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Tradition et rationnalité chez Hans-Georg Gadamer


par Pierre Luhata Lokadi
Université Saint Pierre Canisius - Bachelier en Philosophie 2006
  

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CHAPITRE DEUXIEME :

Le dépassement de la question épistémologique sous la conduite de la Phénoménologie

II. O. Introduction

Le débat autour de la question de la fondation des sciences de l'esprit a été un débat épistémologique. Le problème fondamental consistait à rendre scientifique les sciences de l'esprit. Cependant, les différentes tentatives qui ont cherché à fonder les sciences de l'esprit suivant le modèle des sciences de la nature ont conduit aux apories. En réalité, ces tentatives n'ont fait que donner aux sciences de l'esprit une place marginale derrière les sciences exactes.

C'est pourquoi, Gadamer propose une autre voie, celle de l'herméneutique où le phénomène de la compréhension joue un rôle important. Ici, l'analyse de l'expérience de l'oeuvre d'art est exemplaire car l'oeuvre d'art a une vérité. Cette vérité n'est pas conceptuelle comme c'est le cas dans les sciences de la nature. Au contraire, la vérité propre à l'oeuvre d'art requiert la participation qui transforme la vie de la personne qui fait l'expérience.

Sous la conduite de la phénoménologie, les travaux de Husserl, Compte York et Heidegger poseront les lignes directrices qui doivent orienter toute recherche en sciences de l'esprit. La règle d'or c'est « le retour aux choses mêmes ».

Ce deuxième chapitre a trois points principaux. Le premier point traite de l'ontologie de l'oeuvre d'art. L'expérience de l'oeuvre d'art renferme une vérité qui transforme la vie. Le deuxième point parle du concept de « vie » chez Husserl et son approfondissement par le Compte York. Le dernier point est consacré à Martin Heidegger et à son herméneutique de la facticité.

II.1. L'ontologie de l'oeuvre d'art comme ouverture à l'expérience herméneutique.

II.1.1. Gadamer et la question de la vérité de l'oeuvre d'art

On ne peut pas commencer à parler de l'ontologie de l'oeuvre d'art avec Gadamer sans rappeler le combat qu'il a mené pour rendre justice à l'expérience de vérité propre à l'art. Avec Kant l'art est passé au crible de la raison critique. Le procès intenté contre l'esthétique va conduire à un embarras ontologique. C'est le massacre de l'oeuvre d'art. En effet, avec la conscience esthétique, l'abstraction est introduite au sein de la connaissance esthétique. Il est évident que même le domaine esthétique n'a pas été épargné par l'idée de la méthode. Voici ce que Gadamer dit à ce propos :

La relégation de la détermination ontologique de ce qui est esthétique dans le concept d'apparence esthétique a donc pour fondement théorique que l'empire du modèle de connaissance, qui est celui des sciences de la nature, conduit à discréditer toute possibilité de connaissance qui ne relèverait pas de cette doctrine nouvelle de la méthode (« fiction », dit-on)41(*).

Aussi, la conscience esthétique peut être comparée à l'impératif catégorique. C'est le centre d'expériences vécues, qui fournit la mesure de tout ce qui s'impose comme art. Nous sommes donc devant un sujet conscient, réfléchissant et possédant le pouvoir de réaliser la distinction esthétique et de porter sur toute chose un regard « esthétique ».42(*)Le grand crime de la distinction esthétique c'est le fait de couper l'oeuvre d'art de son milieu de vie. L'oeuvre perd son lieu et son monde pour devenir un objet d'exposition dans des musées.43(*)

Et pourtant, l'oeuvre d'art n'a-t-il pas un message à nous livrer ? Ne nous parle-t-il pas comme un « tu » ? L'oeuvre d'art nous adresse une parole. Elle doit être considérée comme un partenaire dialogal, car elle a un message à nous livrer. L'expérience de l'art possède aussi une vérité. Son mode de connaissance est suis generis44(*). Cette vérité ne peut être épuisée définitivement au moyen des concepts. L'oeuvre d'art continuera toujours à nous parler autrement. Voilà ce qui est extraordinaire. L'expérience de l'art exige donc la compréhension. Celle-ci est un phénomène purement herméneutique.

Pour rendre justice à l'oeuvre d'art, Gadamer pose la question de l'oubli de l'être de l'oeuvre d'art à la conscience esthétique comme Heidegger l'avait fait avec la métaphysique traditionnelle. Cette question ne porte pas sur la subjectivité de la conscience, mais elle va au- delà d'elle pour rejoindre le sphère de l'Etre. Il nous faut interroger l'Etre- même de l'oeuvre d'art.

* 41 Ibid., p.101.

* 42 Ibid., p.103.

* 43 Ibid., p. 169.

* 44 Ce mode de connaissance est certainement différent de la connaissance sensible qui est propre aux sciences de la nature. Il n'est pas conceptuel comme l'a bien démontré Kant. Et pourtant, c'est une forme de connaissance, une médiation de vérité qu'il faudrait bien reconnaître. D'où, la notion de l'expérience doit être comprise dans un sens plus large que celui que Kant a donné. Cfr. Vérité et Méthode., p.115.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote