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Michel Foucault ,Psychiatrie et médecine

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par David Labreure
Université Paris 1 panthéon sorbonne - Ma??trise 2004
  

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II : LA CRITIQUE DE GAUCHET ET SWAIN: LA PRATIQUE DE L'ESPRIT HUMAIN

La critique formulée par ces deux auteurs est toute autre : en 1980, Gladys Swain et Marcel Gauchet rédigent La pratique de l'esprit humain sous-titré L'institution asilaire et la révolution démocratique, ouvrage qui portait sur le traitement moral et la genèse de l'institution asilaire. Ils vont montrer que la « révolution » qui a lieu dans Histoire de la folie à propos de l'asile va être démocratique .Gladys Swain avait déjà écrit trois ans auparavant Le sujet de la folie dans lequel elle montrait que Foucault simplifie les choses quant au « mythe » Pinel, qu'il se laisse d'une certaine manière prendre par le mythe lui même. Swain veut réhabiliter Pinel non en le mythifiant mais en lui accordant un véritable impact historique. Dans La pratique de l'esprit humain, Swain et Gauchet vont être ainsi amenés à relire les textes fondateurs de Pinel, d'Esquirol. Leur thèse positive s'appuie sur le fait qu'il y a un lien entre l'histoire de l'asile et la révolution démocratique. L'asile devient un laboratoire politique, une manière de tester cette révolution scientifique, où l'égalité de droits entre les hommes rencontre la différence radicale des fous par rapport aux autres hommes. On constate bien la différence et l'impossibilité de transformer le fou en homme normal mais on constate aussi sa proximité avec lui : il ne va donc pas s'agir d'exclure les fous mais au contraire de les intégrer dans un milieu favorable. L'asile serait une « machine à socialiser le fou », « un retranchement provisoire à des fins d'inclusion dans la socialité », une tentative de rétablir une communication avec le fou qui en était purement et simplement exclu, au même titre que les aveugles, les sourds et muets ou les idiots... Il faudrait ainsi reconnaître dans tous ces infirmes des hommes qu'il convient de réinsérer dans la société. L'asile n'est pas synonyme d'exclusion comme le pense Foucault mais bien un lieu pour traiter différemment dans le but d'intégrer. L'asile serait un espace où l'on essaierait de renouer des liens sociaux rompus. Gauchet et Swain parlent d'une volonté démocratique et égalitariste de considérer les malades mentaux comme des hommes à part entière. Cette volonté passe par la réhabilitation de l'oeuvre et du travail de Pinel:dans le traitement moral, il faut à la fois ne pas écouter le fou tout en le contrariant le moins possible. Il faut lui proposer une écoute bienveillante tout en évitant d'entrer dans son délire (voir le chapitre « comment parler aux aliénés »).Toute une série d'activités serait en outre proposée au fou ,une vie active, du travail mais également des liens poussés avec le personnel de l'asile. La vraie découverte de Pinel aurait été d'avoir vu en ces fous un autre nous même et décelé chez eux une trace de raison contenant en elle-même le principe de leur guérison. Loin d'exclure le fou, le geste pinelien est en fait une reconnaissance de la part raisonnable présente en chaque homme. La folie n'est pas la perte absolue de la raison, elle n'est qu'une forme de contradiction de la raison qui ne cesse cependant d'exister en l'individu malade. Jean Claude Monod, dans Foucault, la police des conduites, note très justement que selon ces deux auteurs   « l'idée même d'aliénation montre que le fou est désormais considéré comme raison potentielle, raison à restaurer et que « celle de maladie mentale fait de la folie un accident qui arrive du dehors à l'individu sans l'altérer définitivement »157(*). Si pour Foucault, le traitement moral de Pinel mettait les fous sous le regard d'un jugement perpétuel, pour Gauchet et Swain, l'asile est plutôt considéré comme une société utopique où l'on va renouer des liens sociaux et tenter de restituer aux fous la raison qui sommeille en eux.

* 157 Jean Claude Monod, La police des conduites, Michalon, Paris, 1997, p.37.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams