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La maladie sacrée, les parthenoi dans le regard de la médecine grecque

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par Virginie TORDEUX
Université Rennes 2 - Master 2006
  

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I. LE SANG : DANGER ET REMEDE

1.1 Par les hommes

Danger de par la vision que les grecs avaient des parthenoi. En effet, elles sont celles qui n'ont pas encore saigné. Elles sont donc vierges et propices au sacrifice qui les fera saigner.

La sang est important pour la définition grecque de l'humanité de différentes manières. En effet, la présence de sang dans le corps permet de séparer l'humain du divin ; les dieux, parce qu'ils ne mangent pas les produits du cycle agraire, sont sans sang et immortels, les hommes, eux, ont du sang et sont mortels. A l'intérieur de la catégorie des mortels, la production et la perte de sang en excès permet de différencier l'homme de la femme. A travers le développement d'une anatomie différenciée les textes hippocratiques présentent la femme comme différente de l'homme. La chair féminine, différente par sa texture, absorbe un plus grand volume de fluide en excès à intervalle régulier. Enfin, le sang permet de distinguer cette fille immature, la parthenos qui ne saigne pas encore.

Il y a une analogie entre sang menstruel et sacrificiel car on peut trouver des sources concernant la société et l'engendrement hors des sources médicales Ce n'est pas un hasard si le boeuf, le premier animal sacrifié par Prométhée à Mékone436(*), est lié à la création de la première femme. Le sacrifice permet de rétablir le contact avec les dieux et d'établir l'humanité comme différente de la bestialité. On retrouve cette idée de rétablissement du contact entre hommes et dieux dans l'Iliade, lorsqu' Agamemnon est dans l'obligation de sacrifier sa fille afin de retrouver la clémence des dieux. Le sacrifice permet d'autres affirmations idéologiques, comme la séparation des sphères d'action masculine et féminine. Ainsi, l'acte du sacrifice ne peut être effectué que par un homme et les femmes participent seulement aux cercles qui distribuent la viande. On peut dire que cela fait partie d'un système plus large de classification de l'homme et de la femme, dans lequel les femmes sont exclues des actes culturellement signifiants qui impliquent de verser le sang d'un autre et cela peut être étendue jusqu'à la vision du fonctionnement de l'anatomie et de la physiologie féminine. Les hommes répandent le sang d'autres hommes, les femmes saignent naturellement de leur propre corps.

Les images gynécologiques de la femme qui font référence à celle de la victime sacrificielle peuvent également être vues comme une reprise d'un aspect des descriptions hésiodiques de la première femme, Pandora. Hésiode décrit la préparation de Pandora comme celle d'une parthenos prête pour le mariage. Dans le mythe et la tragédie, c'est le plus souvent une parthenos à l'âge du mariage, qui sera sacrifiée, et la description de Pandora rappelle celle de l'animal sacrifié. Beaucoup d'éléments dans le mariage grec rappelle la notion de sacrifice (coupe des cheveux, lavage, signe de consentement). Dans l'Iliade437(*) et L'Odyssée438(*), la génisse choisie pour le sacrifice est sauvage, comme les jeunes filles avant qu'elles plient sous le joug d'un époux. Ceci est traduit par les noms qui leurs sont donnés (la cavale, l'ours). Elle apparaît avec des cornes couvertes d'or tout comme Pandora avec des colliers et des couronnes d'or données par Peithô et Héphaïstos. La fiancée est préparée pour être une victime sacrifiée, pour perdre son sang. Le sang et le sacrifice séparent les humains des dieux et les hommes des femmes. Non seulement la première apparaît dans le monde comme le résultat direct des circonstances du premier sacrifice, mais elle est, elle-même, objet de sacrifice.

Derrière cette analogie médicale, on peut voir davantage qu'une dette de la connaissance médicale à la procédure sacrificielle. C'est seulement le sang menstruel qui est analogue au sang d'une bête sacrifiée. Elle saigne, et son sang rappelle la qualité de sa chair et, en cela, sa différence par rapport à l'homme, dans sa création et sa structure car

« si les règles ne coulent pas, la femme devient malade439(*) »

* 436 Hésiode, Théogonie, 535.

* 437 Homère, Iliade, 10, 293.

* 438 Homère, Odyssée, 3, 382-84 et 430-63.

* 439 Hippocrate Génération, 4, Tome VII, 476.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille