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La maladie sacrée, les parthenoi dans le regard de la médecine grecque

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par Virginie TORDEUX
Université Rennes 2 - Master 2006
  

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II. L'UTERUS, RESPONSABLE DE TOUS LES MAUX

Fermé, l'utérus-jarre permet à l'enfant de se développer mais sa fermeture, en dehors de cette période, est néfaste pour la femme et engendre des maladies, maladies pouvant être prévenues par des rapports sexuels. On a ici une symbolique en rapport avec l'âge d'or ayant précédé l'arrivée de Pandora. Avant qu'elle n'arrive, les jarres dans la maison d'Epiméthée sont fermées, on est dans l'âge d'or. Avec son arrivée, les jarres ouvertes déversent sur le monde tous les malheurs y compris les maladies. Une fois tous les maux sortis, à l'intérieur, ne reste que l'espoir mais un espoir neutre. On le retrouve dans l'utérus ; on ne sait pas s'il contient un enfant ou une masse de chair informe. Zeitlin suggère que, en ouvrant la jarre elle-même, Pandora a accomplit un acte équivalent au vol de sa virginité421(*).

Chez les Hippocratiques, l'anatomie de la femme est plus complexe que chez Aristote qui considère que la femme est un homme mutilé422(*).

Quand une femme tombe malade, les Hippocratiques n'y voient pas d'autres causes que la rétention du sang menstruel. L'origine de tous les maux des femmes est dans l'utérus423(*).

« si les menstrues ne cheminent pas les menstrues deviennent maladives424(*)

La plus commune des pathologie causée par le sang menstruel est la souffrance normale présente juste avant les règles. Aristote décrit les règles comme une maladie douloureuse en soi alors que les Hippocratiques disent qu'elles sont le messager de la froideur, de la fatigue, des migraines et d'une gorge douloureuse (doit-on y voir un rapport avec la pendaison ou avec le fait que l'utérus peut remonter vers la gorge et étouffer la femme ?). Une brume peut apparaître devant les yeux si la circulation du flux est pesante. Cette souffrance est attribuée à l'accumulation du sang à l'intérieur de la femme qui fait des efforts pour sortir de l'utérus. Nature des enfants dit que chez une femme qui n'est pas enceinte, le sang est représenté traversant l'utérus d'un seul coup chaque mois alors que chez une femme qui a déjà été enceinte il coule petit à petit. Le sang provient de la femme dans son entier, pas d'une petite part d'elle-même425(*). Quand le sang se déverse de la matrice, il est envoyé du ventre vers le vagin. Les Hippocratiques croyaient qu'une grossesse avec un stoma fermé était une maladie, particulièrement fréquente chez les vierges et les femmes ayant cessées tous rapports sexuels426(*). Dans le cas d'un stoma fermé, le sang ne reste pas dans l'utérus et remonte vers d'autres lieux du corps. Quand on se rappelle que, pour les Hippocratiques, le corps d'une femme est un réseau de canaux menant à la matrice, on peut comprendre comment ils concevaient que le sang menstruel se déversait dans le corps si le sang venait à sortir de la matrice.

L'hystérie est, à l'origine, une affaire de femmes ou plutôt de sages-femmes. Elle appartient à ce domaine réservé que les matrones se sont taillées à l'écart des hommes et dans lequel elles ont accumulées tout un savoir sur l'art d'enfanter, sur le sexe de la femme et les maladies qui le frappent. Parmi elles, il en est une qui est impressionnante et qui se traduit par des suffocations427(*), l'hystérie.

Le terme Hystérie n'apparaît pas, à proprement parler dans les textes hippocratiques. C'est Emile Littré qui ajoute ce terme dans les intertitres de sa traduction428(*). Selon Helen King, le mot Hystérie n'est pas seulement inapplicable aux maladies décrites par Hippocrate mais son utilisation gène notre compréhension de la gynécologie hippocratique.

L'utilisation du mot hystérie a divisé les auteurs, certains considérant que l'hystérie était un terme déjà employé à l'époque d'Hippocrate429(*), d'autre comme Trillat ont reconnu que les différents traités hippocratiques appliquant le terme hystérie à beaucoup de maladies n'existaient pas. De plus, suggérer que la gynécologie hippocratique nommait presque toutes choses « hysteria » était une simplification grossière. Une révision totale de notre compréhension de la tradition est donc en cours.

Le problème qui se pose est de savoir ce que le terme Hysterika signifie réellement. Dans ces commentaires sur les Aphorismes, Galien expliquait déjà la difficulté qu'il rencontrait pour traduire ce mot430(*). Il regroupe, selon lui, toutes les maladies liées à la matrice et pas seulement la suffocation utérine.

Dans le texte Maladie Sacrée, les menstrues d'une femme en pleine santé s'écoule comme :

« celui d'une victime sacrifiée, il coagule rapidement si la femme n'est pas malade.431(*) »

Quelle est la solution aux problèmes féminins ? Etre enceinte, porter un enfant.

En donnant naissance, on facilite le passage mais on n'a pas la garantie que l'écoulement menstruel se fera sans problème432(*). Les Hippocratiques croyaient que le fait, pour une femme, d'avoir des rapports sexuels fréquents permettaient d'éviter ces désagréments. L'idée selon laquelle les rapports permettaient d'assurer des règles normales montre le besoin des hommes grecs de jouer un rôle dans les causes des règles, comme ils le voient déjà dans la défloration et la grossesse433(*).

Pour saigner comme une victime sacrifiée, il faut perdre du sang chaud, rouge et coagulant rapidement. Le sang d'une femme en pleine santé reproductive a une signification, elle affirme qu'elle peut remplir le corps citoyen aussi bien que le sien. Pour les Hippocratiques, le sang d'une femme en pleine santé doit se comporter comme celui d'un animal sacrifié.

CHAPITRE II

LE PIVOTEMENT DU SACRE

Nous terminons notre étude par l'arrivée de l'enfant à l'âge où l'on peut l'appeler parthenos, où elle est prête pour exercer sa fonction dans la cité, celle de femme de citoyen, gérante au côté de son époux de l'oikos434(*), mais aussi son rôle de mère. Avant cela, elle devra passer les dangers propres à son âge, en rapport avec son statut de parthenos, auxquels tous à l'heure, après le mariage, elle ne sera plus soumise par la grâce de son mari435(*). Et pour que ce passage se déroule le mieux possible, quoi de plus simple qu'un mariage précoce pour éviter la « maladie sacrée » ?

L'âge de tous les dangers mais un remède, le mariage. Et qu'importe si les règles n'apparaissent pas. Même si physiologiquement l'enfant n'est pas prête, ce retard lui permettra d'éviter les risques liés à l'état de parthenos.

* 421 Helen King, Hippocrate's Woman : reading the Female Body in Ancient Greece, London, Routledge, 1998,p 26.

* 422 Ibid., p33.

* 423 Ibid.

* 424 Hippocrate, Génération, 4.

* 425 Lesley Ann Dean-Jones, op. cit., p 26.

* 426 Ibid., p 69.

* 427 Etienne Trillat, op. cit., p 13.

* 428 Helen King, op. cit., p 208.

* 429 Ibid, p 206, il s'agit de Woodruff qui s'appuie sur les théories de Veith, à qui Aline Rousselle reproche de lire les auteurs antiques avec nos conceptions contemporaines.

* 430 Ibid, p 207.

* 431 Hippocrate, Maladie Sacrée, Livre VI.

* 432 Helen King, op. cit., p207.

* 433 Ibid., p 127.

* 434 Xenophon, Economique.

* 435 Maladie des jeunes filles

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard