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L'utilité des peines de prison pour les criminels

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par Paul-Roger GONTARD
Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse - Maitrise de droit privé, option Carrières Judiciaires 2007
  

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Section 2 : Apprendre en prison la valeur du travail pour mieux vivre demain

La grande réforme de 1945 va très clairement attribuer au travail des fonctions de resocialisation et de reclassement social préfigurant ainsi la loi de 1987, qui abolira l'obligation de travail pour les condamnés et insistera sur l'obligation de fournir du travail aux détenus qui le souhaitent. Tout au long du siècle, la part des revenus du travail destinée à réduire le coût de l'emprisonnement va diminuer jusqu'à être abandonnée en 2002. De ces quelques lignes historiques dépend la situation actuelle du rapport entre la prison et le travail. D'un côté les valeurs de ce travail pénitentiaire est reconnu par tous pour aider à la réinsertion (§1), mais d'un autre, le travail pénitentiaire est clairement insuffisamment aidé et la reconnaissance du statut de travailleur pour les détenus est encore très lacunaire (§2).

§ 1 La valeur du travail pénitentiaire, un plus pour le prisonnier

« Le travail participe sans ambiguïté à la mission de réinsertion confiée à l'Administration pénitentiaire »

Rapport d'activité de l'Administration Pénitentiaire de 1996, p°17680(*)

Voilà une affirmation claire de l'importance que doit prendre le travail dans les missions de la prison. La place du travail dans la mission de réinsertion par la prison sera double : « La première, [...], cible essentiellement une augmentation de l'employabilité des détenus dans l'espoir qu'un emploi régulier puisse diminuer le risque de récidive. C'est en ce sens que les nouvelles Règles pénitentiaires du Conseil de l'Europe statuent que [le] "travail doit permettre, dans la mesure du possible, d'entretenir ou d'augmenter la capacité du détenu à gagner sa vie après sa sortie de prison" (Règle 26, al. 3). La deuxième [...] attribue à la réinsertion par le travail une fonction plus large d'intégration sociale car, selon elle, le travail est le garant de la cohésion sociale des sociétés modernes, voire son "Grand Intégrateur" (Barel, 1990). »81(*). En utilisant cette distinction voyons dans un premier temps le facteur resocialisant du travail (A), puis, dans un second temps l'avenir professionnel du détenu qui doit se construire dès la prison (B).

A/ Un travail resocialisant82(*)

Le travail a une valeur resocialisante dans la prison elle-même. En donnant une activité au détenu, l'oisiveté et sa contingence de vices et de frustrations qui en découlent, ont de bonnes chances de disparaître. Un détenu occupé ne se perd pas dans des divagations qui lui font le plus souvent « broyer du noir ». Il ne se projette pas dans des moyens de se « refaire » une fois sorti, ou des fantasmes de vengeance future contre une société qui lui a fait perdre plusieurs années de sa vie. De plus, un détenu qui travaille est un détenu qui se fatigue. Les surveillants, dans de nombreuses enquêtes, soulignent que les détenus ayant une activité professionnelle dans la prison sont moins agités que leurs codétenus oisifs. Indirectement, le travail participe à la sécurisation de la prison. Pour preuve, l'étude entreprise par le laboratoire CNRS de sociologie Genre, Travail et Mobilité remarque la pacification de certains conflits traditionnels qui habitent les quartiers des longues peines, notamment entre les barreaux de l'échelle sociale des criminels. « En haut de l'échelle, les détenus politiques, les "braqueurs", les voleurs et les escrocs, en bas dans l'ordre, les "stups", les "proxénètes" et les "pointeurs" (détenus incarcérés pour crimes et délits sexuels). Dans cette organisation sociale, le travail a une dimension pacificatrice au sens large. Il a un rôle de pacification sociale entre détenus et surveillants d'une part et entre détenus d'autre part, c'est-à-dire que l'antagonisme entre détenus et surveillants comme la hiérarchie entre détenus paraissent moins forts dans l'espace de l'atelier. »83(*)

D'autre part, puisqu'en prison tout ou presque du quotidien doit être acheté, doit être « cantiné » (achat des denrées à l'administration pénitentiaire), le fait d'avoir une activité rémunérée permet non seulement d'améliorer le quotidien, mais parfois aussi de se procurer ce qui devient vite l'essentiel (papier toilette ; ventilateur en été, etc...). De plus, percevoir un salaire est parfois un moyen de préserver, voire de garder, certains liens sociaux avec l'extérieur. Le plus souvent, les détenus ne viennent pas de milieux sociaux très favorisés, de ce fait, leur permettre de s'autosuffire financièrement, et dans de rares exceptions de transmettre de l'argent à l'extérieur, permet de ne pas endosser le costume d'une charge économique pour la famille en même temps que celui de détenu.

Les détenus employés sont donc potentiellement plus « heureux » que les autres. L'espoir que peut porter cette satisfaction est de réussir à la transmettre comme une valeur qui persévèrera à l'extérieur. Le détenu qui aura eu une expérience valorisante, d'un point de vue personnel, aura une prédisposition psychologique à rechercher cette valorisation une fois libéré.

* 80 Cité in Marc BAADER et Evelyne SHEA, « Le travail pénitentiaire, un outil efficace de lutte contre la récidive ? », Champ pénal / Penal Field, [En ligne], mis en ligne le 31 mai 2007. URL : http://champpenal.revues.org/document684.html.

* 81 Idem 

* 82 pour approfondir la question de la vocation resocialisant du travail voir l'ouvrage : LE TRAVAIL PÉNITENTIAIRE. UNE ÉTUDE DE SOCIOLOGIE DU TRAVAIL. Par Fabrice GUILBAUD sous la direction de Danièl LINHART, Laboratoire CNRS Genre, Travail et Mobilité, Avril 2006

* 83 Idem

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