C. Perspectives et recommandations
1. Les solutions apportées par
l'OMC
La fin du système des quotas en janvier 2005 a donc eu
pour principale conséquence de reconfigurer le secteur
textile-habillement dans le Monde, au bénéfice de pays comme la
Chine ou l'Inde, et au détriment des pays les plus pauvres.
De nombreuses demandes émanant principalement des pays du
Sud, ont été faites à l'OMC, dans le but de prolonger ce
système de contingentement des exportations.
En effet, les conséquences pour ces pays sont lourdes et
ne vont qu'empirer au fur et à mesure des années, tant du point
de vue économique que du point de vue social. Toutefois, la
probabilité pour qu'un accord de prolongation des quotas soit
signé par l'OMC reste mince dans le sens où cela
nécessiterait la signature des 148 pays membres, dont la Chine et
l'Inde.
Par ailleurs, lors de la signature de l'Accord sur les Textiles
et les Vêtements, il a été prévu une sorte de clause
impliquant « un mécanisme de sauvegarde
transitoire », en faveur des pays pouvant subir un
préjudice grave suite à la fin des quotas.
De ce fait, un pays qui considère que la très forte
croissance des importations provenant d'un pays plus compétitif aura un
effet dévastateur sur sa propre industrie (celle-ci fabriquant des
produits similaires ou concurrents), aura la possibilité de limiter le
pourcentage de ces importations.
Cette limitation ne pourra être effective qu'en fonction de
certains critères ; voici, de manière exacte, ce que stipule
l'OMC :
« Cette mesure de sauvegarde peut être
appliquée sur une base sélective, pays par pays, par accord
mutuel ou, si aucun accord n'est intervenu au cours de consultations dans un
délais de 60 jours, de manière unilatérale. Cette
limitation ne peut pas être inférieure au niveau des importations
en provenance du pays exportateur au cours des douze derniers mois et ne peut
être maintenue que pendant trois ans au maximum. »
Ce recours au contournement des quotas aura attiré les
Etats-Unis et l'Union Européenne, qui craignent tout deux, pour leurs
emplois (environ 2,7 millions de travailleurs dans le secteur dans l'Europe des
25). Ainsi, ayant constaté une hausse de 1000% des importations de
certains produits par la Chine (robes de nuit, soutien-gorge et robes), les
Etats-Unis ont donc décidé d'utiliser leur possibilité de
limitation des importations. Cette clause de sauvegarde aura également
été utilisée par l'Union Européenne dès que
celle-ci a constaté qu'entre 2001 et 2003, la valeur des importations en
provenance de Chine avait presque doublé.
C'est pour faire face à cette situation que la
Commission européenne, au nom de tous les États membres, a conclu
le 10 juin dernier un accord avec la Chine qui permettra de contrôler et
de limiter les importations de certains textiles chinois vers l'UE
jusqu'à la fin 2008.
2. La reconversion du Maroc est-elle
possible ?
Les quatres filières sur lesquelles le Maroc doit
miser :
Maille :
Une des spécialités marocaine est la maille
circulaire (T-shirts et polos). Mais aujourd'hui la production est trop basique
et il faut faire des adaptations pour faire évoluer la production vers
des produits à forte valeur ajoutée.
L'industrie doit tisser des cotons plus élaorés
pour se démarquer par rapport à la production asiatique. Le parc
de métiers circulaires est puissant, mais doit bénéficier
d'une forte adaptation pour satisfaire l'évolution souhaitée vers
la mode.
C'est ce même shéma d'évolution que doit
suivre le tricotage réctiligne (pulls) en changeant son parc de
machine pour monter en gamme.
Chaîne et trame :
Les vêtements chîne et trame ont une marge de
progression importante. Le chaîne et trame souffre d'un manque de tissu
locaux, tournés vers le denim et le tissu d'ameublement : on
éstime la production de tissu vestimentaire à 15 millions de
mètres, alors que les besoins découlant de la production de
vêtement atteingnet 300 millions de mètres. Dans ces conditions il
ne serait pas dérésonnable que le Maroc envisage de produire
jusqu'à 100 millions de mètres de tissus vestimentaires. C'est en
effet sur le tissu et l'ennoblissement que se jouera la capacité du
Maroc à monter en gamme.
Jean et Sportswear :
Le Jean est cité en premier par les donneurs d'ordre
internationnaux comme spécialité marocaine. Pourtant, le volume
exporté en Europe est aujourd'hui très largement surpassé
par les livraisons Turques et Tunisiennes. Le potentiel est donc très
important, d'autant plus que le Jean entraine avec lui dans son sillage un
chiffre d'affaires de vêtements sportswear estimé à deux
fois celui du pantalon jean proprement dit. Ce segment qui inclut des
vêtements de chaîne et trame et de maille, progresse au
détriment du vêtement plus formel. On peut donc dire que le Jean
est une locomotive pour tout le secteur.
Tissu d'ameublement et linge de maison :
Le textile de maison est lui aussi un vecteur potentiel
identitaire fort pour le Maroc, très clairement relié au
« salon marocain » et à l'artisanat. L'avenir de ce
secteur requiert une réfléxion pointue sur la distrribution qui
permettrait de déféndre le marché intérieur et de
construire l'exportation. La valeur ajoutée est rechercher d'abord dans
le produit fini avant de songer à des dévelopements importants de
production textile (tissage, filature). Le choix d'une création
étayée par un marketing lucide est la seule voie de survie.
