Introduction
Le financement du développement en Afrique était
synonyme, il y a quelques années encore, de dépenses
publiques, d'aides de donateurs, de prêts d'organismes de
financement ou d'autres sources de fonds publics. Longtemps
relégué en arrière plan, le rôle moteur du secteur
privé à la croissance économique et au
développement est aujourd'hui reconnu. Mais pour que l'initiative
privée puisse jouer son rôle d'agent du
développement que lui confère de plus en plus les
gouvernements africains, il importe de créer des conditions
favorables et propices aux investissements du secteur privé, local et
étranger. Ce à quoi s'attèlent beaucoup
de pays africains depuis quelques années,
généralement à travers des codes d'investissements
plus attractifs et la création d'agences nationales de promotion des
investissements.
Le Nouveau partenariat pour le développement de
l'Afrique (NEPAD) adopté en
2001 offre au continent africain un cadre
stratégique global de développement qui s'appuie fortement,
d'une part, sur la stratégie d'intégration
économique régionale par la création d'espaces
optimaux capables de rentabiliser les investissements et produire des
économies d'échelle, et d'autre part, sur la facilitation
de l'essor du secteur privé national et l'attraction des
investissements directs étrangers. Le NEPAD encourage notamment la
croissance des flux de capitaux privés en direction de l'Afrique
en vue de remédier à la pénurie de ressources. Pour
attirer les capitaux sur
le continent, les Etats se doivent d'élargir
leur espace, de garantir la sécurité des investissements et
améliorer la gouvernance politique, institutionnelle et d'entreprise.
Pour ce faire il faut « créer des environnements incitatifs
à l'échelle régionale où les entreprises
peuvent entrer dans une compétition transparente, disposer d'un
système juridique transparent et efficace où les
règles de la concurrence sont bien fixées, les droits
de propriétés clairs pour les investisseurs locaux et
étrangers et les informations fiables en ce qui concerne les
marchés et les risques » (Kassé, 2003).
Cette vision vient confirmer et renforcer la dynamique
déjà créée en Afrique par les communautés
économiques régionales en général et par
l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) en
particulier. Les politiques d'intégration dans leur ensemble visent
à encourager la production et accroître les échanges et les
investissements. L'intégration économique régionale
devait procurer entre autres avantages : une réduction des
coûts de production à l'intérieur de la région
grâce aux économies d'échelle et la réduction
des coûts de transaction par le démantèlement des
barrières tarifaires et non tarifaires ; une baisse des prix due
à la réduction des tarifs, à la concurrence et à
l'élargissement de la gamme de choix des consommateurs ; une
accélération du rythme des investissements attirés
par un marché élargi et un code d'investissement plus attrayant.
Des politiques incitatives
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Intégration régionale et promotion des
investissements dans l'espace UEMOA
ont été initiées au sein de
l'UEMOA pour relancer l'activité économique dans
ses
Etats membres. Outre les réformes visant la
restauration des grands équilibres
macroéconomiques, la mise en oeuvre de
politiques communes commerciale, industrielle, minière et
énergétique, l'instauration d'un tarif extérieur commun
(TEC)
et l'adoption d'un code communautaire des investissements
visent à soutenir le développement dans la région.
Mais les performances économiques dans la zone restent
encore faibles. Au cours des cinq dernières années, la
croissance économique moyenne dans l'espace UEMOA était
seulement d'environ 2,6% et le taux d'investissement restait faible,
se situant autour de 16% du PIB. Ces faibles performances sont largement en
deçà des 30% de taux d'investissement nécessaire pour
atteindre les 6 à 8% de croissance économique, seuil critique
établi comme nécessaire pour réaliser les objectifs du
millénaire pour le développement (OMD) à l'horizon
2015.
L'intégration financière a été
renforcée par la monnaie unique et par la consolidation
du marché financier régional. La création
de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) visait
à constituer un complément au système bancaire dans
le cadre de la mobilisation de l'épargne et du financement de
l'investissement dans les pays de l'Union. En outre les divers organes et
institutions de facilitation, de promotion, de financement et de garantie des
investissements opérant dans l'espace UEMOA (BOAD, FAGACE, Fonds
GARI....) ont permis de lever certaines barrières
et faciliter le financement des activités productives et
le développement des affaires.
En dépit des efforts fournis, l'espace UEMOA
reste perçu comme une zone à haut risque par les
investisseurs du fait de l'insécurité des droits de
propriété et des insuffisances des réglementations et
des marchés. Ainsi, sur la base d'indicateurs tels que l'ouverture
des pays aux investissements directs (IDE), la volatilité
et la vulnérabilité économique, les conditions locales
de travail et l'intensité bureaucratique et la corruption, Credit
Risk International attribuait en 2003 une notation de 3,4 comme risque
moyen d'investissement1 dans l'espace UEMOA contre
3,2 points pour l'Afrique toute entière. L'environnement
des affaires n'est donc pas
des plus favorables au sein de l'UEMOA. Pourtant cette
communauté économique régionale apparaît
être l'une des formes les plus élaborées
d'intégration sous régionale sur le continent.
Si au sein de l'UEMOA, des progrès ont
été réalisés dans la libéralisation et
la facilitation des échanges, le schéma d'intégration
économique et monétaire de l'Union a t-il permis d'insuffler
une dynamique soutenue au climat des affaires et de promouvoir les
investissements dans son espace économique ? L'étude
examine la contribution de l'intégration à la promotion
des investissements dans l'Union.
1 Sur une échelle de notation de 7 points : 1 pour
risque dangereux à 7 pour risque excellent
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Intégration régionale et promotion des
investissements dans l'espace UEMOA
L'objectif principal de la présente étude
est d'évaluer les effets des politiques
réglementaires de l'UEMOA sur la promotion et le
développement des
investissements dans son espace économique.
En particulier l'étude vise à :
analyser les politiques réglementaires de l'UEMOA
susceptibles d'influencer les investissements et les contraintes à leur
mise en oeuvre ;
évaluer le rôle de l'intégration sur les
investissements dans l'Union ;
examiner les perspectives et les recommandations
de la promotion des investissements dans l'espace UEMOA.
L'étude est basée sur une recherche documentaire
à partir des textes réglementaires
et des décisions adoptées par l'UEMOA. Des
recherches complémentaires ont été
effectuées pour compléter ces informations. Des
données secondaires provenant de sources diverses (Banque mondiale, CEA,
CNUCED, UEMOA et autres institutions), ont été réunies
pour des analyses descriptives et comparatives. Une estimation
économétrique a été également
menée pour estimer l'effet de l'intégration
économique sur les investissements étrangers dans l'UEMOA.
L'étude est structurée en quatre (4) chapitres.
Le premier chapitre développe le cadre théorique dans lequel
s'inscrit l'étude. Le second chapitre présente l'environnement
réglementaire et macroéconomique de l'Union. L'évolution
des investissements dans l'espace UEMOA et l'effet de l'intégration sur
les investissements sont analysés dans
le troisième chapitre. Enfin le quatrième
chapitre examine les perspectives et les
recommandations sur la promotion des investissements dans
l'espace UEMOA.
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Intégration régionale et promotion des
investissements dans l'espace UEMOA
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