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L'Homme Démocratique

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par François Palacio
Université Montpellier III - Master I Philosophie 2003
  

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L'universalisme chrétien et la direction des âmes

Au rebours de l'idéal grec de la cité autarcique, le Moyen-âge chrétien renforce l'idée d'universalité attachée au principe de domination impériale.

Certes l'expansionnisme et la diffusion d'un modèle politique et juridique peuvent être considérés comme la perpétuation du projet impérial romain, Empire converti sous Constantin

en 313, et dont le centre de gravité se serait déplacé vers le nord après les invasions barbares

et la conversion de Clovis en 497. Mais un fait important nous conduit à distinguer expansionnisme romain et universalisme chrétien. En effet, les Romains n'attachaient pas de signification transcendante ni téléologique à l'expansion de l'Empire. Et, en outre, les provinces conquises, en dehors des structures administratives importées de Rome, étaient généralement homogénéisées par acculturation extérieure.

Le fait nouveau apporté par la doctrine chrétienne tient en la reconnaissance de l'égalité de tous les hommes dans la nécessaire soumission à la volonté divine. Le christianisme affirme par-là même l'unité du genre humain issu du premier homme, et tout entier marqué par le péché originel, humanité qui ne peut être rachetée que par la foi en le Christ. D'autre part, et c'est là une particularité propre au modèle chrétien, un nouveau statut

de la liberté commence à s'affirmer, liberté intérieure de la conscience errante entre néant et

Dieu et qu'il convient de diriger vers l'amour ordonné de la création et la volonté bonne.

Saint Augustin et la nature humaine

En systématisant le message évangélique et en lui donnant une assise philosophique et théologique stable, l'évêque d'Hippone parvient à une compréhension neuve de la société humaine en même temps que de la destinée individuelle qui va commander l'interprétation du fait politique tout au long du Moyen-Age chrétien. En effet, c'est à partir d'un discours nouveau sur la nature humaine qu'Augustin parvient à une intellection de la liberté individuelle et de l'intériorité qui va modifier en profondeur les structures du pouvoir pour

les siècles à venir.

En distinguant deux statuts de la condition de l'homme, avant et après le péché, Augustin fonde la justice non plus sur le pouvoir de l'homme, mais sur la relation de ce dernier à son créateur. La nature humaine est nature corrompue. Alors que la nature créée est parfaite et ordonnée1, l'homme a, par orgueil, brisé l'harmonie qui le reliait à l'ensemble de la création. Alors que dans l'état originel, l'homme veut ce qu'il peut, il ne peut plus, à la suite

du péché, ce qu'il veut 2. En voulant ce qu'il ne pouvait pas, autrement dit en désobéissant à l'injonction divine, l'homme, affirmant par-là même une volonté indépendante de celle de son

1 Saint Augustin, La Cité de Dieu, T. II, Livre XII, §3, p. 65: " Car Dieu est immuable et absolument incorruptible. Or le vice, qui fait leur résistance contre Dieu, n'est pas un mal pour Dieu, mais pour eux-mêmes.

Et ce n'est un mal qu'en tant qu'il corrompt en eux le bien de la nature. C'est, en effet, le vice et non la nature qui est contraire à Dieu ".

2 Ibid., Livre XIV, §15, p. 174: " Il n'a pas voulu ce qu'il pouvait; et il ne peut plus ce qu'il veut. Quoique dans le paradis, avant le péché, tout ne lui fut pas possible, il ne voulait que ce qu'il pouvait; aussi pouvait-il tout ce qu'il voulait. Maintenant, et tel qu'à l'origine l'Ecriture nous le montre: " L'homme n'est que vanité ". Qui pourrait énumérer tout ce qu'il veut sans le pouvoir, quand lui-même à lui-même désobéit, c'est à dire à sa volonté, sa volonté; à l'esprit, la chair esclave? "

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créateur, s'est condamné à un abîme entre sa puissance et sa volonté. En effet, en bravant l'interdit divin par amour pour sa compagne 1, la volonté d'Adam n'a plus pour finalité l'amour de Dieu, mais l'amour du couple référé à lui-même, amour de l'homme pour l'homme et non amour du couple pour Dieu. Ce n'est pas le corps qui est la cause du péché, mais l'orgueil, la volonté mauvaise, qui après la condamnation n'est plus à même d'avoir tout

à fait prise sur la chair2.

Or, par-là même, c'est tout le genre humain, dans la suite des générations, qui se trouve condamné à la même peine3. Se découvre ici l'idée même d'une unité du genre humain qui, au-delà des variations contingentes, est tout entière traversée par la même origine. Une seule différence distingue à présent les hommes, selon qu'ils désirent de vivre selon l'esprit

ou selon la chair. Vivre selon l'esprit, c'est aimer Dieu à travers le monde, vivre selon la chair, c'est vivre pour l'amour du monde seul. C'est la distinction entre l'amour ordonné, qui respecte l'ordre de la création, et l'amour de jouissance qui répète indéfiniment le péché de nos ancêtres, amour de celui qui croit pouvoir tirer de sa propre volonté tout ce qui est nécessaire à l'existence4. Ainsi se découvrent deux cités, cité terrestre imbue de l'amour de soi, et cité de Dieu, tournée vers l'amour divin5.

Deux traits essentiels ressortent finalement du discours augustinien. D'une part, le genre humain partage universellement la même condition déchue. D'autre part, l'homme est cet être qui toujours est libre de choisir entre le Néant de sa volonté autonome et l'amour de Dieu. Bien qu'il ne puisse être sauvé par sa propre volonté, sans la Grâce divine, l'homme se définit fondamentalement par son libre arbitre qui lui permet de vivre selon la vérité ou selon le mensonge3.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand