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La problématique de l'intégration de l'approche sexospécifique dans les droits de la personne: Etat des lieux et perspectives

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par Cica Mathilda DADJO
Université de Nantes, Paris II, Paris X - DU Droits fondamentaux 2006
  

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Paragraphe 1 La différence des sexes comme réalité universelle.

Il existe une multitude de différences qui sont sources d'inégalités entre les personnes humaines. L'utilisation de ces différences, comme fondement d'une catégorisation ou comme justificatif d'une inégalité varie suivant la culture et ou la société a l'intérieur de laquelle on se trouve. Ainsi, si la différence de couleur de cheveux peut être pertinente dans les pays du Nord par exemple, cette différence existe moins chez les Noirs africains et presque pas chez les Asiatiques. Par ailleurs, en prenant deux sociétés oi les mêmes différences se retrouvent entre les individus, cette différence peut être source d'inégalités dans la société A et ne pas l'être dans la société B. Or, la différence sexuelle est d'une part une réalité biologique commune a toute l'espèce humaine et a toutes les sociétés, et d'autre part, quelles que soient les sociétés, cette différence est source de catégorisation et d'inégalité dans presque tous les domaines en faveur de l'une ou l'autre des sexes.

Contrairement aux autres différences dont les pertinences et les influences en termes d'inégalités peuvent varier d'un endroit a un autre de la terre, la différence sexuelle est une réalité universelle et constante qui génère universellement des inégalités. Toute société humaine est organisée autour de cette bipolarité qui est la plus irréductible de la nature humaine car a l'intérieur des groupes différenciés suivant la couleur de la peau, la langue ou tout autre différence, on retrouve la distinction entre les individus de sexe masculin et féminin. Les anthropologues précisent a cet effet que la différence des sexes est le principe organisateur des sociétés ((cette difference est inhérente a Ia pensée eIIe-même; c'est une structure qui gère Ies systèmes symboIiques et Ies

categories de Ian gage ))72.

Mais cela ne suffirait pas pour justifier la prééminence de l'égalité des sexes sur l'égalité d'autres groupes sociaux. La définition de droits différenciés selon le sexe relèverait d'un choix de systèmes politico-juridiques et non d'une

72LEVI-STRAUSS, C. cité par Eugénie Czorny in : Anthropologie du genre et droits de l'Homme, rapport de Working Group, Forum international du genre, action humanitaire et développement publié en ligne, http:IIwww.mdminternational.orgICDROM2FRONTPAGEIversionfrancaiseIconceptspapersIanthropofancaisIAnthropo.ddh.zip consulté le 10 février 2006.

prééminence de cette dominance sur la nature humaine car d'autres différences comme la couleur de la peau relèvent tous autant de la nature humaine et ont été de tous les temps utilisées comme critères de discrimination73.

D'une part, l'argumentaire développé plus haut montre déjà une certaine spécificité de la différence des sexes dans l'organisation humaine. Il s'agit donc d'une réalité englobante, valable pour l'ensemble de la population qui structure les relations de chaque individu par rapport a l'autre. La différence des sexes transcende toutes les autres différences observées dans la nature humaine. En clair, la différence des sexes concerne tout le monde, influe sur tout le monde et détermine les modes de vie voire les droits et devoirs des personnes. Sa prééminence sur les autres différences relève donc d'abord du fait qu'il s'agit d'une problématique qui concerne tous les groupes organisés des personnes humaines.

D'autre part, la différence des sexes a été utilisée comme critère de différenciation des droits dans presque tous les systèmes juridiques. En France, la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen avait exclu les femmes comme sujets de ces droits. En 1841, la loi interdisait a ces femmes de prendre part aux réunions publiques et d'assister a des réunions abordant les questions politiques. Les francaises ont dO attendre l'année 1944 pour obtenir le droit de vote. Aux Etats-Unis d'Amérique, même après l'adoption de la clause de protection égale, les femmes n'étaient pas considérées comme égales aux hommes. Dans ce pays oi les inégalités raciales constituent l'une des problématiques les plus importantes, le droit de vote a été accordé aux femmes 50 ans après l'obtention de ce droit par les esclaves en 1870. Partout ailleurs dans le monde, le déséquilibre entre les sexes s'est inscrit peu a peu dans les normes juridiques aussi bien dans le droit des biens, le droit successoral, la législation sur le mariage ou le divorce ou encore sur la nationalité.

73 VAIRIKAS, E.,< le principe de la parité entre les sexes >>. Cahiers du Gedisst, nO 17, < Principes et enjeux de la parité >>, 1996, P. 35.

Enfin, les procédures et mécanismes anti-discriminatoires ne jouent pas de la même manière lorsqu'il s'agit du motif du sexe74. Si par essence, les problématiques d'égalité sont comparables quel que soit le critère de différenciation, sur le fond, la résolution des inégalités fondées sur le sexe nécessite une approche différente. En effet, si l'égalité de race par exemple se traduit par une nécessité d'assimilation, la problématique de l'égalité des sexes exige selon les circonstances tantôt une notion d'assimilation tantôt une notion de différenciation75. Ainsi, si l'égalité de droit de vote nécessite que ne soit pas prise en compte l'identité sexuelle, l'égalité dans l'emploi demande des mesures spécifiques pour aménager des congés de maternité ou des horaires spéciaux aux femmes allaitantes. Ceci explique bien pourquoi malgré l'affirmation formelle de l'égalité entre les hommes et les femmes depuis la déclaration des droits de l'homme, la réalité de l'égalité substantive entre les sexes dans la jouissance des droits demeure non achevée. Ce non achèvement de l'égalité substantive des sexes est d'ailleurs une réalité universellement vécue.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore