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L'utilité des peines de prison pour les criminels

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par Paul-Roger GONTARD
Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse - Maitrise de droit privé, option Carrières Judiciaires 2007
  

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Section 2 : Des conditions d'incarcérations souvent peu propices à l'amélioration des Hommes61(*)

Nous venons de voir que la prison n'était pas forcément la meilleure solution pour tous les criminels. Pourtant ils finissent, dans leur grande majorité, par y échouer une fois le procès passé. Elle ne l'est pas, par principe, au vu de l'étude anthropologique ou psychologique des criminels, mais elle le devient encore moins dans l'observation du quotidien du monde carcéral. Les conditions matérielles (§1) ou humaines (§2) sont souvent dégradantes, humiliantes et très éloignées des Droits Fondamentaux de l'Homme. Ce sont les deux dimensions qui entraînent des nuisances de la prison elle-même sur les rôles qu'elle devrait jouer. En octobre 2006, l'institut de sondage BVA avait organisé une consultation des participants au monde carcéral en préparation des Etats Généraux de la Condition Pénitentiaire62(*). Cette étude nous guidera grandement tout au long des positions qui seront prises dans cette partie. Outre donner la parole à tous les acteurs de ce monde par nature souvent fermé, cette étude a collecté de nombreuses réponses de détenus fondant ainsi d'autant plus sa crédibilité. Mais parler de condition de vie ne peut se faire sincèrement qu'en donnant la parole aux criminels qui ont vécu en prison, ou qui y vivent encore. C'est pour cela que ce développement sera parsemé de quelques paroles de détenus.

§ 1 Des conditions matérielles dégradantes

La première préoccupation qui ressort de l'enquête BVE est la très grande insatisfaction des détenus quant à leurs conditions générales de détention. Près de 82% se disent insatisfaits de ces conditions de détention. Une insatisfaction partagée par les professionnels du monde judiciaire au premier rang desquels sont les avocats. Dans ce mécontentement, nous pouvons distinguer les conditions de vie dans la cellule (A), et les conditions de vie dans l'établissement (B).

A/ Vivre en cellule

Tout d'abord, vivre en cellule c'est avant tout réaliser que le taux d'occupation des prisons est de 117% en France. Que six établissements ou quartiers ont une densité de population comprise entre 150 et 200%. Mais vivre dans les prisons du programme 4000, qui sont les dernières ouvertes en France, n'a rien à voir avec la vie dans les établissements hérités du XIXème siècle. Pour s'en convaincre il suffit de voir le fossé qui sépare l'ancienne prison Sainte Anne d'Avignon et la nouvelle Prison d'Avignon-le Pontet. Outre la surpopulation carcérale chronique de la première, les détenus avaient affaire quotidiennement aux autres occupants permanents des cellules : les rats et les cafards. Un autre exemple parlant, Véronique Vasseur avait fait à la Santé une collection de « vermine de matelas» pour faire prendre conscience au directeur de l'établissement l'importance de l'insalubrité de ses cellules63(*). Les sanitaires et les douches étaient communs et ne laissaient que peu de place à l'intimité. La nouvelle prison a des cellules individuelles ou doubles. Les sanitaires et les douches sont intégrés à la cellule, et isolés du reste de la pièce par un rideau en plastique. Les nouvelles cellules ressemblent plus à des chambres d'étudiants à bas prix plutôt qu'à des pièces de taudis sans nom. Il existe en France tous les niveaux d'insalubrité entre la première forme de prison et la seconde ; et même au-delà pour les nouveaux concepts de prison sans mur ! Vivre en cellule c'est aussi être très souvent contraint de subir les aléas du thermomètre extérieur. Les détenus peuvent aller jusqu'à souffrir d'engelures dans certains établissements du Nord de la France ou de la Région Parisienne, ou de coups de chaleur dans le Sud en plein été. Vivre en cellule c'est, le plus souvent, ne pas choisir sa compagnie. Comme le raconte Paul DENIS dans son autobiographie de ses années de détention : 1019 JOURS DE DÉTENTION64(*) : « être sans cesse avec quelqu'un vous oblige à l'écouter, et certains racontent toujours la même chose, dix fois par jour... à longueur de semaine... et comme il ne faut pas vexer, on s'oblige à écouter, à répondre toujours la même chose, à ne pas prendre partie... ».

La vie en cellule est pesante. Et parfois, dans les établissements les plus anciens ou vétustes, elle peut être humainement dégradante. La pesanteur de la détention vient souvent des gens avec qui elle est partagée, mais l'inhumanité de l'incarcération revient, pour sa part, à l'insalubrité des conditions de détention.

* 61 Sur les conditions de vie carcérale le livre de Véronique Vasseur est devenu une référence ; Véronique VASSEUR ; MEDECIN CHEF DE LA SANTE ; ed Livre de Poche ; 2006

* 62 Institut de sondage BVA ; CONSULTATION EN VUE DES ETATS GÉNÉRAUX DE LA CONDITION PÉNITENTIAIRE ; Paris ; octobre 2006

* 63 Véronique VASSEUR ; MEDECIN CHEF DE LA SANTE ; ed Livre de Poche ; 2006 ; p°49

* 64 Non encore publié, disponible sur http://1019joursdedetention.blogs.nouvelobs.com/

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault