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De la logique interne de la technoscience: Une perpétuelle menace contre la foi ?


par Lokadi Pierre Luhata
Université Saint Pierre Canisius - Faculté de philosophie 2005
  

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I. Du rapport historique entre foi et raison.

Loin d'être inconnue l'une de l'autre, la foi et la raison sont des amies de longue date. Ensemble, elles ont traversé l'histoire de l'humanité. Déjà dans l'antiquité grecque et judéo-chrétienne, on note la rencontre entre ces deux réalités. Le christianisme à ses débuts, se servit de la raison philosophique pour fonder sa doctrine. Le platonisme a constitué la base solide à partir de laquelle la religion est entrée en dialogue avec le monde de la raison.

Certes, l'homme est un être métaphysique. Il est marqué par ce désir de la transcendance. Un Absolu qui viendrait rendre compte de ses fluctuations et sa contingence. L'homme est toujours dans la poursuite d'un sens qu'il n'atteint toujours pas. Ce désir se trouve à l'origine même des représentations du sacré, de l'Absolu. Partout dans le monde, les hommes se sont représentés des figures d'hommes et d'animaux pour expliquer l'origine de la vie. Les mythes et les contes sont bien placés par confirmer notre thèse. Cet effort de la quête de sens s'est manifesté d'une manière exceptionnelle en Grèce antique. En effet, la Grèce nous donne un exemple éloquent de la richesse de sa mythologie. Ce récit fabuleux, le plus souvent non réfléchie dans lequel des agents impersonnels, le plus souvent les forces de la nature sont présentées sous forme d'êtres personnels, dont les actions ou les aventures ont un sens symbolique, rend compte du pourquoi des choses. Les mythes ont pour rôle de donner un télos aux choses qui échappent à la raison. La mythologie dans ce sens, sert à rendre compte des fluctuations qui marquent la vie temporelle de l'être humain. Des questions au sujet de la mort et de l'origine de la vie en sont des exemples convaincants.

L'avènement de la raison spéculative avec les philosophes grecques, voulut mettre fin au règne de la mythologie, du monde de l'imaginaire pour laisser la place à la raison. Il s'agissait d'écarter les mythes parce que faisant partie de la doxa. A propos de l'effort des philosophes grecques d'éradiquer les mythes dans leur cosmologie, Jean Paul II l'exprime clairement en ces termes : 

« L'un des efforts majeurs opérés par les philosophes de la pensée classique fit, en effet, de purifier de ses formes mythologiques la conception que les hommes se faisaient des Dieu. Comme nous le savons, la religion grecque elle aussi, peu différente en cela de la majeure partie des religions cosmiques, était polythéiste, si bien qu'elle divinisait des choses et des phénomènes naturels.2(*)

Avec l'aide des philosophes grecques, la vision du monde change. C'est dans ce climat que l'évangile venu de la Palestine, rencontre la raison spéculative. Cette rencontre a été souvent difficile. Entre la foi et la raison, qui prime sur l'autre ? Fallait-il soumettre la vérité révélée à critique des philosophes ?

Dans ce sens Jean Paul affirme :

C'est sur cette base que les pères de l'Eglise entreprirent un dialogue fécond avec les philosophes d'antiquité, ouvrant la route à l'annonce et à la compréhension de Dieu de Jésus Christ3(*).

Au moyen âge, avec la naissance des universités en Europe, la foi et la raison se séparèrent. Il eut une légitime distinction entre les deux savoirs. C'est le temps du doute, de la remise en question de l'autorité de l'Eglise et de ses enseignements. Seule la raison peut procurer le salut. C'est l'époque du positivisme. La vision chrétienne du monde est bouleversée avec les découvertes scientifiques. La révolution copernicienne en est un exemple apologétique. C'est qui compte c'est le fait. Les croyances n'ont plus de place.

Avec la raison, le monde est mis en époké. Le souci d'objectivité impose à la science de douter de tout, sauf de rien même de la foi. Cette rupture Jean Ladrière l'explique en ces termes :

« Il faut qu'intervienne une rupture par rapport au vécu, que soit pris en suspens le réseau constitué des significations, le système traditionnel des évidences, pour que puisse s'élaborer un savoir de type scientifique ».4(*)

Voulant ainsi se rendre autonome, la science et sa fille aînée, la technologie sont devenues les seuls maîtres du monde : « Point de salut en dehors de la science ». C'est la technoscience qui donne le sens a notre existence. La vie humaine se trouve réglementée, contrôlée et planifiée par la raison instrumentale. La naissance des industries modifie l'activité humaine. Les machines travaillent à la place de l'homme. Avec l'industrialisation, la science va à la conquête de l'univers. Désormais, plus rien n'échappe à son contrôle. Malheureusement, comme l'affirme Jean Paul II :

«  L'homme d'aujourd'hui semble toujours menacé parce qu'il fabrique, c'est à dire par le résultat du travail de ses mains, et plus encore du travail de son intelligence, des tendances de sa volonté... »5(*)

L'être humaine se fait prisonnier de ses propres inventions. L'homme devient objet de ses recherches. C'est le triomphe de la science qui impose sa vision du monde comme la seule vraie.

La modernité c'est l'époque de l'industrialisation. C'est le règne de l'individualisme et de la bureaucratie. Ces derniers sont les malaises de la modernité. La raison instrumentale devient le grand conquérant du monde. Et cela pour conséquence, l'éthique est abandonnée au profit de la logique d'efficacité et de compétitivité. Le monde moderne est un monde impersonnel. Enveloppé dans cette vision du monde, l'être humain perd tout horizon de sens, c'est le nihilisme, l'enfant terrible de la modernité.

Malgré les différentes inventions et découvertes scientifiques qui visent à rendre la vie humaine plus agréable, l'homme se rend compte que ses problèmes existentiels demeurent. La science en se développant crée aussi des nouveaux problèmes qu'elle ne maîtrise pas. Néanmoins, il serait ingrat de ne pas reconnaître les bienfaits de la science. Grâce à elle, tous les coins du monde peuvent être atteints. La médecine et les autres sciences humaines aident l'homme à prolonger la vie et à la rendre plus agréable. La technologie facilite l'homme certaines tâches difficiles à réalisées avec les mains.

Telle est, d'une manière brève, le rapport qui a existé entre la foi et la raison depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. A présent, essayons de comprendre le phénomène « technoscience » dans sa globalité pour relever les lois internes qui président à son dynamisme marqué essentiellement par le progrès.

* 2 Jean Paul II, La foi et la raison, Paris, Cerf, 1998, p.50

* 3 Ibid, p. 51.

* 4 Jean Ladrière, les enjeux de la rationalité, Paris, Aubier, 1977, p. 17

* 5 Jean Paul II, Encyclique Redemptor hominis (4 mars 1978), n°15 : AAS71(1979).

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote