2.3. Des échanges commerciaux aux investissements
La théorie du commerce international met en
évidence avant tout les échanges de biens. Les mouvements
de facteurs, en l'occurrence le capital, sont des flux qui
complètent et accompagnent les mouvements de biens. Ils
accélèrent la spécialisation des économies et
favorisent la commercialisation des biens. Commerce et investissement peuvent
se substituer ou se compléter. L'intégration peut stimuler les
investissements directs.
L'effet des tarifs douaniers et du commerce sur les
investissements peuvent différer selon le type d'investissement et
le mobile qui incite ces investissements. Les entreprises peuvent
effectuer des investissements directs à l'étranger lorsque
certains facteurs sont réunis. Dunning (1977) en distingue trois. Tout
d'abord elles possèdent
un avantage dans une production ou une technologie qui
lui permette d'être compétitives sur des marchés
étrangers (ownership advantage). Ensuite elles estiment avoir
plus d'avantages à exercer à l'étranger que dans leur pays
(location advantage). Enfin elles pensent tirer plus avantage du
ownership advantage que des mécanismes de marché pour
accroître ses profits (internalisation advantage).
Mémoire professionnel HOMEVOR Etsri
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Intégration régionale et promotion des
investissements dans l'espace UEMOA
De part les sources, selon que l'investissement provienne
d'un pays membre d'une
union ou d'un pays tiers, on peut distinguer les
investissements directs étrangers
intra-régionaux que l'on appellera investissements
intra-communautaires et des investissements directs étrangers
extra-régionaux que l'on désignera tout simplement par
investissements directs étrangers (étrangers à
l'Union).
Il est à rappeler que les investissements directs
étrangers (IDE) sont des mouvements
de capitaux qui permettent soit de créer une
unité de production à l'étranger, soit
d'en acheter une déjà existante à
l'étranger ou d'entrer dans son capital. Autrement
dit les IDE sont réalisés pour influencer la
gestion d'une entreprise à l'étranger. Dans
la pratique on considèrent qu'une prise de participation
à hauteur d'au moins 10%
dans le capital d'une entreprise à l'étranger
constitue un IDE. Dans le cas contraire,
on parlera d'investissement de portefeuille, car
répondant plus à une logique de placement qu'à une
logique de production.
L'instauration de tarifs préférentiels
ou leur élimination au sein d'une union douanière
peut réduire les investissements intra-communautaires, en ce sens que la
réduction des coûts commerciaux peut favoriser les
échanges entre nations au lieu d'inciter à l'implantation
des mêmes industries dans les différents pays membres. Dans
le même temps les investissements intra-communautaires
peuvent être encouragés. La réduction des coûts
commerciaux va inciter les entreprises à établir des succursales
et/ou des filiales dans les pays, relativement à l'efficacité des
facteurs
de production qui y sont présents, pour produire
et commercer librement avec les autres pays partenaires de l'union.
L'effet attendu de l'intégration est que les investissements
intra-communautaires s'accroissent. L'intégration peut inciter les
IDE en ce sens que les investisseurs étrangers peuvent
accéder à des marchés plus élargis du fait de la
suppression des barrières tarifaires. Les flux d'IDE induits seront
en direction des pays qui auront une efficacité relative
en termes de coût des facteurs de production.
En somme l'intégration régionale pourrait
être source, en plus des effets traditionnels
de création et de détournement de
commerce (et par analogie), de "création d'investissement"
et de "détournement d'investissement". Mais de
façon générale, l'intégration devrait
contribuer à accroître les IDE, quoique ses effets
sur les investissements intra-communautaires restent plus ambigus. Une des
raisons de cette ambiguïté est que les investisseurs à
travers les entreprises multinationales, sont plus motivés par
l'exploitation de leurs atouts, comme par exemple des coûts
fixes de production relativement faibles, pour profiter des
économies d'échelle, en plus des avantages offerts par la
suppression des barrières (te Velde et Bezemer, 2004). En outre,
« les unions douanières peuvent encourager les investisseurs
étrangers à pratiquer le contournement tarifaire,
c'est-à-dire investir dans un pays membre pour
Mémoire professionnel HOMEVOR Etsri
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Intégration régionale et promotion des
investissements dans l'espace UEMOA
commercer librement avec tous les autres membres, ce qui
accroît les investissements
locaux et étrangers6 ».
Théoriquement, il devrait exister une relation positive
entre intégration régionale et investissements directs
étrangers ; et ceci pour au moins trois raisons. D'abord
l'intégration crée des conditions favorables à
l'accroissement de la taille des marchés nationaux. Ensuite la
libéralisation des échanges au sein d'une
communauté économique régionale impose aux autres
pays non membres d'accroître leur compétitivité.
Enfin, l'intégration peut générer des effets
dynamiques comme une croissance accélérée dans la
zone concernée. Autant de facteurs qui sont supposés
attirer des investissements directs étrangers.
L'UEMOA qui vise l'union économique
complète est actuellement au stade de l'union douanière
appliquant depuis janvier 2000 un tarif extérieur commun (TEC), avec
des critères de convergence macroéconomique et des
politiques sectorielles communes.
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