Les entreprises doivent se regrouper :
La taille des entreprises est un handicap. Elles restent au Maroc
encore trop petites, alors que pour satisfaire les besoins de plus en plus
grands et diversifiés, la grande distribution préfère les
grands fabriquants et disposant de capacités de productions de plusieurs
produits.
Le secteur doit diversifier ses
débouchés :
Aujourd'hui 90% de la production marocaine du textile habillement
est exportée vers l'Europe ce qui rends le Maroc particulièrement
sensible aux variations conjoncturelle de la demande de l'Europe. Il faudrait
donc avoir de nouveau clients. Aujourd'hui le marché Américain
semble très ouvert suite à la signature de l'accord de libre
échange entre le Maroc et les Etats-Unis. La signature de cet accord
donne en effet un avantage aux produit marocains d'environ 30 % sur leurs
concurrents Chinois. De plus le savoir faire acquis par les marocains au
contact de l'Europe semble intéresser les Etats-Unis.
Le Maroc pourrai aussi jouer une autre carte celle des pays
Arabes, notament ceux du Moyen-Orient, dont il dispose d'une bonne connaissance
et proximité linguistique.
Be the « second Best »:
On remarque que sur les produits non soumis aux quotas,
l'évolution des importations américaines des produits chinois est
passée de 9% à 70% entre 2001 et 2004, et qu'elle se stabilise
à 70%. On peut donc imaginer que la Chine et l'Inde ne pourront pas
aller aux delà des 70 % observer aux Etats-Unis. Il faut donc que le
Maroc se positionne comme le « deuxième
meilleur ».Le Maroc pourra par exemple récupéré
les parts de marché que la Pologne laissera quand se salaires
augmenteront.
Le Maroc a besoin de tissu :
L'étude de l'institut français de la mode
commandée par l'AMITH en 2003 révèle que l'insuffisance de
matière première sur place a fragiliser la confection.
Le textile et la confection n'ont jamais avancés
ensemble.
L'industrie textile locale s'est contenté d'un lucratif
marcé intérieur à l'abri des barrière
douyanière. Son faible développement, tant quantitatif que
qualitatif, a contraint la confection locale et les donneurs d'ordre à
faire leur sourcing à l'extérieur.
Recevoir les nouvelles délocalisations :
Les délocalisation industrielles sont inéluctables
en Europe et le Maroc aspire à les recevoir. C'est ainsi que le Maroc
éspère développer entre autre son industrie textile.
De la survie du textile européen dépend
étroitement celle de toute la filière confection marocaine car
faute de tissus à proximité, le Maroc serait obligé
d'aller les chercher plus loin et perdrait son avantage compétitif
fondé sur la réactivité.
Réduire les délais de livraisons :
Aujourd'hui les grandes distributions préfère
travailler en flux tendu. Notre proximité géographique devrait
favoriser les séries courtes et permettre un achalandage réactif
aux variations de la demande. En effet Zara par exemple suit les ventes
grâce à l'informatique. Lorsqu'un modèle marche il faut en
produire très rapidement.
Il faut donc arrivé à produire les produits en sous
traitance en 15 jours et 4 semaines pour les produits fini.
Le sourcing extérieur :
D'après l'institut français de la mode il serait
trop tard pour développer le textile et il serai
préférable de faire ses courses ailleurs pour chercher des
matières à traiter par une industrie d'ennoblissement, de
« converters » ou de « marketers ».
Délavage, grattage, flammage, teinture,etc. ; tous ces
« mauvais traitements» que l'on fait subir au Jeans et dont les
jeunes sont si friands en Europe.
Vu que le Maroc a signé un accord de libre échange
avec la Turquie, qui a développé un secteur textile solide, le
Maroc entend bien s'appuyer sur eux pour la fourniture des tissus.
Sortir par le haut en montant en gamme :
Il faut investir dans les circuits de distribution dans les
nouvelles technologie de l'information pour optimiser les moyens et permettre
une meilleur gestion des commandes et délais d'exécution, le B to
B, le design, la mode. Passer de la sous traitance (qui bride les initiatives
des producteurs) à la co-traitance (relation plus
équilibrée entre l'acheteurs et confectionneurs qui laisse plus
de place à la qualité, la créativité et la
recherche de valeur ajoutée) et la production de produits fini remonter
en gamme et différencier l'offre ceci passe par des activités
« d'ennoblissement », il faut investir dans R&D et
mettre en oeuvre des cycles de formation aux différents niveau de
qualification.
Des considérations éthique et
environnementale :
D'importante mesures ont été prise par les
producteurs marocains ces dernières années concernant les
considérations éthiques, social et environnementale. Les grandes
marques devrait être sensible à ça.
Constitution d'un pôle et d'un marché
pan-euroméditerranéen :
La constitution d'un tel pôle ( composé de l'UE,
Roumanie, Bulgarie, Afrique du nord et de la Turquie) permettreait des
échanges plus fluide et plus performant. Cette fluidité devrait
permettre d'apporter une réponse plus adaptée aux exigences du
circuit court, tandis que l'harmonisation des règles d'origine serait de
nature à privilégier les approvisionnements de proximité
ce qui prolongera les systèmes de protection après les quotas en
quelques sorte.
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