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Historicité et traduction musicale dans yà¹opnke pà¹en kristo me shà¼pamom : essai d'évaluation

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par Christophe Dumas Ngampeyou
Université de Yaoundé 1 - Master en Traduction 2016
  

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1.3.3. LA PÉRIODE POST COLONIALE

Au cours de la période située entre 1950 et 1960, l'Afrique connut une nouvelle étape dans l'histoire de la traduction. On pratiquait à cette époque trois types principaux de traduction : la traduction religieuse, la traduction littéraire et la traduction administrative (pour

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la fonction publique). Les missionnaires européens continuaient d'apprendre les langues locales afin de poursuivre leur travail d'évangélisation, surtout pour pouvoir traduire la Bible et d'autres textes religieux. Jusqu'à présent, la Bible a été traduite en plus de 20 langues camerounaises. Les mouvements évangéliques, surtout américains, et des groupes bien organisés et subventionnés tels que The American Bible Society dont la mission est de traduire les évangiles en langues africaines ou en langues hybrides de grande diffusion, ont continué de sillonner le continent. Le célèbre linguiste-traductologue Eugene Nida est une figure de proue de cette organisation, et a, lui-même, participé à ces activités de traduction en Afrique (Nama 1993 : 420).

Parmi les organisations philanthropiques qui ont joué un rôle prépondérant dans l'histoire de la traduction et de l'interprétation au Cameroun, il y a la Summer Institute of Linguistics (SIL), fonctionnelle depuis 1969. Avec un équipement sophistiqué et un arsenal de traducteurs, linguistes et bénévoles, cette organisation a réussi à publier plus de traductions de la Bible ou de ses sections que n'importe quelle autre organisation dans toute l'histoire de la traduction au Cameroun. Par ailleurs, l'Alliance biblique a beaucoup oeuvré dans le domaine de la traduction et de la publication des livres religieux en langues camerounaises.

C'est le deuxième concile du Vatican, en 1965, qui va marquer une étape importante dans le développement de la traduction et de l'interprétation dans l'église post-coloniale. L'avènement de l'inculturation va rapprocher l'église des cultures et langues africaines. Cette inculturation ou africanisation de l'église passait inévitablement par la traduction et l'interprétation. La messe, qui était dite en latin, pouvait désormais être faite en langues locales, de même que les cantiques auparavant tous exécutés en latin. La traduction en langues locales va vraiment connaître son essor dans la seconde moitié du XXe siècle à la fin des 1960. L'abbé Théodore Tsala, l'une des figures importantes de l'époque, traduisit certains poèmes épiques du Mvet de l'ewondo au français, ainsi que certains livres de la Bible en ewondo. Ce projet de traduction de la Bible en ewondo a connu la participation des noms comme le père Nicholas Ossama, les Abbés Anaya Noah, Kuma et Léon Messi. Par ailleurs, la traduction de la Bible en langue bulu a été conduite par l'abbé Ze du séminaire de Nkolbisson (à Yaoundé). Pechandon Rodolphe traduit la Bible en langue bamoun en 1969 (Nama,1993). Il faut cependant noter que la plupart des oeuvres à succès ont été traduites par des traducteurs étrangers. À l'exemple des oeuvres de Ferdinand Oyono par John Reed, de Francis Bebey par Joyce Hutchinson, et de Mongo Beti par Gerald Moore.

Pendant la période coloniale, les premiers écrivains qui s'étaient démarqués par leurs aptitudes à manier plus d'une langue étaient recrutés comme écrivains-interprètes. Ils servaient à la fois comme écrivains, administrateurs, traducteurs et interprètes. Charles

