1.La restructuration du secteur textile Chinois
En novembre 2001, la Chine est donc parvenue à entrer dans
l'OMC. Cela lui a permis de bénéficier de la levée des
quotas sur 11 catégories de produits (dont 8 concernent les
vêtements) en Europe et 23 aux Etats-Unis.
Ainsi nous pouvons remarquer l'évolution des exportations
chinoises comme premier élément
d'appréciation (graphique 5 ; tableau 3) :
- Les exportations chinoises de textile entre 2001 et 2003 ont
fortement augmenté (53% en valeur) et leur part dans les importations
mondiales a progressé de 5,4 points, passant de 10,5% à 15,9%
entre 2000 et 2003.
- La valeur des exportations chinoises, sur le marché de
l'habillement, a accéléré de 39% entre fin 2001 et 2003.
Le poids de la Chine dans les exportations mondiales a ainsi augmenté de
4,2 points.
Graphique 5 : Evolution des exportations chinoises de
produits textile et habillement (en milliards de dollars)
Tableau 3 : valeur et variation annuelle des
exportations chinoises de produits textiles et d'habillement
Malgré les nombreux dispositifs de contingentement qui
ont, pendant plus de quarante ans, lourdement pénalisés les
exportations de la Chine, le pays a donc su rester un acteur de premier plan.
Il est, en effet, le premier producteur et le premier exportateur
mondial de textile et d'habillement.
Sa seule part dans le marché communautaire
s'élève à plus de 22% pour l'habillement ; et,
grâce au rôle non négligeable de Hong-Kong
(réintégré à la Chine depuis juillet 1997), la
Chine a été à même de réaliser le quart des
importations Européennes en 2004 (soit environ 25,8% du total des
importations).
Depuis le 1er janvier 2005, le gouvernement chinois
ainsi que les entreprises sont entrés dans une phase de
diversification.
La tendance aurait été, si nous prenons l'exemple
d'autres pays jusqu'alors pénalisés par les quotas, d'entrer dans
un processus de progression du volume des exportations.
Mais, la Chine à préférer miser sur des
produits à forte marge, positionnés sur le moyen/haut de gamme.
Ceci, en augmentant de manière considérable, ses dépenses
en recherche et développement et en formation. Le secteur
textile-habillement chinois, qui compte près de 20 millions de
salariés, entend consentir à de très gros efforts dans les
domaines suivants : la création, l'organisation, et
l'investissement dans les nouvelles technologies, surtout celles touchant au
tissage.
Très prévoyante quant à son entrée
dans l'Organisation Mondiale du Commerce, la Chine avait d'ailleurs inscrit
dans son dixième plan quinquennal de l'industrie textile (2001-2005),
« le renouvellement de son appareil industriel et des
avancées technologiques pour une meilleure qualité des
produits ». Le gouvernement chinois ajoute de plus que
« ces conditions doivent contribuer pour plus de 60% à la
croissance de la valeur ajoutée produite par la
filière ».
D'un point de vue géographique, c'est tout le pays
qui se réorganise en fonction d'une logique extrêmement bien
définie :
- les entreprises situées près des
côtes, produisent pour l'exportation ;
- celles situées à l'intérieur des
terres, se destinent au marché intérieur ;
- enfin, les entreprises situées à l'ouest du pays,
développent des activités de partenariat avec des investisseurs
étrangers (Italiens, américains, taiwanais, japonais,
coréens et allemands).
Enfin, il est important de signaler que lors du cycle de
négociation de l'Uruguay Round, c'est-à-dire au moment où
il était question d'un changement majeur dans la configuration du
secteur textile-habillement dans le Monde, aucun pays membre de l'OMC ne s'est
soucié des travailleurs et des nombreuses pertes d'emplois qui en
découleraient. La suppression des quotas aura certes été
bénéfique aux entreprises mais elle aura fait de ces travailleurs
les « grands perdants » de ce processus.
A aucun moment, la Chine ne s'est posée la question du
devenir de ses millions d'employés, lors de sa décision de
restructuration du secteur. Seule la rentabilité importe, le
travailleur, lui, continue d'être exploité.
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