5.3. Conclusion
générale : l'UDC est un parti d'extrême droite
En utilisant cinq modèles théoriques
différents, je pensais trouver au sein de chacun d'entre eux des
conclusions différentes quant au rapport UDC - extrême droite,
étant donné qu'aucun ne définissait le concept
d'extrémisme de droite sur des critères totalement identiques aux
autres. Et pourtant, après confrontation des données empiriques
établies tout au long de cette étude avec chacun de ces cadres
théoriques, une seule conclusion semble s'imposer : l'UDC est bel
et bien un parti d'extrême droite, confirmant ainsi, avec encore moins de
nuances que ce à quoi je m'attendais, l'hypothèse de
départ de ce travail.
En effet, pas un seul des carcans conceptuels exposés
ci-dessus n'a infirmé cette hypothèse. De plus, en abordant
brièvement les arguments sur lesquels se basait l'unique publication
francophone consacrée exclusivement à l'UDC blochérienne
pour rejeter l'hypothèse de l'appartenance de cette formation à
la famille politique de l'extrême droite, on a pu constater la faiblesse
scientifique de ceux-ci, et expliquer succinctement les raisons de ce qui
m'apparaît comme une erreur de taxinomie basée sur une faute
originelle située au niveau de l'approche conceptuelle.
A défaut d'introduire des nuances à cette
conclusion vers laquelle cinq modèles théoriques distincts
semblent converger, il faut toutefois l'aborder avec certaines
précautions. Je me suis efforcé de respecter le plus
scrupuleusement possible le précepte fondamental de la neutralité
axiologique, mais il s'agirait d'un manque d'honnêteté de ma part
de ne pas avouer que je n'ai pas abordé la littérature de ce
parti sans un a priori normatif. Sans pour autant avoir
commencé ce travail en étant persuadé de me trouver face
à un parti d'extrême droite, loin de là, je savais
pourtant, pour avoir déjà aborder ce parti
précédemment, que j'allais devoir explorer des textes aux accents
xénophobes, sécuritaires, rigoureusement conservateurs et
ultralibéraux, ce qui constitue point par point l'exacte
antithèse de mes convictions politiques personnelles. Je pense pourtant
avoir réussi à fournir une étude départie de cette
dimension normative. La méthodologie assez rigide de cette étude
a été appliquée avec rigueur et de manière
systématique, garantissant, je pense, la validité scientifique
des conclusions ci-exposées.
Cependant, d'autres écueils pourraient apparaître
dans cette étude dus notamment au fait que je n'ai pu, seul, aborder
l'ensemble de la littérature produite par l'UDC de Blocher, d'autant que
je ne me suis penché que sur la littérature francophone
émise par cette formation. Bien que la majorité des textes
publiés soient traduits, il va sans dire que les limites
matérielles, temporelles, spatiales et linguistiques de cette
étude font en sorte qu'une quantité importante de la production
documentaire udécéenne n'ont pas été
traitées dans ce travail or certaines de ces productions permettraient
peut-être de nuancer, voire d'infirmer certains aspect de mes
conclusions.
Il faut également rappeler que la participation de deux
élus UDC au Conseil fédéral est un fait politique vieux
d'à peine six mois. L'influence structurelle de cette recomposition de
la `'formule magique'' sur les orientations idéologiques et le
comportement politique de l'UDC n'a donc pas pu être prise en compte, et
pourrait en grande partie remettre en cause les conclusions de mon
étude.
On peut encore préciser que la méthodologie
appliquée ici relève de choix qui ont sans doute dans une
certaine mesure conditionné l'orientation des constats
opérés au cours de ce travail.
Ces choix restent discutables bien qu'ils s'appuient sur de
solides arguments scientifiques. Des aspects de sociologie électorale
ou des traits organisationnels, paramètres qui n'ont été
abordés que très superficiellement ici, pourraient sans doute
apporter des éléments de nuance à ce travail. La mise
à profit d'autres modèles théoriques pourrait
peut-être permettre d'introduire de nouveaux éléments de
conclusion dont on n'a pu tenir compte. La prise en compte de l'acquis
théorique exhaustif sur le sujet de l'extrême droite est cependant
désormais un voeu pieu, et des choix sont inévitables. Des choix
qui conditionnent forcément dans une certaine mesure les constats
scientifiques opérés.
Mais, sans affirmer qu'il n'est pas possible, en termes
politologiques, de nuancer voire d'infirmer certaines des assertions contenues
dans ce travail, je pense pouvoir arguer, sur base de ce mémoire, qu'il
serait scientifiquement ardu de remettre totalement en cause la validité
du label `'extrême droite'' pour qualifier l'UDC telle qu'elle se
présente aujourd'hui.
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