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Atangana Tsama, en l'occurrence, est célèbre pour le rôle prépondérant qu'il a joué dans la traduction et l'interprétation en terre ewondo. Il a joué le rôle de médiateur linguistique entre les porteurs et les Allemands, puis il sera recruté en 1900 comme secrétaire infirmier et interprète béti à Victoria (Kribi). À partir de 1902, il sera envoyé à Yaoundé comme interprète. Il va servir, tour à tour, Von Puttkamer, Zenker et Dominik. C'est ce dernier qui va lui permettre d'enseigner la langue ewondo à la chaire de linguistique africaine de l'Université de Hambourg. Il était devenu un personnage incontournable en terre béti ; d'où sa nomination comme chef supérieur des ewondo et Bene. Il faut aussi noter les rôles joués par Ngosso, fille d'Onambelé Ela, comme interprète à la station de Yaunde, et Embolo, fille du chef Tsungimbala, qui a contribué à la rédaction du livre de Georg Zenker Das Jaunde Land par sa traduction des moeurs ewondo et des messages du tam-tam. Emmanuel N. Chia, Joseph Che Suh (2009). Plusieurs années plus tard, à l'aube des indépendances, la classe des « écrivains interprètes» a presque disparu. L'une des figures marquantes des écrivains traducteurs de la période post-indépendance est le regretté Bernard Fonlon dont la traduction de l'hymne national du Cameroun du français vers l'anglais en 1961, bien que controversée par certains traducteurs et pseudotraducteurs, a entrainé la révision de la version française.

Le Cameroun est un bon exemple dans la manière dont la formation des traducteurs a évolué depuis les indépendances. Ayant adopté l'anglais et le français comme langues officielles dès l'unification de ses parties orientale et occidentale en 1972, il est le seul pays africain avec deux langues européennes comme langues officielles. Souvent comparé au Canada où le français et l'anglais sont aussi langues officielles, il est donc souvent cité comme le centre de la traduction entre langues européennes en Afrique.

Pendant des années, les traducteurs camerounais ont été formés à l'étranger, en Europe et en Amérique du Nord. Ce n'est qu'en 1985 que la toute première école supérieure de formation des traducteurs et interprètes (ASTI) fut créée à Buea. Il y a quelques années, les programmes de formation en matière de traduction se sont multipliés au Cameroun. L'un des plus importants est celui de l'Université de Yaoundé I, qui propose un Master professionnel en traduction. Les produits de ces écoles qui travaillent pour la plupart pour l'État dans les cellules de traduction à la Présidence de la République, l'Assemblée nationale et dans les ministères et les sociétés publiques font généralement un travail de routine. En d'autres mots, leur esprit de créativité est endormi par la même terminologie officielle, les mêmes textes et l'obligation de rester sur les sentiers battus. Mais la nouvelle génération des traducteurs, ceux qui se lancent en freelance, dont la grande majorité est jeune, fait toute la différence.

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Contrairement à la génération précédente qui est restée assez traditionnelle avec du papier, un stylo et un dictionnaire, la nouvelle génération est à la pointe de la technologie, car l'exigence est maintenant à une connaissance plus poussée de l'outil informatique et des logiciels d'aide à la traduction, des réseaux et agences de traduction, et bien entendu une maitrise parfaite de l'internet. Il n'est donc pas surprenant de constater que plusieurs traducteurs camerounais et africains préfèrent travailler pour les organisations internationales et non gouvernementales. En effet, avec la mondialisation du marché, l'internet et les nouvelles technologies, l'industrie langagière s'est développée bien au-delà du travail habituel du traducteur et englobe toutes sortes d'activités liées aux services de communication. On y trouve actuellement des informaticiens, des localisateurs et des terminologues et spécialistes en intelligence artificielle. C'est tout à fait ordinaire de nos jours de voir un jeune traducteur gagner des contrats de traduction en ligne offerts par des compagnies ou des agences en dehors de l'Afrique.

Le statut du traducteur/interprète a été complètement transformé depuis l'ère des griots. Alors que les griots de l'époque précoloniale étaient à la fois vénérés et craints, le traducteur d'aujourd'hui est perçu plutôt comme un simple fonctionnaire désabusé qui travaille sans reconnaissance pour son labeur. Il arrive assez fréquemment que l'on confonde traducteurs et bilingues. Il en est de même pour les pseudo interprètes dans les églises dites de réveil. Il suffit de pouvoir s'exprimer en deux ou trois langues, généralement le français, l'anglais ou le pidgin pour s'aventurer dans l'interprétation.

Il faut cependant remarquer que malgré le riche passé du Cameroun en matière de traduction, la mise sur pied des banques terminologiques accuse toujours un retard considérable. Seules la SIL et l'Alliance biblique constituent, au fur et à mesure, leurs banques terminologiques dans les domaines où elles exercent.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon