'époque coloniale fut particulièrement marquée par l'avènement de l'évangile au Cameroun. Les traducteurs naturels qui jadis jouaient un rôle prestigieux et privilégié dans la société étaient alors relégués au rang de guides et de médiateurs de leurs patrons européens. La traduction et l'interprétation n'ont jamais été tant sollicitées pendant cette période. Victor Julius Ngoh (1988) précise que les missionnaires baptistes sont arrivés au Cameroun en 1843. Joseph Merrick, Alexander Fuller, Alfred Saker, John Clarke ont marqué de manière significative l'histoire de la traduction pendant la période coloniale. Le Jamaïcain Joseph Merrick est considéré comme l'un des pionniers de la traduction et de l'interprétation au Cameroun. Il a, entre autres, traduit le Nouveau Testament en Isubu et la Bible en langue duala et contribua à l'élaboration d'un glossaire terminologique duala-anglais.

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Alfred Saker, pour sa part, est arrivé à Limbé (Victoria à l'époque) en 1858. Il étudia la langue Duala et traduisit la Bible en celle-ci, bien que sa version fût plus tard controversée parce que jugée trop littérale. Sa version du Nouveau Testament fut publiée en 1862 et l'Ancien Testament en 1872.

En 1906 les travaux du Dr Adolf Vielhauer, aidé par la Camerounaise Élisa Ndifon, ont abouti à la traduction et la publication de la Bible en langue Mungaka de Bali dans le nord-ouest du Cameroun en 1961. Les premières traductions en langue ewondo sont l'Suvre d'Herman Nekes, auteur de Vier Jahre in Jaunde, publié en 1905. Ses travaux remarquables en traduction en pays Beti ont abouti à la publication de la catéchèse en ewondo : Katokismus vikariat-apostolis ya Kamerun ayegle bekristen ye ewondo en 1910. Dans la région côtière, Isaac Moune Etia, écrivain et interprète auprès de l'administration coloniale, traduisit en langue Duala, en 1848, l'évangile selon Matthieu, sous le titre Kalats Mateo, puis le Nouveau Testament en 1862, soit 27 livres différents, et enfin l'Ancien Testament Betiledi Kalati ya Loba Mbu a Koan, soit 39 livres en 1872. De manière générale, les langues dans lesquelles les missionnaires ont travaillé sont souvent considérées comme des « langues à diffusion limitée» par la Fédération internationale des traducteurs. Il faut cependant noter que Vielhauer défendait la théorie selon laquelle un texte doit subir des modifications liées au contexte de la langue d'arrivée pour être bien compris. Pour lui, la traduction devient une interprétation dans ce cas. Pour d'être complètement compris dans les langues d'arrivée, le nom des animaux et des plantes mentionnées dans la Bible et méconnues dans la culture camerounaise ont été substitués par des éléments plus proches de notre réalité.

Bernard Ombga (1985 :14-15) affirme que les missionnaires catholiques allemands ont aussi apporté une énorme contribution dans le domaine de la traduction malgré leur bref séjour au Cameroun. Monseigneur Vogt, l'un des plus célèbres, avait appris l'ewondo et avait lui-même formé rigoureusement les catéchistes à la traduction et à l'interprétation. Il faut aussi préciser que les missionnaires allemands furent les pionniers dans la formation des traducteurs et interprètes.

En 1888, trois jeunes gens de Douala, qui avaient pour nom Akwa Mpondo, Timba et Mbangué étaient envoyés en Allemagne par un commerçant allemand établi à Douala pour y apprendre le métier de boulanger. C'était le tout premier groupe d'étudiants

camerounais envoyés en Allemagne... André Mbangué c'était désormais son nom, était le premier chrétien catholique du Cameroun.

[...] Dès que nous entendions parler de leur arrivée, raconte le père Walter, nous les invitâmes à venir à Marienberg et à Edéa. Ils nous rendirent grands services pour la traduction en langue duala du catéchisme et de l'Évangile, ainsi Andréas se rangea-t-

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il aussitôt aux côtés des missionnaires et des premiers apôtres camerounais dont il devint le chef de file pour travailler avec eux à l'évangélisation de ses frères.

Avec la création du petit séminaire à Einsieldeln (Sasse) en 1890 par les pères Pallotins conduits par monseigneur Vietter, les missionnaires allemands ont marqué vraiment l'évolution de l'interprétation. À leur départ vers 1915, près de 223 catéchistes étaient formés parmi lesquels: Joseph Ayissi, Pierre Mebe et Pius Ottou. Ceux-ci ont oeuvré dans la traduction de nombreux livres religieux dont le Missel, un livre de prières catholiques, de l'allemand en ewondo.

Le Sultan Njoya du royaume bamoun quant à lui a posé une marque indélébile dans l'histoire de la littérature et de la traduction au Cameroun. Son oeuvre s'est étendue de l'invention de l'écriture Shümom, à l'invention d'une imprimerie. Inventions qui lui ont permis de coucher par écrit, de traduire et transcrire des textes concernant les rites, les coutumes, les traditions et même la pharmacopée traditionnelle bamoun.

Patrice Kayo (1978 :30) écrit:

La littérature camerounaise est née en langue bamoun, et c'est le sultan Njoya qui en est le pionnier. Pour rédiger ses oeuvres, il a inventé sa propre écriture. On peut situer la naissance de cette littérature en 1895, date de l'invention de l'écriture bamoun... Aidé de plusieurs notables de son royaume, il créa les premiers signes. Chaque signe représentait un mot entier. Il aboutit ainsi à plus d'un millier de signes différents... il se remit à l'oeuvre et après une vingtaine d'années, des 1300 signes du début, l'écriture bamoun n'en comptait plus qu'une trentaine...

En bref, Njoya est pour la traduction au Cameroun ce que sont Cordiero da Matha et

Okot p'Bitek pour la traduction respectivement en Angola et en Ouganda.

La période coloniale fut également marquée par le métissage des langues européennes avec les langues locales, produisant ainsi des versions créolisées ou hybrides des langues européennes. Le Pidgin English, avec toutes les caractéristiques d'une langue à part entière, en est un exemple concret. Les missionnaires catholiques traduisirent ainsi des prières en Pidgin et plusieurs auteurs créatifs ont utilisé des mots Pidginisés dans leurs oeuvres pour atteindre un plus large lectorat.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault